Si cette anthologie présente des films qui datent des années cinquante, «La fugue de Mohamed» de Roger Leenhardt, «Le poulet» de Jean Flechet et «Notre amie l'école» de Larbi Benchekroun, il n'en demeure pas moins que le court métrage a pour ancêtre un bout de pellicules de quelques secondes tourné en 1913 entre Taza, Marrakech, Fès et Casablanca.
Mais déjà en 1907, Félix Mesguish filma les effets meurtriers du bombardement de Casablanca par la marine de guerre française.
Durant toute la période coloniale, le court métrage servait comme instrument de propagande au colonisateur et c'est à Mohamed Ousfour, véritable pionnier du cinéma que l'on doit le premier film de court métrage marocain, réalisé en 1941 à Casablanca et intitulé «Ibn Al Ghaba» (le fils de la jungle).
Il s'agit d'une suite d'images, chacune de quelques secondes, qui racontent les aventures d'un héros au profil à mi-chemin entre Tarzan et Robin des Bois, modèles pour les adolescents de l'époque. Des images qui, abstraction faite de la qualité technique et artistique, signent la naissance d'un cinéma à l'essence foncièrement marocaine.
Au café de si Rabeh
La première représentation publique et payante a eu lieu, comme par hasard, un jour du mois de septembre de l'an 1941 «Au café de si Rabeh», au quartier populaire de Derb Ghallaf, à Casablanca, suscitant émoi et enthousiasme parmi les spectateurs et même une effervescence dans tout le quartier. La magie de l'image a fait son effet. Les quatre épisodes réalisés gagnaient en consistance au fil des tournages. Il s'agit là d'un repère historique majeur autant que l'était la création en 1944 du Centre cinématographique marocain (CCM).
Sous la houlette de la nouvelle instance qui présidera désormais aux destinées du cinéma au Maroc, ont été réalisés, en majorité, par des Français, une kyrielle de courts métrages qui jettent un regard tantôt éthnologique tantôt exotique sur la société marocaine. Le documentaire sur les réalisations dans divers domaines socio-économiques y occupe une place de choix.
A partir de 1954, la fiction fait son incursion dans ce genre cinématographique avec une série de sketchs puisés dans le folklore marocain (Pauvre Assou, Trésor caché, Le poulet). En 1956, le CCM étrennera le premier court métrage portant la signature d'un Marocain Larbi Benchekroun en l'occurrence. Le film portera le titre de «Notre amie l'école». Il sera le prototype de la plupart des courts métrages réalisés au lendemain de l'indépendance: une production de commande destinée à sensibiliser le public à l'importance de l'éducation.
D'autres courts métrages auront pour thèmes l'hygiène, la réforme agraire, le développement communautaire et certains aspects de la vie publique. L'image s'érigera, dès lors en porte-parole des pouvoirs publics et de leurs politiques dans divers domaines. Des caravanes cinématographiques sillonneront le Royaume notamment le monde rural pour la transmettre.
Imaginaire débridé
Fonctionnaires du CCM, cinéastes et lauréats frais et moulus d'écoles et d'instituts étrangers, se sont limités à exécuter les commandes de divers ministères et établissements publics cherchant rarement à faire preuve de créativité. Quelques artistes ont cependant œuvré dans le sens d'une rupture avec cette tendance laissant s'exprimer leur génie d'artistes authentiques.
Cette libération de leur imaginaire est due en partie à la télévision qui, en tant qu'outil étatique, joue désormais le rôle qui incombait jusque là au CCM. Les courts métrages Tarfaya ou la marche d'un poète de Ahmed Bouanani, Majid R'chich et M. A. Tazi, six et douze, forêt, mémoire 14 et Al Boraq s'inscrivent dans cette lignée.
Les jeunes réalisateurs se sont ressourcés des problèmes de leur être, des valeurs intrinsèques propres à leur société et des incertitudes de celle-ci. En fait, ceci marquera la fin d'une époque et le début d'une autre pour le court métrage marocain.
La décade qui allait suivre, les années soixante dix, sera marquée par une régression notamment au niveau quantitatif, les cinéastes ayant enfourché un autre cheval de bataille à savoir, la réalisation du long métrage. Celui-ci favorise, à la fois, un contact plus large avec le public et une reconnaissance plus affirmée au cinéaste. D'autres se sont dirigés vers le film court éthnographique. Parmi les courts métrages emblématiques de cette époque, Maârouf N'tamjlocht de Hamid Bensaid, Sadati à Ssaoua de Abdou Achouba et Agregats de Noureddine Gounjar. Mais il fallait attendre les années quatre vingt, pour que le court métrage amorce un virage qui le mènera vers des horizons plus prometteurs. L'instauration d'une nouvelle loi, qui stipule que toute aide du fonds de soutien à la production cinématographique est tributaire de la réalisation préalablement de trois courts métrages, a été fructueuse à plus d'un titre. Elle a donné un nouvel essor au film court métrage et permis l'émergence d'une nouvelle génération de cinéastes, qui ont saisi l'opportunité pour faire montre de toute la mesure de leurs talents et de leurs sensibilités. Ainsi, grâce à des Daoud Ouled Assayed, Hassan Lagzouli, Faouzi Ben Saidi, Nabil Ayouch, Jamal Belmajdoub, Mohamed Ouled , Meriem Bakir, Ali Tahiri, Leila Marrakchi, Nourredine Lakhmari, Leila Triki, Ahmed Idrissi Tahiri et d'autres, le court métrage a pu acquérir ses lettres de noblesse et prouver par la-même son efficience comme étape incontournable, permettant aux jeunes cinéastes de fourber leurs armes, afin de mieux s'attaquer aux longs métrages. C'est dans cet esprit que s'inscrirait également l'initiative du réalisateur Nabil Ayouch qui a créé en l'an 2000 le prix Mohamed Raggab du scénario court métrage, ce qui a abouti à la réalisation de quatre films, ceux comptant pour l'édition 2002, sont en post-production. La naissance cette année du festival du court métrage méditerranéen et la tenue de sa 1ère édition à Tanger, ne peut que constituer un autre adjuvant à ce genre cinématographique qui peine, cependant, à trouver la voie, pour être apprécié du large public. Et c'est dans cette perspective que professionnels et pouvoirs publics doivent orienter leurs efforts.
Mais déjà en 1907, Félix Mesguish filma les effets meurtriers du bombardement de Casablanca par la marine de guerre française.
Durant toute la période coloniale, le court métrage servait comme instrument de propagande au colonisateur et c'est à Mohamed Ousfour, véritable pionnier du cinéma que l'on doit le premier film de court métrage marocain, réalisé en 1941 à Casablanca et intitulé «Ibn Al Ghaba» (le fils de la jungle).
Il s'agit d'une suite d'images, chacune de quelques secondes, qui racontent les aventures d'un héros au profil à mi-chemin entre Tarzan et Robin des Bois, modèles pour les adolescents de l'époque. Des images qui, abstraction faite de la qualité technique et artistique, signent la naissance d'un cinéma à l'essence foncièrement marocaine.
La première représentation publique et payante a eu lieu, comme par hasard, un jour du mois de septembre de l'an 1941 «Au café de si Rabeh», au quartier populaire de Derb Ghallaf, à Casablanca, suscitant émoi et enthousiasme parmi les spectateurs et même une effervescence dans tout le quartier. La magie de l'image a fait son effet. Les quatre épisodes réalisés gagnaient en consistance au fil des tournages. Il s'agit là d'un repère historique majeur autant que l'était la création en 1944 du Centre cinématographique marocain (CCM).
Sous la houlette de la nouvelle instance qui présidera désormais aux destinées du cinéma au Maroc, ont été réalisés, en majorité, par des Français, une kyrielle de courts métrages qui jettent un regard tantôt éthnologique tantôt exotique sur la société marocaine. Le documentaire sur les réalisations dans divers domaines socio-économiques y occupe une place de choix.
A partir de 1954, la fiction fait son incursion dans ce genre cinématographique avec une série de sketchs puisés dans le folklore marocain (Pauvre Assou, Trésor caché, Le poulet). En 1956, le CCM étrennera le premier court métrage portant la signature d'un Marocain Larbi Benchekroun en l'occurrence. Le film portera le titre de «Notre amie l'école». Il sera le prototype de la plupart des courts métrages réalisés au lendemain de l'indépendance: une production de commande destinée à sensibiliser le public à l'importance de l'éducation.
D'autres courts métrages auront pour thèmes l'hygiène, la réforme agraire, le développement communautaire et certains aspects de la vie publique. L'image s'érigera, dès lors en porte-parole des pouvoirs publics et de leurs politiques dans divers domaines. Des caravanes cinématographiques sillonneront le Royaume notamment le monde rural pour la transmettre.
Fonctionnaires du CCM, cinéastes et lauréats frais et moulus d'écoles et d'instituts étrangers, se sont limités à exécuter les commandes de divers ministères et établissements publics cherchant rarement à faire preuve de créativité. Quelques artistes ont cependant œuvré dans le sens d'une rupture avec cette tendance laissant s'exprimer leur génie d'artistes authentiques.
Cette libération de leur imaginaire est due en partie à la télévision qui, en tant qu'outil étatique, joue désormais le rôle qui incombait jusque là au CCM. Les courts métrages Tarfaya ou la marche d'un poète de Ahmed Bouanani, Majid R'chich et M. A. Tazi, six et douze, forêt, mémoire 14 et Al Boraq s'inscrivent dans cette lignée.
Les jeunes réalisateurs se sont ressourcés des problèmes de leur être, des valeurs intrinsèques propres à leur société et des incertitudes de celle-ci. En fait, ceci marquera la fin d'une époque et le début d'une autre pour le court métrage marocain.
La décade qui allait suivre, les années soixante dix, sera marquée par une régression notamment au niveau quantitatif, les cinéastes ayant enfourché un autre cheval de bataille à savoir, la réalisation du long métrage. Celui-ci favorise, à la fois, un contact plus large avec le public et une reconnaissance plus affirmée au cinéaste. D'autres se sont dirigés vers le film court éthnographique. Parmi les courts métrages emblématiques de cette époque, Maârouf N'tamjlocht de Hamid Bensaid, Sadati à Ssaoua de Abdou Achouba et Agregats de Noureddine Gounjar. Mais il fallait attendre les années quatre vingt, pour que le court métrage amorce un virage qui le mènera vers des horizons plus prometteurs. L'instauration d'une nouvelle loi, qui stipule que toute aide du fonds de soutien à la production cinématographique est tributaire de la réalisation préalablement de trois courts métrages, a été fructueuse à plus d'un titre. Elle a donné un nouvel essor au film court métrage et permis l'émergence d'une nouvelle génération de cinéastes, qui ont saisi l'opportunité pour faire montre de toute la mesure de leurs talents et de leurs sensibilités. Ainsi, grâce à des Daoud Ouled Assayed, Hassan Lagzouli, Faouzi Ben Saidi, Nabil Ayouch, Jamal Belmajdoub, Mohamed Ouled , Meriem Bakir, Ali Tahiri, Leila Marrakchi, Nourredine Lakhmari, Leila Triki, Ahmed Idrissi Tahiri et d'autres, le court métrage a pu acquérir ses lettres de noblesse et prouver par la-même son efficience comme étape incontournable, permettant aux jeunes cinéastes de fourber leurs armes, afin de mieux s'attaquer aux longs métrages. C'est dans cet esprit que s'inscrirait également l'initiative du réalisateur Nabil Ayouch qui a créé en l'an 2000 le prix Mohamed Raggab du scénario court métrage, ce qui a abouti à la réalisation de quatre films, ceux comptant pour l'édition 2002, sont en post-production. La naissance cette année du festival du court métrage méditerranéen et la tenue de sa 1ère édition à Tanger, ne peut que constituer un autre adjuvant à ce genre cinématographique qui peine, cependant, à trouver la voie, pour être apprécié du large public. Et c'est dans cette perspective que professionnels et pouvoirs publics doivent orienter leurs efforts.