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Accueil next Salon international de l'agriculture de Meknès

Le point sur l'exécution du budget 2005

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L'année 2005 aura été particulièrement difficile pour le Maroc, marquée par une croissance insuffisante et une aggravation du déficit commercial. L'augmentation du PIB, après avoir atteint 5,5 % en 2003, puis 4,2 % en 2004, devrait être limitée à 1,6 % en 2005.

Le coup de frein économique de 2005 s'explique largement par des conditions climatiques particulièrement défavorables (froid et sécheresse conjugués).
C'est d'ailleurs le secteur agricole (dont le poids est, selon les années, de 13 à 20 % du PIB) qui, pour l'essentiel, affecte la croissance : sa valeur ajoutée a reculé en 2005 d'environ 15 %.
Le reste de l'économie a conservé un taux de progression moyen de l'ordre de 4 %.

La flambée des prix du pétrole (qui atteint en moyenne 55 dollars le baril) a bien évidemment eu aussi un impact négatif à la fois sur l'activité interne et sur le solde commercial. Le déficit commercial s'est dégradé fortement sous l'effet conjugué d'une explosion des importations notamment agricoles et pétrolières (le total des importations progresserait sur l'année de plus de 13 %), et d'une hausse modérée des exportations.

Le taux de couverture des importations par les exportations passerait de 55,7 % en 2004 à 52%.Et le déficit commercial pourrait atteindre 85,6 milliards de dirhams soit environ 18,6 % du PIB.
Pour 2006, le rapport économique et financier qui accompagne le budget tabler sur une croissance de 5,4 %.

Le Haut commissariat au plan (qui gère la direction de la statistique) s'appuie pour sa part sur deux scénarios : une croissance de 5,2 % si la récolte céréalière est moyenne (67 millions de quintaux) soit seulement 0,2 point de moins que le taux prévu dans la Loi de finances, ou 5,6 % si la récolte céréalière est bonne (75 millions de quintaux). Le secteur non agricole marchand progresserait lui de 5,2%, au lieu de 4,9 % en 2005.L'exécution budgétaire 2004 avait été meilleure que prévu.

Le déficit budgétaire avait finalement atteint 4,3 % d'un PIB de 444 milliards de dirhams au lieu de 6,7 % attendus.

Au contraire, celle de 2005 est sensiblement égale aux prévisions. Le déficit devrait être de 28,9 milliards de dirhams (soit 6,3 % du PIB), contre une prévision initiale de 31,5 milliards de DH. Pour autant ce déficit reste élevé.
Les recettes ordinaires ont pourtant été supérieures de 11 % aux recettes de 2004 et de 5 % aux montants prévus dans la Loi de finances 2005.

Parmi les recettes fiscales, c'est l'impôt sur les sociétés qui progresse le plus (19 milliards de DH en 2005 contre 15,9 en 2004), suivi de l'impôt sur le revenu (22,7 milliards de DH en 2005, après 19,7 en 2004). La plus faible progression des recettes fiscales directes provient des droits de douane qui passent de 13,3 à 14,6 milliards de DH(+9,8%).

Pour leur part, les recettes de TVA (32,6 milliards) n'ont augmenté « que » de 9 %. La progression des recettes indirectes (+8,9 %) inférieure à celle des impôts directs (+18,8 %) est un frein au développement des ressources fiscales, que le gouvernement marocain peine à faire disparaître. Face à ces recettes globalement en hausse, les dépenses ont augmenté plus encore.

Par rapport à 2004, les dépenses ordinaires ont été en hausse de 18,5 % et de 13% par rapport aux prévisions de la Loi de finances 2005. La différence s'explique pour partie par l'augmentation des dépenses de compensation : 8,8 milliards au lieu des 4,3 milliards prévus, dont 6,8 milliards pour les seuls produits pétroliers.

Le mécanisme de compensation s'applique en effet aux produits énergétiques, essentiellement importés, dont les prix ont explosé. Mais ce dérapage budgétaire vient plus encore de l'opération de départ volontaire à la retraite des fonctionnaires.

Le départ volontaire de 38.500 fonctionnaires aura coûté au budget de l'Etat plus de 11 milliards de dirhams sur 2005 (soit l'équivalent de 2 mois de la masse salariale annuelle), alors que n'avaient été provisionnés en Loi de finances initiale que 500 millions.

Quant aux dépenses d'investissement, elles ont été à peu près celles prévues, de l'ordre de 21 milliards de dirhams.
Plus élevé qu'en 2004, le déficit budgétaire a été également plus difficile à financer, car les recettes de privatisation ont été moins importantes que prévu (environ 7 milliards contre 12 prévus lors du vote du budget). En conséquence, le Maroc s'est tourné à nouveau vers les marchés financiers.

L'endettement du Trésor est passé de 295,4 milliards de dirhams à fin 2004, à près de 327,4 milliards fin 2005, soit une hausse de 10,8% ; il s'agit pour 79 % d'une dette intérieure.

Cette progression globale de l'endettement représente 6,9 points du PIB. Elle se traduit par un ratio de dette publique de 71 % du PIB, contre 66,4 % une année auparavant et 66,9% en 2003.

Pour l'année 2006, le projet de Loi de finances mise à la fois sur un raffermissement des recettes et un ralentissement de l'évolution des dépenses.
Les recettes ordinaires, évaluées à un peu plus de 125,6 milliards de dirhams, sont prévues en hausse de 15,2 % par rapport à la Loi de finances de l'année précédente et de 4,2 % par rapport à la réalisation du budget en 2005. Cette progression serait principalement due aux recettes fiscales (l'essentiel des ressources).

Avec 111 milliards de dirhams, elles seraient en hausse de 11,2 % par rapport à la Loi de finances 2005. Mais par rapport à l'exécution 2006, elles seraient en quasi-stagnation.

La progression fiscale la plus sensible (+18,8 par rapport à la Loi de finances 2004) viendrait de la TVA, qui rapporterait 35,5 milliards de dirhams, en partie à cause de la réforme envisagée.
Les dépenses du budget de l'Etat (dépenses ordinaires et dépenses d'investissement) seraient d'environ 151 milliards de dirhams.
Elles seraient donc en hausse par rapport à la Loi de finances 2005 de 8,8 % mais en léger recul par rapport à l'exécution budgétaire, point qui semble optimiste.

Dans les dépenses ordinaires, le poste le plus important, celui des dépenses de personnel, serait en légère diminution (59,6 milliards contre 60,7 dans la Loi de finances 2005 et 60,2 en exécution).

Les autres dépenses de biens et services, avec un montant de 29,4 milliards de dirhams seraient, elles aussi, en hausse par rapport à la Loi de finances de l'année précédente, mais en baisse significative par rapport à l'exécution budgétaire (de -17,4%).

La compensation resterait, pour sa part, à un niveau élevé : 8 milliards sont prévus (contre 8,8 milliards de dirhams en exécution 2005).
Enfin, les intérêts de la dette, tant intérieure qu'extérieure, progresseraient, respectivement de 8,3 % et 4,4 %. Ils seraient au total de 18,8 milliards de dirhams.

Les dépenses d'investissement sont prévues, pour le seul budget de l'Etat, à hauteur de 19,3 milliards.
Mais l'ensemble des investissements publics du pays sera très supérieur puisqu'il devrait être de près de 100 milliards (hors crédits reportés) en incluant les dépenses des collectivités locales, entreprises et établissements publics, et comptes spéciaux du Trésor.

Sont en hausse significative les lignes budgétaires allouées aux ministères de l'Intérieur (+24,3 % afin de construire et moderniser de nombreux locaux, notamment des casernes, acquérir du matériel roulant et développer un système de communication global), de l'Education nationale (+19,6 % essentiellement pour la construction d'écoles et de collèges, notamment en milieu rural), et de l'Aménagement du territoire, de l'Eau et de l'Environnement (+15,9 % destinés à financer en priorité les travaux du programme national d'assainissement et d'épuration des eaux usées, d'un montant total de 43 milliards de dirhams).

En 2006, le déficit, hors privatisation, serait proche de 5 % du PIB.
L'évolution est d'autant plus inquiétante qu'en exécution, le Maroc a toujours fait moins bien, ces dernières années, qu'en Loi de finances initiale. Les recettes de privatisation devraient diminuer.

Les 4,9 milliards de recettes prévues dans le Loi de finances 2006 proviendraient de l'ouverture du capital de la Banque centrale populaire, de la cession de 20% du capital de la Régie des Tabacs, et de la cession de tout ou partie de la Comanav et de Somathes (société marocaine du thé et du sucre).
L'essentiel des besoins de financement sera donc assuré par l'emprunt.

Le Trésor reconnaît un besoin prévisionnel de financement à moyen et long termes pour 2006 se situant autour de 37 milliards de DH (contre 32 milliards en 2005).

Source : Fiche de synthèse de la Mission
économique française
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