Dans le cadre du cycle des conférences, débats et séminaires qu’il organise, l’Institut royal des études stratégiques (IRES) a invité, mardi, Fathallah Sijilmassi, pour animer un débat sur «l’avenir de la Méditerranée, à l’aune des nouvelles réalités géopolitiques internationales». La rencontre, compte tenu de l'importance du sujet débattu, mais aussi de la stature du conférencier, le secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM), a attiré beaucoup de monde : des ambassadeurs marocains et étrangers, des experts, des responsables du ministère des Affaires étrangères, des représentants de l’Union du Maghreb arabe (UMA)...
Tout en rappelant le processus qui a conduit à la création de l’UpM, Fathallah Sijilmassi a insisté sur le fait que «ce cadre de travail» s’appelait «le processus de Barcelone : l’Union pour la Méditerranée». Cadre qu’il a présenté comme nécessaire pour participer au développement des pays appartenant à cette région. D’autant que les pays du sud de la Méditerranée affichent l’un des taux les plus faibles en matière d’échanges intrarégionaux (autour de 5%). Mais ce taux est encore plus faible au sein des pays de l’UMA, avec 3% pour le commerce intramaghrébin. Les pays du sud de la Méditerranée peinent également à attirer les capitaux internationaux, avec à peine près de 3% des flux des investissements directs étrangers, à l’échelle mondiale, selon les données de la Cnuced en 2013.
Pour dépasser cette situation, M. Sijilmassi a indiqué que l’UpM travaillait en fonction de trois principes depuis sa création en 2008. Le premier est celui de la géométrie variable, concept inspiré des mécanismes d’action de l’Union européenne (UE), puisque tous les pays du 28 ne sont pas membres de Schengen, qui consistent à mettre en avant un certain nombre de dérogations par rapport à la politique européenne. Ce principe devrait permettre à un groupement de pays membres de l’UpM d’évoluer plus rapidement s’ils le souhaitent. «Cependant, cela ne doit pas se faire aux dépens des intérêts des autres pays membres, prévient le secrétaire général de l'UpM. Car le principe de l’Union est d’agir sans porter atteinte au consensus.»Le deuxième principe mis en avant est celui de la coopération régionale. Alors que le troisième principe peut être résumé en deux mots : le «pilier des projets». Ce principe permet de donner un contenu concret à la coopération au sein de la Méditerranée. Pour illustrer cela, M. Sijilmassi a donné des exemples comme les actions menées pour l’encouragement du rôle des femmes, le développement urbain durable, des thèmes autour desquels des projets concrets sont réalisés sur le terrain.
En conclusion, M. Sijilmassi a souligné, d'une part, «la nécessité de plus de synergie entre les institutions qui travaillent pour la Méditerranée, comme l’UE, la Banque mondiale, l'Agence française pour le développement, la Banque africaine de développement, la Banque publique allemande d'investissement KfW)». Et d'autre part, il a affirmé que l’Union pour la Méditerranée n’était pas une frontière ou une fin en soi. «Il faut voir la Méditerranée et son développement non seulement par rapport à ses défis, mais aussi avec une vision plus globale notamment avec une dimension africaine», a-t-il rappelé.