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Mon enfant pleure tout le temps !

La majorité des enfants pleurnichent et se plaignent de temps à autre auprès de leurs parents et ces derniers finissent par s’habituer à ce genre de comportement. Mais quand les lamentations deviennent trop fréquentes, cela devient problématique.

Mon enfant pleure tout le temps !
Les enfants boudeurs sont très sensibles et ont une estime de soi chancelante.

Pour un nourrisson, pleurer est la seule façon de communiquer. Mais petit à petit et en grandissant, l’enfant acquiert d’autres moyens d’exprimer ses besoins, notamment le langage. Ceci dit, durant la petite enfance, les larmes servent souvent à exprimer la douleur, la colère, la peur, la frustration et la tristesse, entre autres. Il arrive cependant à certains enfants de trop pleurer, par exemple s’ils se rendent compte que c’est pour eux le seul moyen d’attirer l’attention. Les parents ont souvent du mal à supporter les plaintes et les pleurs de leurs bambins, surtout quand cela devient systématique. «Elle va me rendre folle, elle ne parle presque plus ; pour demander quelque chose, exprimer son mécontentement ou simplement pour me déranger, ma fille commence à crier et à pleurer. Je ne sais plus quoi faire pour qu’elle arrête d'utiliser ce mode de fonctionnement irritant», se plaint Fouzia. Les enfants mettent de nombreuses années à comprendre qu’ils ne peuvent pas tout avoir au moment où ils le veulent. Il ne faut pas oublier non plus qu’ils maitrisent beaucoup moins leurs émotions que les adultes, notamment quand ils se sentent frustrés, tristes ou délaissés. Il faut savoir que les pleurnicheries des enfants sont une manière de libérer, d’une part, une tension intérieure, mais en même temps une façon d’agresser l’autre en l’envahissant par des bruits déplaisants... dans le but inconscient de le punir ou d’obtenir quelques avantages, comme de se faire servir ou d’obtenir gain de cause. Utilisés régulièrement comme moyens de communication, ces agissements expriment le désir de rester «bébé», une difficulté à accepter de grandir. Les enfants sont très imaginatifs dans ces petits comportements qui «usent les nerfs» des parents ! Certains vont exercer une forme d’agression passive en boudant ou en se bouchant les oreilles de manière très théâtrale quand le parent essaie de leur parler.

Le but du boudeur est de punir l’autre en refusant de communiquer. Si la personne visée s’inquiète, essaie de communiquer ou propose des compensations pour que l’enfant sorte de sa bouderie, l’enfant boudeur apprend qu’il peut ainsi manipuler grâce à la bouderie et la dynamique devient despote-objet entre l’enfant et le parent. Si la personne visée par la bouderie ne s’en occupe pas et reste indifférente, le boudeur se retrouve coincé à son propre piège ! Il lui devient impossible de sortir de sa bouderie sans perdre la face et c’est l’impasse qui peut se prolonger très longtemps ! Il y a renversement de la dynamique et cette fois, c’est l’enfant qui devient victime et le parent ou l’enfant indifférent, le tyran. Si votre enfant boude, ne coupez pas la communication. Manifestez-lui de la compassion et votre disponibilité quand il sera prêt à parler à nouveau au moment où il le décidera. Les enfants boudeurs sont des enfants très sensibles ayant une estime de soi chancelante. Ils souffrent de la situation dans laquelle ils s’enferment, bien malgré eux. L'enfant peut également pleurnicher parce qu’il manque de sommeil, se sent mal à l'école ou ressent de la tension à la maison. Dialoguer avec lui, veiller au respect de ses heures de sommeil et réduire les tensions à la maison suffisent souvent à faire cesser ce comportement.


Témoignage

Mouna, 35 ans, maman de Jad, 8 ans

«Il recommence à pleurer pour un rien»

«J’ai un gros problème avec mon fils qui va bientôt terminer ses huit ans. Il pleure presque tout le temps, partout à l'école, dans la rue, à la maison.
Son père et moi, nous faisons de notre mieux pour ne pas céder à ses pleurs, mais il n'arrête pas ses méthodes, que ce soit avec nous ou avec ses enseignants à l’école. Quand je pique une crise à cause de son comportement et que j'essaie de lui parler, il ne dit rien et se contente de me regarder et de m'écouter. Deux jours plus tard, il recommence à pleurer pour un rien ; par exemple quand la maitresse ne lui demande pas de distribuer les cahiers et que c'est un autre élève qui le fait, il lui fait une crise de pleurs. Je ne sais plus quoi faire pour résoudre ce problème. Les autres enfants commencent à se moquer de lui et c'est embêtant pour lui».


Explications

Bernard Corbel, Psychologue et psychothérapeute

«Si un enfant pleure beaucoup, c'est qu'il a une doulour à évacuer»

Que peuvent signifier les pleurs fréquents d'un enfant ? (sensible, émotif, pas normal...?)
Nous n'abordons pas dans cette réponse la question des pleurs du nourrisson, mais une tranche d'âge de 2 ans à 8 ans. Si un enfant pleure beaucoup, c'est qu'il a un affect douloureux à évacuer.
Généralement, il s'agit d'un malaise lié à de l'anxiété, de la peur. Selon le cas, le malaise est consécutif à une anxiété de séparation, peur d'être laissé, abandonné dans un lieu ou chez d'autres personnes, ou d'adaptation à des changements d'environnement. Le qualifier de sensible ou d'émotif est une façon de ne pas se poser la question empathique : mon enfant a une souffrance, sensible ou pas, je dois tenter de comprendre ce qui lui fait problème et tenter de lui apporter une aide dans la résolution de ce problème. Ma tendresse, mon affection, mes questions et ma patience lui porteront le secours dont il a besoin.
Avant tout, l'enfant a besoin d'être rassuré par rapport à quelque chose qu'il ressent, mais ne sait pas comment l'exprimer.

Quand un enfant pleure beaucoup, est-ce que cela doit inquiéter les parents ?
L'inquiétude des parents doit être comprise ici en tant que vigilance à avoir pour ne pas négliger. Le parent, en effet, ne doit pas négliger son enfant, il est normal et souhaitable qu'il se soucie de ce qui lui arrive, fussent des pleurs. Les pleurs constituent un signal comme quoi quelque chose ne va pas dans sa dimension existentielle : j'ai peur, j'ai mal, je me fais du souci, je suis trop triste.
Le plus souvent, cette peur ou cette anxiété sont fondées, mais parfois il peut aussi s'agir d'une croyance de l'enfant avec ses exagérations, croyance dont on vient à bout par une écoute approfondie : il faut encore que l'enfant puisse s'ouvrir et éprouver la confiance nécessaire à faire sortir quelque chose de lui et qui passe par des sanglots incontrôlables. Souvent, les pleurs ne sont que l'un des symptômes liés à l'enfant : il peut être inhibé (en dehors de la maison), être déprimé, être phobique...
Si vous n'arrivez pas à résoudre le problème avec le petit, il n'est pas facile, parfois, de comprendre le tissage de pensées et d'émotions, sachez que les enfants savent tirer le meilleur parti d'un psychologue !

Comment les parents doivent-ils agir face aux pleurs de leurs enfants ?
Ne jamais se moquer, ne jamais interdire cette expression émotionnelle. Au contraire, améliorer le cadre de la relation, développer une écoute pleine d'intelligence, de respect et de tendresse. Inciter l'enfant à parler sans le presser non plus, lui accorder un peu de temps pour qu'il puisse s'exprimer, ne pas lui mettre de pression. Faire un authentique effort de compréhension. Autoriser l'enfant à pleurer en même temps. Bien souvent, il parviendra à mettre les premiers mots sur son problème, sans doute pas cohérents, mais il faut accepter sa première explication.
Dans de nombreux cas, aux pleurs sont associés des troubles psychosomatiques (le plus fréquent étant le mal au ventre). Pour autant, les douleurs et dysfonctionnements sont bien réels et nécessitent, en principe, des soins. Considérer que dans certains cas, derrière ces pleurs, l'enfant peut développer des phobies, des troubles obsessionnels (TOC), des cauchemars redoutables, parfois des hallucinations. Dans tous les cas, il vaut donc mieux être à l'écoute, être attentif et vigilant, et surtout, surtout être rassurant.
Le cas échéant, il faut consulter le pédiatre ou le psychologue.

Comment aider son enfant à ne plus pleurer aussi souvent ?
Il convient de veiller à ce que le cadre de vie de l'enfant soit adapté à ses besoins de sécurité et d'affection, s'assurer que ses nuits sont normales, que le sommeil est bon et qu'il ne fait pas de cauchemars.
S'assurer, en enquêtant si nécessaire, qu'il ne subit ni sévices ni abus de personnes adultes ou d'autres enfants, à la maison, à la garderie ou à l'école. Parler du problème avec les adultes en contact avec lui.
Ne pas hésiter, dans le contexte d'un réel moment d'ouverture, à demander à l'enfant ce qu'il voudrait pour que ça aille mieux. Sa solution, le plus souvent, ne sera pas possible sans adaptation, mais n'hésitez pas à négocier et à vous entendre sur ce qui est possible. Ne promettez rien qui ne soit pas vrai et tenable.

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