Dans une interview accordée à la MAP, Bahija Simou a indiqué que cette exposition qui se tient sous le thème «Le Maroc médiéval, un empire de l'Afrique à l'Espagne» est un projet culturel sans précédent qui permettra au visiteur étranger de mieux connaître l'histoire du Maroc et aux Marocains de mieux conserver leur patrimoine, tout en permettant au Maroc de valoriser l'art muséal et de promouvoir les spécificités de son identité nationale.
Placé sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI et du Président français François Hollande, cet événement, prévu du 17 octobre courant au 19 janvier 2015 au Louvre et du 2 mars au 1er juin 2015 à Rabat, répond aux Hautes Orientations royales visant à faire de la culture un véritable levier de développement et un vecteur pour le rapprochement des peuples et le brassage culturel, a-t-elle relevé, soulignant l'intérêt particulier que le Souverain accorde au patrimoine et aux arts en général tout en s'attachant à promouvoir les valeurs de la tolérance, de l'ouverture et du partage des savoirs. Autant de fondamentaux qui trouvent d'ailleurs leur illustration dans cette grande manifestation d'envergure universelle, a-t-elle noté. Pour Mme Simou, cette belle initiative s'inscrit dans le droit fil des réalisations royales sur le plan de la conservation du patrimoine écrit et oral, citant également à l'appui les contributions, entre autres, dans ce domaine de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, la Direction des Archives royales, l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) ainsi que l'Institut royal pour la recherche sur l'histoire du Maroc (IRRHM) et le Musée Mohammed VI des arts contemporains. Concernant les motivations derrière le choix du thème donné à l'exposition, elle a fait savoir que cela découle de l'importance cruciale de cette période dans l'histoire du Royaume, évoquant les épopées réalisées, tour à tour, sous le règne des Idrissides, des Almoravides et des Almohades, tant au niveau de l'expansion du Royaume que celui de la consécration du rite malékite et de la voie soufie qui représentent les fondamentaux de l'identité marocaine et sa spécificité.
D'où, pour elle, l'importance de cette exposition à même de contribuer à une meilleure compréhension de l'histoire séculaire du Royaume tout en donnant les clés de lecture nécessaires pour mieux connaître les événements historiques survenus après cette période et qui donnent la vraie mesure sur l'ancrage séculaire du Royaume et la permanence de son unité territoriale. À ce propos, la directrice des Archives royales a indiqué que le Maroc a joué lors de cette période charnière dans son histoire un rôle d'intermédiaire commercial entre l'Afrique subsaharienne et l'Europe, représentant à l'époque pour les négociants européens une destination très prisée et convoitée jusqu'à s'installer durablement dans les ports et les villes marocaines à l'issue de la signature de plusieurs conventions entre les sultans marocains et les représentants des pays européens. Chose qui a énormément contribué à la promotion des échanges dans tous les domaines, notamment la science, la culture et l'architecture. Sur le plan pédagogique, cette exposition richement documentée est une occasion pour le visiteur de connaître avec précision l'histoire du Royaume en jetant surtout des éclairages sur son leadership politique à l'époque, ainsi que son rôle d'intermédiaire incontournable dans les échanges commerciaux entre l'Afrique et l'Europe, a-t-elle souligné, notant que ce positionnement a permis au pays de devenir d'époque en époque un creuset où se rencontrent les cultures et les identités de tous les horizons.
Une diversité ethnoculturelle qui trouve aujourd'hui son illustration dans la Constitution, a-t-elle affirmé, ajoutant que cette exposition permettra aussi de montrer la richesse de la production intellectuelle dans le Royaume, notamment dans les domaines de la médecine, la pharmacologie, l'agronomie, l'astronomie ou encore les mathématiques. L'exposition offrira également l'occasion de connaître le rôle de premier plan que le Maroc a joué en faveur de la promotion des valeurs du soufisme et d'un islam modéré dans le Machrek et en Afrique. Concernant, par ailleurs, le choix des documents exposés, elle a indiqué que cela respecte des critères portant notamment sur leur valeur historique et esthétique ainsi que leur contemporanéité avec l'époque concernée. Pour réussir cette mission très délicate, elle a fait savoir que le commissariat général de l'exposition avait mis sur pied trois commissions, une pour la sélection des manuscrits, une autre pour les reliques archéologiques et une troisième pour le patrimoine muséal. Le tout encadré par des académiciens marocains et français.
Quant à l'organisation logistique, elle a noté que les précieuses reliques archéologiques exposées ont été soumises au préalable à un travail de restauration sous la supervision d'experts français, alors que la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc s'est chargée de la restauration des manuscrits et des documents. Ce qui a permis de mieux se renseigner sur leur état de conservation tout en favorisant un échange fructueux des connaissances entre les experts et les archéologues français et marocains, ainsi que l'évaluation scientifique de l'importance de ce patrimoine et les mesures à prendre pour mieux le conserver et le restaurer. Pour transporter sans la moindre bavure l'ensemble des objets prévus dans l'exposition, cette mission délicate a été confiée à une société spécialisée qui a assuré au départ leur transfert à Rabat avant que les Forces armées royales ne prennent la relève pour leur transport de Rabat à Paris. Dans cette mission fort périlleuse, Mme Simou n'a pas manqué de mettre en avant la contribution de certains autres partenaires, notamment le ministère des Habous et des affaires islamiques, le ministère de la Culture, le ministère de l'Intérieur, la Direction générale de la sûreté nationale, ainsi que la Protection civile. Mme Simou a affirmé que cette exposition exceptionnelle ne sera certainement pas orpheline puisque la richesse du patrimoine marocain est propice à l'organisation de nombreuses autres manifestations sur d'autres périodes de l'histoire séculaire du Royaume.