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Une éthique pour la presse

Le projet de code de la presse, en principe soumis à débat au Parlement, serait-il renvoyé aux calendes grecques ? La question non seulement mérite d'être posée, mais elle doit l'être avec vigueur. D'autant plus que le projet concerne une profession où de

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Cela dit, le fait que le projet d'un code, réorganisant l'exercice de la presse, procède d'une volonté qui ne serait pas celle des journalistes eux-mêmes, le voue à l'échec patent. L'étrange enlisement dans lequel il est aujourd'hui, le maquis juridique des commissions parlementaires dans lequel il est aussi jeté, nous en disent long sur la possible et toujours inquiétante issue. C'est-à-dire qu'au mieux il sera l'œuvre de politiques politiciens en mal de mainmise sur un secteur qui explose en tous sens, faute de cadre idoine et de règles. Au pire, il fera l'objet d'un nouvel habit - et ce n'est pas moins inquiétant - taillé à la mesure de quelques Anastasie nouveaux ! Car, qu'on le veuille ou non, c'est le désordre réglementaire qui sert de terreau aux glissades et aux dérapages. Tant et si bien que d'aucuns n'hésitent pas, prenant le contrepieds de Lacordaire, à renverser la parabole de celui-ci lorsqu'il avançait que c'est la liberté qui opprime et la loi qui protège.
Il reste que la solution institutionnelle pour réformer le code en vigueur depuis 1958 a l'air d'être catapultée et non élaborée en commun avec les professionnels. A présent, et les derniers mois comme aussi les multiples et récents événements ayant secoué le Landernau de la presse en témoignent, ceux qui font œuvre d'informer sont interpellés : ne doivent-ils pas en l'occurrence prendre leur sort en main, s'organiser, se réunir, procéder à l'examen critique de leur activité, rendre compte en quelque sorte et revoir en définitive leur image que la société leur renvoie. Il n'est pas de journalisme honnête qui ne puisse rendre compte à ses lecteurs ou à la société.
Il n'est pas de journaliste, non plus, qui ne fasse à un moment donné son mea culpa et ne procédât à un examen de conscience. On en est-là ! Le code de la presse ne saurait être l'affaire des autres, même si sa mise en œuvre nécessite le passage obligé du parlement et, donc, de cette voie tortueuse que constituent les procédures alambiquées, les “ navettes” et les blocages.
Or, il y a mieux : la corporation des journalistes marocains, qui compte de plus en plus de jeunes femmes, doit dégager sa propre morale et codifier sa propre éthique. On se prend à rêver que des états généraux de la presse sont organisés, animés d'un débat contradictoire, marqués par le souci de moraliser une profession secouée, débouchant sur des recommandations où transpirent l'éthique, la déontologie, cohabitent les valeurs de liberté et de responsabilité, émerge enfin le professionnalisme. C'est au prix de cette prise en charge eux-mêmes que les journalistes pourront mettre une pierre blanche à l'édifice d'une moralisation plus que nécessaire.
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