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En un an, Matteo Renzi a réussi à faire bouger l'Italie

Il est arrivé en trombe, avec ses airs de grand adolescent et ses promesses tonitruantes de réformes. Un an plus tard, Matteo Renzi a certes dû temporiser, mais son bilan à la tête du gouvernement italien est encourageant.

En un an, Matteo Renzi a réussi à faire bouger l'Italie
Grand communicateur à la répartie facile, s'inspirant des styles de Tony Blair ou de Barack Obama, Matteo Renzi inquiète cependant certains responsables préoccupés par une possible dérive autoritaire de ce jeune loup si ambitieux.

Le 22 février 2014, à 39 ans, l'ancien maire de Florence, tout juste élu à la tête du Parti démocrate (PD, centre-gauche), prêtait serment comme président du conseil, après avoir écarté sans ménagement son prédécesseur Enrico Letta. Celui qui se présentait alors comme le «rottomatore», le casseur de la vieille Italie, promettait le changement en moins de 100 jours.

Le rythme annoncé d'une réforme par mois n'a pas tenu longtemps - Matteo Renzi s'est finalement donné 1.000 jours -, mais en dépit de l'inertie chronique de l'appareil politique italien, M. Renzi a avancé sur plusieurs dossiers. Il a mené à bien une réforme de la loi électorale destinée à enfin garantir à l'Italie des majorités gouvernementales stables et une seconde sur l'introduction d'une plus grande flexibilité sur le marché du travail pour lutter contre le chômage.

«Le gouvernement de Matteo Renzi a fait en 11 mois ce qui n'a pas été fait pendant des années. Je ne veux pas défendre Renzi qui n'a pas besoin de mon aide, mais il fait les réformes, laissons-le travailler», a ainsi déclaré la semaine dernière le patron emblématique du groupe Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne.
«Il y a un an, j'aurais dit “c'est un fou furieux”, mais il a démontré un grand talent dans un système politique en morceaux, dont il est devenu un pivot», explique à l'AFP Giovanni Orsina, professeur d'histoire et politologue à l'université Luiss de Rome.

«En termes politiques, c'est certainement une année de succès», ajoute cet expert.
Dans un pays qui conclut sa troisième année d'affilée en récession et voit le taux de chômage atteindre des sommets, en particulier pour les jeunes, la réforme du marché du travail a pourtant fait descendre dans les rues des centaines de milliers de contestataires, y compris parmi l'aile gauche du PD.
Matteo Renzi est allé de l'avant, posant parfois la question de confiance au Sénat pour faire taire les «frondeurs» du PD et s'appuyant au besoin sur son improbable alliance avec Silvio Berlusconi.

L'Italie a un patron

Sa popularité en a souffert, mais lui-même et son parti restent encore largement devant tous leurs rivaux dans les enquêtes d'opinion, tandis que son dynamisme et son discours anti-austérité ont remis l'Italie sur le devant de la scène européenne.
«L'image perçue en Europe est que, cette fois, il semble qu'il y ait une certaine agressivité politique envers les problèmes. Avant, on donnait l'impression de subir», explique Paolo Onofri, responsable du centre d'analyse macroéconomique Prometeia Associazione.

Et en faisant élire en janvier Sergio Mattarella à la présidence de la République, en dépit de l'opposition affichée de Silvio Berlusconi, il a montré avec éclat qu'il pouvait s'affranchir de l'ex-Cavaliere. «Matteo Renzi contrôle un système politique fragmenté. L'Italie a aujourd'hui un nouveau patron», estime M. Orsina. «L'élection présidentielle a montré une fois de plus que M. Renzi était un homme politique de talent et qu'il est beaucoup plus fort que ses rivaux», ajoutent des analystes de la banque italienne Unicredit.
Grand communicateur à la répartie facile, s'inspirant des styles de Tony Blair ou de Barack Obama, Matteo Renzi inquiète cependant certains responsables préoccupés par une possible dérive autoritaire de ce jeune loup si ambitieux.

Mais après ses premiers succès, Matteo Renzi a promis d'aller plus loin, en poursuivant la modernisation économique du pays et en réformant l'administration publique, l'école, la justice... Autant de défis à première vue gigantesques.
«L'enthousiasme de Renzi risque de ne pas suffire à dépasser les fortes oppositions à des réformes plus profondes, ce qui pourrait avoir des conséquences difficiles à court terme», surtout si la reprise annoncée pour 2015 ne s'accompagne pas d'une réelle embellie sur le marché du travail, estime à l'AFP Raj Badiani, expert à IHS Global Insight.

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