L’atelier international sur la mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies sur le développement alternatif, appelé la deuxième Conférence internationale sur le développement alternatif (ICAD2), a réuni, en Thaïlande, à Bangkok, les décideurs et acteurs de nombreux pays du 19 au 25 novembre. Au cours de ces travaux, le Maroc, représenté par l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des préfectures et provinces du nord du Royaume (APDN), a présenté l’expérience marocaine en la matière.
Le directeur de l’Agence, Mounir El Bouyoussfi, a partagé l’expérience marocaine ainsi que le bilan des réalisations de l’APDN dans le développement alternatif, axe principal de la lutte contre la culture du cannabis au Maroc.
Il a ainsi rappelé que le gouvernement du Maroc avait entamé, au début des années 2000, une politique volontariste face à la problématique du cannabis, en essayant trois générations d’approches de développement, visant à réduire durablement les cultures illicites. La première approche, entamée principalement entre 2003 et 2008, consistait à développer l’expertise nationale sur la problématique, en réalisant, en cofinancement avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les trois premiers rapports annuels «enquête cannabis» pour les années 2003 à 2005.
Par la suite, consciente des lacunes des premiers programmes centrés uniquement sur les cultures de substitution, l’Agence du Nord en a lancé une nouvelle génération. Une stratégie qui s’est notamment traduite par le lancement d’un Programme intergouvernemental de développement intégré (2009-2011), unique en son genre, ciblant près de 95 communes rurales réparties sur 5 provinces (Larache, Taounate, Chefchaouen, Al Hoceima et Tétouan) concernées par la culture du cannabis et une population cible d'un million de personnes. Consciente des lacunes de l’approche participative et de l’appropriation locale des projets, l’Agence a mené une réflexion sur une troisième génération de programmes de développement rural. En partenariat avec le ministère de l’Intérieur et la société civile, le Maroc a développé une approche qui s’est traduite par un appui au processus de planification territoriale dans 219 communes rurales, basé sur un diagnostic participatif unique en son genre reposant sur une enquête globale ayant concerné près de deux millions de personnes, reposant sur plus de 300.000 enquêtes ménages.
Ce qui repose aussi sur la production d’une vision et d’un plan d’action stratégique pour toutes ces communes. Cette approche participative renforcée a abouti à une connaissance unique des besoins des populations, notamment ceux des populations rurales précaires, hiérarchisées par un indicateur global d’enclavement social. C’est à partir de là qu’une nouvelle feuille de route du développement, sur 6 années, a été élaborée sur la base d’un portefeuille de 8.000 projets pré-identifiés. Un plan prévoyant un budget de près de 3 milliards d’euros mobilisant l’ensemble des opérateurs publics, dont un programme prioritaire d'un milliard d’euros (plateforme stratégique 2013-2018). Cette stratégie a été déclinée par l’Agence en plus de 1.000 projets pré-identifiés, tous connectés à des indicateurs. La réalisation est aujourd’hui bien avancée et les premières évaluations préliminaires montrent des résultats encourageants.
Cette approche a prôné l’intégration de filières productives locales, reposant sur l’appui aux maillons faibles des activités génératrices de revenus et d’économie sociale (conception, commercialisation, qualité de production…) ainsi que le renforcement des ressources économiques des acteurs locaux (créations de marchés, locaux commerciaux modernes, etc.) afin de développer et de pérenniser leur capacité, initialement très faible, d’investissement dans le développement humain.