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La finance islamique en débat

L’École nationale de commerce et de gestion de Kénitra a organisé, en collaboration avec l’Université Dauphine Paris, un Colloque international autour de la finance islamique.

La finance islamique en débat
Les intervenants ont été unanimes à souligner que le débat sur l’économie et la finance islamique doit être soustrait de toute charge idéologique.

Le Laboratoire de recherche en sciences de gestion des organisations de l’École nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Kénitra a récemment organisé, en collaboration avec l’Université Dauphine Paris, la première édition du Colloque international sur la finance autour du thème «Finance islamique : Modèle alternatif du développement de la finance mondiale ?».

Sadok Khazrouni, directeur de l’ENCG, a souligné que ce colloque revêtait une importance capitale compte tenu des questions qu’il soulève et des réponses qu’il peut apporter aux chercheurs et aux étudiants de cette grande école. «Le choix de la thématique n’est pas fortuit, sachant que cette rencontre constitue une belle occasion d’échanges et de discussions autour des valeurs et des pratiques de la finance islamique, partie intégrante d’un système plus large, celui de l’économie islamique», a-t-il relevé. «Une doctrine qui, à l’instar des autres, dispose de son propre système de valeurs» indique-t-il en substance.

Pour sa part, Omar Kettani, professeur universitaire et expert de l’économie islamique, a estimé que le monde arabo-musulman était le berceau des sciences économiques. «Bien avant Ricardo et Adam Smith, les penseurs musulmans tels Ibn Khaldoun, Al Makrizi ou Al Bairouni ont mis les premiers jalons d’une économie basée sur une redistribution équitable des richesses conformément aux principes de la “Zakat” et “Al Infaq”», a-t-il précisé. Le conférencier n’a pas manqué de rappeler que le système économique islamique a introduit la logique de solidarité «Attakafoul» dans tout acte économique. Il a, en outre, estimé que la société civile pourrait jouer un rôle prépondérant, à cet égard, en s’investissant dans un domaine qui adopte les principes de l’économie solidaire telle que nous la découvrons aujourd’hui.

Il est à souligner qu’à travers ce colloque, les chercheurs se sont interrogés sur la capacité de la finance islamique à servir de modèle alternatif de développement de la finance mondiale. Cette réflexion prend une importance particulière pour le Maroc, actuellement engagé dans un chantier de réforme réglementaire en vue d’ouvrir le paysage financier national sur cette forme de finance alternative.
Pour ce faire, les organisateurs de ce colloque ont jugé opportun de commencer par une analyse des frontières de démarcation entre la finance islamique et la finance conventionnelle, à la recherche des sources de divergences, mais aussi des enjeux de l’intégration de la finance islamique dans la sphère mondiale. Ils se sont penchés, en deuxième lieu, sur l’évaluation des qualités attendues des institutions islamiques en termes de bonne gouvernance, mais aussi de gestion des risques.

Cette rencontre a aussi été l’occasion pour les participants d’analyser les propriétés tant techniques que juridiques et fiscales des produits islamiques en vue de s’approcher de l’esprit des prescriptions islamiques au-delà des questions de forme. L’analyse de la communication et du marketing des institutions islamiques présente un autre éclairage de cette question. Enfin, il a été procédé à l’évaluation des apports de la finance islamique dans un cadre plus global de développement économique et, notamment, la propension de la micro-finance islamique à favoriser l’investissement, l’inclusion sociale et le développement durable.
Il est à souligner que plusieurs intervenants ont tenu à préciser, lors de ce premier colloque, que le débat sur l’économie et la finance islamique devrait être soustrait de toute charge idéologique et manichéenne. 

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