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Faire revivre un patrimoine immortel

Devenu, désormais, rendez-vous incontournable des amateurs de bonne musique, le festival des Andalousies Atlantiques d'Essaouira, initié par l'association Essaouira-Mogador et organisé conjointement par la Fondation des Trois cultures de la Méditerranée et de la Fondation d'Essaouira Mogador pour les Arts, la Culture et le patrimoine, revient cette année avec plus de nouveautés.

Faire revivre un patrimoine immortel
Les noms les plus prestigieux de la musique andalouse, ceux-là même qui ont forgé son histoire et contribué à son essor, seront invités à animer les soirées de cette 5e édition qui se déroulera du 30 octobre au 1er novembre. Les ténors d'autres genres musicaux seront également de la partie pour donner toute l'étendue de leur art et charmer ses amateurs. Mais le véritable événement de cette édition sera l'hommage rendu à un grand auteur-compositeur-interprète: Samy El Maghribi. Des artistes en provenance de différents pays viendront fêter ce grand maître.

L'ensemble El Gusto, regroupant musiciens musulmans et juifs d'Algérie, l'orchestre Abdelkrim Raiss de musique andalouse avec le maestro Mohamed Briouel, Maxime Karoutchi, descendant de plusieurs générations d'artistes, Jil Jilala, groupe mythique des années soixante-dix ayant popularisé avec originalité le Melhoun, Majda Yahiaoui qui chante les qsaïd du Melhoun sur les traces des Mâllema Nejma, Zohra El Fassia et autre Bahija Idriss, Yolande Amzallag, fille de Samy El Maghribi, intellectuelle mais aussi fidèle interprète du répertoire de son père, Mohamed Ali inégalable dans les Mouachah, Abdelkrim Laamarti, que le milieu artistique surnomme le rossignol, est un violoniste et chanteur hors pair maîtrisant les genres andalou, gharnati et hawzi algérien sont autant de témoins de la grandeur de Samy El Maghribi et de sa virtuosité.

Tous ces gardiens de la mémoire des grands poètes, mais également beaucoup d'autres venus d'Espagne, célébreront en musique, l'œuvre immortelle de cet artiste. Né en 1922 à Safi, sous le nom de Salomon Amzallag, l'artiste baigne dans la musique populaire et s'imprègne dès son jeune âge des rythmes du chaâbi, du malhoun et de la musique andalouse. Signe de sa virtuosité et de sa passion pour la musique, il confectionne sa première mandoline à l'age de sept ans. Mais ce n'était qu'un premier pas avant de décider d'apprendre le luth dans les règles de l'art. A Rabat où sa famille a décidé de s'installer, il fréquente les maîtres de la musique andalouse de l'époque. Maâllem Ben Aissa El Oufir, Benghabrit, Pirou, Mekki El Hajjam…l'accompagnaient dans leurs soirées et lui apprennent les rudiments de l'art musical. A 20 ans, il démissionne de son poste de directeur commercial pour se consacrer entièrement au chant et à la musique. Samy Elmaghribi est né. Il renonce à son nom de naissance et adopte celui par lequel on le connaît aujourd'hui.

Une fois sa carrière lancée au Maroc, il prend son envol et se dirige vers la ville des lumières. A Paris, il brille de mille feux et trouve un climat favorable pour s'épanouir et surtout pour mieux diffuser ses chansons. Il enchaîne les enregistrements et multiplie les disques et les tournées avant de créer sa propre marque de disques, Samyphone. Son grand mérite, il travaille sur le patrimoine marocain qu'il enrichit de sa touche et qu'il popularise. Ses nouvelles compositions sont aussitôt très bien accueillies et lui valent l'admiration de tous. «Ay ay ay loukan kanou andi lemlain», «Kaftanek mahloul ya lala» ou «Oumri ma nensak ya mama», sont des titres inoubliables que d'autres chanteurs ont repris. Parallèlement à ce genre populaire, Samy opère un mélange réussi des genres. Sous sa voix, les noubas du gharnati, le moual marocain, le malhoun et le haouzi ainsi que l'art des melismes prennent une autre dimension.

En 1967, il s'installe au Canada et devient rabbin de la synagogue hispano-portugaise. En épousant la cause religieuse, il renonce au chant profane. Mais il ne tarde pas à céder à la pression des amateurs de ses chansons qui réclamaient son retour. Aussi, Montréal fut le théâtre de concerts mémorables. A chaque fois que l'occasion se présentait, Samy rentrait au Maroc pour célébrer des soirées au grand bonheur de ses fans. Il meurt le 9 mars 2008 en laissant derrière lui un important legs de chansons qui portent l'empreinte de son génie.
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La musique judéo-marocaine

Traversé par les courants berbère, andalou, africain, juif et musulman, le Maroc exprime son art de vivre, ses musiques et sa personnalité exemplaire. De cette richesse sont nés plusieurs genres musicaux. Ceux judéo-arabes sont des dérivés populaires de la nouba, qui commencent souvent de la même façon : en longues vocalises à la nostalgie poignante sur fond de très légères cordes et percussions. Puis le tout s'emballe en une formidable spirale d'arabesques ornementées aux voix de miel. Parmi les voix les plus célèbres, on peut citer Mouzino, cheikh Zouzou, Blond Blond, Sami el Maghribi, Salim Hallali, Raoul Jouno parmi les hommes. Leïla Sfez, Habbiba Msika, Louisa Tounsia, Saliha, parmi les femmes.
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