Riche en enseignements sur le moral des cadres, la 5e édition de l’enquête sur les perspectives de la nouvelle année enregistrée un vif succès auprès des participants. Réalisée sur un échantillon de 1.026 personnes actives (cadres dirigeants, cadres, simples employés, ouvrir et autres), l’objectif de cette étude est aussi de prendre connaissance des acquis professionnels de l’année écoulée et surtout d'identifier les attentes et les résolutions 2015, selon ses initiateurs. Sur le plan professionnel, les résultats de l’enquête donnent à penser que 2014 a été une année difficile, vu que 71,2% de l’ensemble des répondants l’estiment moyennement à pas satisfaisante globalement.
Par ailleurs, le sondage effectué fait ressortir des signes encourageants en ce qui concerne les perspectives professionnelles 2015. En effet, l’enquête révèle un certain optimisme chez la majorité des cadres.
«54, 23% trouvent que cette année sera meilleure et 54,49% souhaitent une meilleure rémunération». En dehors de la garantie pécuniaire, l’attente des cadres porte aussi sur un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée (39,44%). En ce qui concerne l’évolution de carrière, 37,6% ont exprimé leur désir de changer d’employeur, rapporte l’enquête. Dans le cadre des résolutions 2015, 32,89% souhaitent mieux organiser leurs journées de travail et 30,43% affichent leur ambition d’améliorer leur bien-être. D’autres facteurs mobilisateurs à ne pas négliger : l’organisation et la définition d’objectifs bien clairs, de valeurs de reconnaissance et de respect sont fortement recommandables par les personnes sondées.
Questions à Khadija Boughaba, directrice Invest RH
«Espérons que la conjoncture soit favorable pour réaliser ces perspectives»
Quelle lecture faites-vous des résultats de l’enquête ?
Une bonne dose d’optimisme de la part des cadres pour cette nouvelle
année ! Par contre et sans grande surprise, les résultats de l'enquête confirment la morosité de l'année 2014, une année sans éclats pour les cadres et particulièrement difficile pour les jeunes diplômés qui ont le plus souffert avec 81,28% qui se déclarent moyennement à pas satisfaits. La faible mobilité externe des cadres (12,6 % ont changé d'employeur en 2014 contre 24% en 2009 par exemple) illustre bien une conjoncture peu dynamique en termes d'opportunités d'emploi à laquelle s'ajoute
une augmentation très sensible des départs négociés (6,5% en 2014 contre 2,9% en 2009).
Parallèlement, l'enquête révèle les attentes réelles et les aspirations professionnelles des jeunes cadres. En plus d'une meilleure rémunération qui se positionne toujours au premier plan au niveau des attentes, nous assistons à un besoin de rapports de plus en plus qualitatifs au travail en termes d'épanouissement, de conciliation vie privée et professionnelle, de bien-être...
Bon nombre de jeunes se déclarent insatisfaits sur le plan professionnel. Quels sont, d’après vous, les blocages qui persistent pour satisfaire leurs attentes ?
Pour les jeunes diplômés, il y a d'abord les difficultés d'insertion ainsi que la précarité à laquelle ils sont exposés au démarrage de leur vie professionnelle. De nombreux témoignages des répondants ont fait état de leur situation en espérant trouver un emploi décent le plus rapidement possible. En ce qui concerne les jeunes cadres en activité, ces derniers déplorent des conditions de travail qui ne favorisent pas leur épanouissement et l'expression de leur potentiel... «Je rêve d'un boulot qui me permet d'apprendre beaucoup de choses, de bénéficier d'un plan de formation...» L'expression d'un malaise et d'une frustration beaucoup plus liée à une nouvelle perception du monde professionnel par les jeunes se dégage nettement et nous invite à réfléchir sérieusement sur les changements à adopter au sein de nos entreprises en termes de management...
«Je fais partie de cette nouvelle génération qui n'accepte plus le modèle de management classique. Le management par la peur, la création des situations d'urgences ne me motive plus…» Besoin de bouger, d'exprimer son potentiel, besoin de gagner plus, de se dépasser, d'avoir la possibilité d'évoluer et de se développer, besoin d'être impliqué, d'exister, d'être interpellé, de communiquer ; voilà qui donne du sens au travail chez les jeunes !
Selon l’étude, la majorité des cadres ont une vision optimiste par rapport à l’année 2015 ? Quels sont, à votre avis, les critères retenus ?
La vision optimiste des cadres est un très bon signe. Je pense qu'ils sont conscients du potentiel de notre économie et de nos richesses humaines et restent confiants sur la capacité des Marocains à se mobiliser. L'annonce de la nouvelle stratégie industrielle et le démarrage d'une bonne saison agricole ont certainement contribué à cet optimisme. Espérons que la conjoncture soit favorable pour réaliser ces perspectives et permettre aux jeunes de déployer leurs talents tout en mettant à profit leur énergie et leur motivation !