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Déception à Islamabad après la venue de Tony Blair

Les premières réactions de la presse et des analystes pakistanais exprimaient une certaine déception hier au lendemain de la visite de quelques heures de Tony Blair à Islamabad, courte étape du Premier ministre britannique entre New Delhi et l'Afghanis

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Déprimée par le résultat final de cette visite, la Bourse de Karachi a aussitôt plongé de 29 points pour clôturer mardi à 1.369 points.
«Les investisseurs ont compris que les occidentaux penchaient plutôt pour l'Inde que pour le Pakistan», a expliqué un analyste de AKD Securities, Arshad Arif.
«Le voyage de Blair était une farce», titre durement le quotidien « The Statesman» à la une en évoquant «la triste note d'échec» qui a terminé, selon lui, ce «voyage sentimental dans le sous-continent» asiatique.
«Sa diplomatie de pression et de persuasion n'a apparemment pas réussi à détendre les relations entre les deux puissances nucléaires rivales», poursuit le journal. «Ni lui (M. Blair) ni son hôte, le Président Pervez Musharraf, après plus de trois heures de discussions intenses, ne pouvaient dire que le Pakistan et l'Inde ont reculé de la moitié d'un pas de la perspective toute proche d'une guerre».
«En fait, résume le quotidien, les Indiens avaient programmé cet échec en ne lui offrant, pour ses entretiens avec le Pakistan, qu'une liste de 20 prétendus terroristes à livrer».
«The Nation», qui comme la plupart des autres quotidiens pakistanais, a bouclé avant de connaître l'issue des entretiens anglo-pakistanais, lance, par avance, une mise en garde dans son éditorial: «Si la mission (de Tony Blair) est infructueuse, les conséquences seront désastreuses».
Pour sa part, Khalid Mehmood, analyste de l'«lnstitute of Regional Studies», estime que la visite du Premier ministre britannique a eu peu d'effet.
Pas de guerre
«Rien de spectaculaire n'est arrivé. M. Tony Blair n'a pas été capable de persuader l'Inde d'ouvrir le dialogue avec le Pakistan».
Cependant, selon cet analyste, bien que M. Blair ait échoué à mener les deux parties à la table des négociations, il a cependant réussi partiellement à apaiser les tensions.
«Il y a un +statu quo+ en ce moment et je crois personnellement que l'Inde et le Pakistan n'entreront pas en guerre. Et avec le temps, l'Inde trouvera le moyen de sortir de l'actuelle confrontation et acceptera l'offre de dialogue».
Pour l'analyste militaire A.R. Siddiqui, le voyage de M. Blair a marqué le début d'une médiation d'une troisième partie entre les deux voisins ennemis.
«Bien que ça n'ait pas été formalisé, une troisième partie a déjà pris son rôle (dans le conflit) malgré la poursuite de la résistance de l'Inde. En ce sens, le Pakistan a déjà gagné.» L'ancien diplomate Kamal Matinuddin, président de l'Institute of Strategic Studies, estime que M. Blair a réussi à «adoucir quelque peu l'atmosphère glaciale entre les deux» pays. «Les niveaux actuels de tension militaire devraient tomber entre les deux puissances nucléaires de l'Asie du Sud et il y a un rayon d'espoir que l'Inde accepte de commencer bientôt le dialogue», prévoit-il.
Pression sur Musharraf
D'autre part, le Président américain George W. Bush a estimé que la crise entre l'Inde et le Pakistan n'était pas désamorcée mais a exprimé sa confiance dans une solution, à la suite de la rencontre entre les dirigeants des deux pays.
«Je ne pense pas que la situation soit encore désamorcée. Mais je crois vraiment qu'il y a un moyen d'y parvenir, et nous travaillons beaucoup pour convaincre les Indiens et les Pakistanais qu'il y a un moyen de régler leurs problèmes sans avoir recours à la guerre», a-t-il déclaré.
«Il est très important que le Président Musharraf dise clairement au monde qu'il a l'intention de réprimer le terrorisme. Et je crois que s'il le fait et qu'il continue à agir comme il agit en ce moment, cela apaisera la situation qui est toujours grave», a-t-il dit.
Le Président pakistanais a créé la surprise samedi en allant serrer «la main de l'amitié» au Premier ministre indien Atal Behari Vajpayee à la fin d'un discours lors du 11ème sommet de l'Asie du Sud à Katmandou. Il a appelé à un dialogue «à tout niveau et à tout moment».
Washington est très inquiet que la crise entre les deux pays puisse entraver sa campagne contre le terrorisme, centrée sur l'Afghanistan.
Le Pakistan est crucial pour les opérations américaines en Afghanistan.
Ce pays a fourni des renseignements, un support logistique et a aidé à mettre la main sur des membres du réseau Al-Qaïda d'Oussama Ben Laden, suspect numéro un dans les attentats du 11 septembre.
«Nous travaillons beaucoup pour convaincre à la fois les Indiens et les Pakistanais qu'il y a un moyen de régler leurs problèmes sans avoir recours à la guerre», a affirmé M. Bush.
Washington doit décider cette semaine de l'éventuelle désignation d'un émissaire spécial pour l'Asie du Sud, espérant ainsi calmer les tensions entre les deux pays qui pourraient constituer un sérieux obstacle à la lutte contre le terrorisme dans la région.
La crise entre les deux voisins a été provoquée par une attaque contre le Parlement indien le 13 décembre.
L'Inde a accusé des groupes islamistes venus du Pakistan d'être responsables de cette attaque, affirmant qu'ils avaient agi avec le soutien des services secrets pakistanais.
Le porte-parole du département d'Etat Richard Boucher a déclaré lundi pour sa part que les Etats-Unis «s'attendaient à ce que le Président Musharraf continue à s'exprimer contre l'extrémisme et le terrorisme et à essayer de mettre le Pakistan sur le chemin de la modération».
«Nous pensons qu'il est vital pour les deux parties au Cachemire de faire preuve de retenue et de réduire la violence, et nous encourageons les dirigeants indiens et pakistanais à continuer d'éviter tout conflit», a-t-il dit.
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