Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next L'humain au centre de l'action future

Cherche lecteurs désespérément

Une fête mondiale du livre est une idée catalane qui a été retenue par l'UNESCO en 1995. Cette idée lancée par l'Union internationale des éditeurs a ensuite été enrichie par la notion du droit d'auteur, sur proposition de la fédération de Russie, pour don

No Image
Une occasion de faire le point sur l'évolution du domaine de l'écriture et de la lecture dans chaque pays, tout en initiant différentes initiatives à même de permettre la promotion du livre en tant que facteur de développement et circulation du patrimoine culturel mondial.
Pour l'année 2002, les Nations Unies ont choisi comme thème : Le dialogue des cultures. Une façon de mettre en exergue l'importance accordée, au niveau international, à la promotion des identités culturelles dans le monde.De son côté, et dans le cadre de la célébration de cette année, l'UNESCO a identifié deux axes de travail, desquels a découlé le programme 2002 des événements, actions et manifestations. Il s'agit de : « patrimoine et dialogue » et « patrimoine et développement ». Deux volets que « le livre et le droit d'auteur illustrent de façon exemplaire. Support de mémoire et vecteur de créativité, le livre est en effet à la fois réceptacle de parole et support d'échange d'idées, pièce unique et objet reproductible, résurgence de sens et source de revenu, œuvre originale et reflet du climat social. Il constitue un patrimoine qui, à partir de racines particulières liées à une tradition culturelle déterminée, grandit toujours et seulement dans l'interaction avec d'autres traditions, dans la relation et dans le dialogue avec l'Autre ». D'où l'intérêt particulier de la Journée mondiale du livre, cette année.
La promotion du livre doit être précédée par un accès démocratisé à l'éducation. Ceci, même si le milieu social devient influent quand il s'agit de la culture de la lecture.
Or, un rapport réalisé, récemment, par l'Institut de statistique de l'UNESCO, sur l'éducation en Afrique subsaharienne a souligné que sur dix enfants d'Afrique subsaharienne en âge d'aller à l'école primaire, quatre n'y vont pas, et parmi ceux qui y vont, une toute petite proportion parvient à acquérir un niveau de compétences de base.

Situation du livre au Maroc

Au Maroc, la situation est certes moins alarmante que dans bien d'autres pays du continent noir, elle n'en demeure pas moins inquiétante, si l'on prend en considération le taux d'analphabétisme ainsi que les résultats de la dernière enquête réalisée par Abdelali Yazami (et rendue publique en 1998), avec le soutien de l'Association marocaine des professionnels du livre et le bureau du livre de l'ambassade de France, sur la lecture au Maroc. Celles-ci même annonçant que 60% des sondés classent la lecture comme principale activité de loisirs, démontre que seuls les professionnels, liés d'une manière ou d'une autre au monde de la lecture, restent ses plus fervents adeptes.
Née au milieu des années 80, l'industrie du livre au Maroc est encore à la recherche de son public. L'édition est là, la création aussi pourtant, les lecteurs boudent toujours. Alors pour répondre à bien des questions du genre : qui lit quoi ? ou encore qu'est ce qui empêche nos jeunes et moins jeunes de lire ? Abdelali Yazami a conçu son enquête basée sur un sondage effectué auprès de plus de 1400 personnes, âgées de 15 à 55 ans et appartenant à différentes régions du Maroc. Ceci dit, les résultats restaient assez relatifs, vu les catégories socioprofessionnelles des sondés. En effet, les étudiants représentaient près de 36%, les professeurs 26%, les fonctionnaires viennent après avec 11% et enfin les employés avec 7%.
Ainsi, on apprenait que 47,84% pratiquent la lecture par nécessité (livre imposés par le scolaire, journaux…). Pour 51% des sondés les romans viennent toutefois en tête, suivi des journaux, 45%, des magazines, 36%, et des revues spécialisées, 33%.Toutefois, plus de 80% de l'échantillon déclarent n'avoir jamais visité le Salon international du livre de Casablanca. Une relation assez ambiguë avec le livre ressort ainsi chez ces lecteurs, dont la recherche du livre, où qu'il soit, notamment dans les salons du livre, devrait être une préoccupation primordiale. À ce sujet, rappelons une initiative louable de l'Institut français de Tanger, pendant le Salon International du Livre de Tanger. Il était en effet question de mettre à la disposition des jeunes étudiants de la ville, des navettes gratuites pour leur faciliter l'accès au site du Salon. L'ouverture des conférences et tables rondes au public visait aussi à casser ces barrières entre lecteurs et écrivains et entre le public et le monde « intellectualisé » à outrance de l'écriture.
La tradition de la lecture
Dans l'enquête de Yazami, le lieu privilégié pour la lecture pour quatre sondés sur cinq est de loin le foyer. En effet, nos lecteurs marocains souffrent d'un manque flagrant de bibliothèques « adéquates », censées jouer un rôle dans le rayonnement culturel. À ce sujet, 55,5% des sondés déclarent ne fréquenter aucune bibliothèque. Pour le reste, 18,38% fréquentent les bibliothèques des Institut français, 11,45% visitent les bibliothèques municipales alors que seuls 4,49% franchissent le seuil des bibliothèques des communes.
Concernant la tradition même de la lecture, qui devrait être transmise de père en fils, nous sommes encore loin de l'atteindre. Il suffit de noter que 56% des sondés n'ont que rarement reçu un livre en cadeau. Tandis que 48% l'ont rarement offert.
L'enquête de Abdelali Yazami ne concerne qu'une tranche très limitée de la société marocaine, mais on arrive, néanmoins, à y lire entre les lignes un certain malaise qui touche le domaine du livre au Maroc. L'édition pour enfant est encore un domaine qui souffre du manque d'initiatives.
D'un autre côté, près de la moitié de la population marocaine ne sait ni lire ni écrire. Une promotion de la lecture dans ce cadre devient peine perdue.
Au milieu du siècle dernier, on disait chez les Orientaux «Les Egyptiens écrivent, les Libanais éditent et les Marocains lisent». Aujourd'hui, la donne n'est plus la même. Avis aux professionnels du livre, aux différents ministères et à toute bonne volonté pour changer la situation.
Lisez nos e-Papers