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Le Daour des Regraga

Chaque année, vers la fin mars, la confrérie des Regraga entame son «daour» annuel. Ce pèlerinage, qui se déroule sur le territoire des Chiadma dans la province d'Essaouira, dure 44 jours. J'ai moi-même participé, chaque printemps, depuis 1994 jusqu'à

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Le manque de précisions volontaires au références bibliographiques, dans ce qui suit, inciteraient, selon moi, à plus d'investigations. Toutes ces références sont connues des universitaires marocains, sauf peut-être, l'Ifriquia (manuscrits hagiographiques), Les Regraga, Abdelkader Mana Edif, Casa); «Assaif Almasloul…» (Mohamed Saïdi, Ed. Chaâbi, Essaouira «Le printemps des Regraga», Abdelkader Nami Ed. Sefrioui, Essaouira.
Des références bibliographique
Au Maroc, l'histoire des Regraga est étroitement liée à l'islamisation de notre pays. De traces de leur présence jonchent, en effet, l'aire historique de toutes les dynasties qui ont régné sur «Al-Maghrib Alaqsa».
Des hagiographies (voir l'Ifriquia), évoquent leur visite au Prophète, avec des précisions sur leur nombre (sept), des anecdotes sur leur périple (voir maladie de Yebqa et ce qui s'ensuit dans l'Ifriquia). Sur l'origine de leur nom, relire la scène de Lalla Fatima Zohra (toujours dans l'Ifriquia). Des écrits évoquent leur rencontre avec le Prophète lui-même, avant la mort de ce dernier vers 632. Les Regraga descendants de «Haouariyines» seraient partis, prêter allégeance au Prophète à Sidna Mohammed, avant la conquête de «l'Ifriquia» (Afrique du Nord) par Okba Ibn Noussair vers 710. On sait aussi (voir Jellal et autres) qu'ils ont combattu les hérétiques Berghouta au huitième siècle (vers 750). La tradition orale du pays Hmar (Province de Safi) garde des réminiscences du «ribate» de Sidi Chiker, près de Chemaïya. Ce «ribate» leur servait de poste militaire et de lieu d'apprentissage des préceptes de l'Islam et de la propagation de la foi (voir Namir). On sait aussi que les Idrissides se sont appuyés sur leur aide pour accéder au pouvoir. Les Regraga les ont soutenus aux huitième et neuvième siècles. Le long des dixième et 11e siècles, période d'affrontements entre Fatimides à l'est (Algérie…) et Omeyyades au nord (Andalousie…). Les Regraga s'alignaient sur les positions politiques du pouvoir central marocain de l'époque.
Aux 11e et 12e siècles les Almoravides qui régnaient sur le pays sollicitaient leur soutien (voir Ibn Azzayate rapporté par Chadli). Depuis toujours, les Regraga eux-mêmes s'appelèrent des mourabitounes. Leurs descendants continuent actuellement d'utiliser l'expression : «Jdadna almourabitoune» (nos ancêtres les mourabitoune, voir Saïdi). Les «tribus», qui formaient et forment toujours l'ossature de cette «fédération de tribus», vivent en bas des deux versants de Jbal Lahdid, à Akermoud, au nord d'Essaouira. Du côté du versant Est de leur Montagne sacrée se trouve une commune appelée Oulad Mourabete (les fils du Mourabite).
Aux 12e et 13e siècles les Almohades (voir Ibn Azzeyate et Ibn Kounfoud) comptaient sur leur loyauté pour s'assurer le contrôle de la pleine côtière entre Haha et Abda. Au 15e siècle, les Regraga vont soutenir les Chorfa idrissides, à leur tour, à Fès. Mais, pendant les 15e, et 16e siècle, ils sont persécutés par les Wattassides à cause de leur soutien aux Idrissides.
Au 16e siècle c'est la période d'Aljazouli. Des informations relatives aux Regraga figurent aussi dans la biographie de ce mystique de Marrakech.
Au 16e siècle toujours, c'est Léon l'Africain qui en parle dans sa fameuse description de l'Afrique. Car, il aurait séjourné chez eux. Les 16e et 17e siècle les Saâdiens s'emparèrent du pouvoir à l'aide des zaouiyas y compris, bien sûr, celle des Regraga qui est demeurée, pendant toute cette période, maîtresse des lieux: les Haha (nom désignant sur d'anciennes cartes géographiques toute l'actuelle province d'Essaouira).
Depuis le 17e siècle à nos jours, sous les Alaouites, les Regraga ont toujours défendu la légitimité du pouvoir central, sans, pour autant, soutenir tous les gouvernants. Ils ont eu des démêlés avec Moulay Slimane.
Ce dernier aurait tenté d'instaurer le culte des sept saints de Marrakech «sebaâtou rijal», afin de discréditer les Regraga (voir Mana). Au 19e siècle, à partir de Jbel Lahdid, cette «Montagne magique», ce rempart naturel, qui sont les seuls à connaître et qui les rendaient invincibles, les Regraga lançaient des razzias contre les Portugais (voir Lapassade).
De nos jours, chaque année, le Palais Royal leur consacre un don en reconnaissance à leur fidélité à la Dynastie Alaouite.
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