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L’audace, graine de l’innovation

Dans un processus d’innovation, il est question de générer des idées, d’étudier leur faisabilité, d’en retenir les plus pertinentes, les développer, les ajuster si nécessaire avant de les mettre en œuvre. Et au cœur de ce processus, il y a la créativité comme véritable moteur d’innovation. Mais pour Lotfi El Ghandouri, manager de Creative Society, il existe un autre ingrédient dont la présence parmi les composantes de ce processus peut sembler incongrue : l’audace !

L’audace, graine de l’innovation
L’empathie joue un rôle important dans l’identification du besoin réel de l'usager, car une création ne peut être innovante que si elle est au service d’autrui.

Lors d’une entrevue accordée à «Éco-Emploi», M. El Ghandouri nous a expliqué que pour innover, il faut d’abord avoir l’audace de le faire. À commencer par avoir l’audace d’éveiller notre curiosité, de défier le statu quo, de poser des questions, de regarder de différentes façons, d'avoir l’audace de nourrir notre imagination et de prendre le temps de rêver. Pour ce faire, il faut avoir l’audace de s’arrêter, de faire une pause pour donner libre cours à cette curiosité et cette imagination (une phase appelée conscience). «On est tous devenus des hyperactifs, on a tous un déficit d’attention. Donc, il faut oser provoquer cette conscience, cette capacité de s’arrêter. C’est une chose que les agences de publicité et de marketing réussissent très bien», a-t-il souligné.
L’audace repose sur quatre piliers. Si l’un d'entre eux fait défaut, cela devient de la témérité. Le premier élément est l’estime de soi qui implique de la confiance en ses propres capacités et ressources. À ce sujet, Lotfi El Ghandouri rappelle comment l’éducation et l’environnement de l’enfant influent sur son estime pour lui-même, en bridant sa curiosité naturelle. C’est également valable en milieu de travail où un collaborateur réprimé garde ses idées pour lui-même. À ce niveau, il y a un piège à éviter : ne jamais oser entreprendre quoi que ce soit juste pour prouver aux autres qu’on est capable de le faire et non parce qu’on est convaincu qu’il faut le faire. Le deuxième pilier de l’audace est la sagesse, celle de pouvoir évaluer les risques. M. El Ghandouri tient à préciser qu’à ce niveau, il ne s’agit pas d’expérience ni même d’expérimentation, mais plutôt de «la capacité de regarder dans son vécu et d’aller chercher les apprentissages».

Pour ce qui est des troisième et quatrième éléments, l’habileté et la patience en l’occurrence, il s’agit d’avoir les compétences requises ainsi qu’une solide volonté pour mener à bien son projet. Il faut accepter les échecs et avoir la patience de tout recommencer autant de fois qu’il le faut jusqu’à ce que l’objectif escompté soit atteint. Cet objectif ou solution n’a pas besoin d’être parfait, car, comme le précise M. El Ghandouri, «au lieu de chercher le produit parfait, il faut trouver une solution qui fonctionne pour le moment et l’améliorer par la suite. Et cette évolution ne peut se faire qu’à travers l’écoute de l’usager». De l’écoute et surtout de l’empathie qui permettra, selon lui, d’identifier le besoin réel du consommateur, car une création ne peut être innovante que si elle est au service d’autrui. «L’innovation est la conséquence d’une satisfaction, c’est une question d’impact», a-t-il déclaré avant de déplorer le fait que les individus et les entreprises sont devenus «obsédés» par l’innovation, mais cela s’est réduit à une tentative de recréer un succès qui a été réalisé ailleurs. «Il est possible d’importer un produit, mais non pas les relations, les sentiments, l’histoire. On peut copier une idée, mais pas une expérience et tant qu’on ne peut pas le faire, on ne peut être innovateur», a-t-il expliqué.

Ainsi, un processus d’innovation commence par une observation profonde et «sincère» qui permettra l’identification du besoin réel à travers plusieurs clés dont la jonction permettra d’arriver à une solution non pas simplifiée, mais qui a le plus de valeur ajoutée. Ensuite vient l’étape du prototypage qui précède l’envoi du produit sur le marché si la valeur ajoutée est suffisante, ceci tout en restant «en conversation» avec l’usager. Il faut toutefois noter que le processus d’innovation n’est pas linéaire. Il est possible d’aller d’un point à l’autre sans respecter cet ordre.

Et pour conclure, Lotfi El Ghandouri soutient que nous naissons tous créatifs, mais peu de personnes sont capables de générer de nouvelles perspectives et que «le défi est de toujours revenir à la source : provoquer l’audace de nourrir notre curiosité, l’audace d’éveiller notre imagination, l’audace de collaborer entre nous, et la conséquence sera l’innovation.» 

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