Les sidérurgistes marocains sont à pied d’œuvre pour se mettre à niveau face à la concurrence étrangère qui s’exacerbe, malgré tout. C'est le cas notamment de la branche de production nationale de fil machine et fer à béton qui vient de décrocher une prorogation de la mesure de sauvegarde pour trois ans supplémentaires (lire notre édition de la veille www.lematin.ma). Cette branche est, en effet, «en train de finaliser un important programme d’ajustement structurel visant à renforcer ses facteurs de compétitivité et à développer une offre de produits à forte valeur ajoutée», affirme le département du Commerce extérieur dans le rapport d’enquête de sauvegarde qu’il avait lancée en juillet et dont il vient de dévoiler les résultats.
À noter que ce programme a été amorcé par les producteurs nationaux dès la mise en œuvre de la mesure de sauvegarde. «La plupart des investissements réalisés depuis 2013 ont été effectués pour le maintien et la survie de la branche qui était en phase de restructuration financière et sociale», note le rapport, relevant que certaines actions sont en cours et d’autres abandonnées à cause des importations massives.
Ces investissements concernent sept entreprises : Sonasid, Univers Acier, Morrocan Iron Steel, Somasteel, Ynna Steel, Universal Industrial Steel et Riva Industrie. Ainsi, parmi les projets en cours de Sonasid, figure une plateforme de démantèlement de navires obsolètes pour générer la ferraille. Ce projet est initié en collaboration avec les ministères de l’Industrie et de l’Équipement et sera achevé en 2018.
Il s’agit également d’une centrale d’achat de ferraille, de la restructuration de la filière de collecte de ferraille, d’un investissement dans l’éolien avec des retombées attendues dès 2018, du développement de l’activité d’armature, de la diversification des combustibles utilisés et du développement de nouveaux produits entre autres.
Par contre, le leader marocain de la sidérurgie a suspendu un projet visant l’accroissement de sa part de marché de la billette. «Cet investissement prévu en 2015 a été suspendu en raison de pressions trop fortes sur les prix de billette à l’international», explique la société.
Ynna Steel reprend ses activités en 2016
Parmi les révélations du ministère concernant le programme d’ajustement structurel de cette branche, on notera la reprise d’Ynna Steel l’année prochaine. La filiale du groupe Chaâbi, qui était à l’arrêt depuis 2012, compte ainsi redémarrer son unité de production en 2016. L’investissement complémentaire qu’elle y misera devra lui permettre d’améliorer les performances de la production du fer à béton et de mettre en service l’atelier de production du fil machine, indique le ministère.
Le plan d’ajustement est censé être mis en œuvre dès fin 2015 pour une durée de 4 ans, en deux phases : mise à niveau et redémarrage de l’unité de production et mise en place de l’organisation pour 2016 et montée en régime, optimisation et maitrise de l’outil de production en 2017-2019.
Somasteel s’est également lancé dans un programme d’ajustement qui a connu des réalisations et des projets en cours, mais aussi un projet reporté «en raison de la situation actuelle du marché». Il s’agit de l’installation d’une nouvelle aciérie qui est renvoyée à 2016.
C’est aussi le cas pour Univers Acier, dont le programme d’ajustement a démarré en 2013 et devrait s’étaler sur une période de 6 à 7 ans. Parmi les actions en cours, le rapport du Commerce extérieur cite la mise en place du programme de contrôle de la ferraille chez les petits collecteurs. Pour les actions abandonnées, la société a préféré ne pas les dévoiler. Morrocan Iron Steel (MIS) a, quant à lui, installé une aciérie pour devenir un acteur totalement intégré, réduit «sensiblement» sa consommation énergétique et a démarré l’utilisation de combustibles moins nobles «Pet Coke». Selon MIS, ces investissements sont aujourd’hui totalement opérationnels, mais nécessitent un peu de temps pour l’adaptation.
Concernant RIVA, une unité qui vient de démarrer sa production en cette fin 2015, elle planche actuellement sur la recherche de sources d’approvisionnement nouvelles, de nouvelles sources énergétiques notamment éoliennes et sur la mise en place d’outsourcing, en plus d’alliances stratégiques avec des partenaires en co-développement des produits et des marchés.
Universal Industrial Steel, un autre nouvel acteur sur le marché, n’est pas en reste. En 2015, la société a agi notamment sur les coûts, en remplaçant le gaz butane et propane par le fuel, en investissant dans la performance des outils de production et en optimisant ses achats de matières premières.
