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Apprenez à faire votre deuil pour gérer une situation de changement !

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le processus de deuil n’est pas forcément lié à la mort d’une personne. Il s’applique également en entreprise et concerne justement toutes les situations de changement difficile, notamment une dégradation, une perte de responsabilité, un licenciement ou tout simplement la fin d’un projet ambitieux. Ce processus induit d’ailleurs des étapes dont on n’a pas toujours conscience, mais qui doivent être respectées. Éclairages avec Saïda Salime, coach holistique et partenaire des formations EFT/CR/ZM.

Apprenez à faire votre deuil pour gérer  une situation de changement !

Éco-Conseil : Pourriez-vous nous expliquer les étapes du deuil ?
Saïda Salime : Généralement, nous associons le deuil à la mort, or dans le domaine de l'accompagnement, ce mot a un sens plus large. Il s’applique à tout ce qui marque la fin d’une situation, d’une étape, d’une habitude, d’un projet entamé, d’un mode de fonctionnement ou d’une organisation…
Il inclut donc tout changement, qu’il soit désiré par la personne ou imposé de l’extérieur. Dans un environnement de travail, le changement est fréquent et donc le processus de deuil s’impose comme un levier de gestion incontournable. Ce que nous appelons la courbe du deuil d’Elisabeth Kübler-Ross représente le cheminement psychologique par lequel une personne en processus de deuil va passer. Il s’agit de deux phases :
• La phase descendante : Elle démarre à l’instant T, quand le changement prend place. La personne a encore un lien profond, émotionnel, cognitif, fonctionnel et structurel avec ce qui était avant. On y trouve les valeurs que la personne a injectées, son implication émotionnelle, les croyances avec lesquelles elle a géré sa présence, les besoins fondamentaux qu’elle a structurés, et même la conscience collective qui l’a imprégnée.
Ces ensembles de liens implicites vont projeter la personne dans une déstabilisation plus ou moins intense qui va alterner différents états internes : Le choc et le déni, avec réactions de fuite, la victimisation et la colère contre soi-même et contre tout ce qui a été vecteur du changement, la peur de perdre les acquis et les repères d’identification ainsi que la tristesse de s’éloigner de ce qui était connu et reconnu par le cerveau.
• La phase ascendante : Elle démarre lorsque la personne commence à poser un regard sur la manière de s’élever de la perturbation émotionnelle, de se connecter aux ressources intérieures, ou percevoir l’avantage à intégrer ce qui est nouveau. Ce cheminement représente l’ouverture à l’évolution et la dynamique de croissance dans le chemin professionnel et individuel de la personne.

En quoi est-il si important de respecter ce processus de deuil ?
La prise de conscience de la phase descendante est aussi constructive que la phase ascendante et permet de gérer la transition avec moins de tensions, en s’ouvrant aux apprentissages qu'on peut en tirer. L’intensité émotionnelle manifeste dans la phase descendante est d’ailleurs l’expression de la recherche de solutions. Lors de cette phase, les 3 cerveaux : reptilien, limbique et néocortex, sont en échange de données et d’informations pour trouver le nouvel équilibre. Cette phase constitue un travail intérieur spontané et naturel dans le fonctionnement intérieur de l’être humain. Il est donc important de donner le temps et la place à ce travail de s’accomplir, pour permettre l’accès à la phase ascendante avec une structure saine et compatible avec le chemin d’évolution de la personne.

Comment le manager peut-il accompagner ses collaborateurs dans ce processus ?
Gérer les transitions et les changements fait partie intégrante du management. Prendre conscience du processus du deuil permet de gérer avec subtilité les enjeux qui vont affecter la mise en place d’un changement, voire déterminer sa réussite ou son échec. Chacun vit différemment la trajectoire du processus de deuil. Certains peuvent rester plus longtemps dans une phase, d’autres peuvent la traverser avec plus de fluidité, sans que cela dépende du niveau de formation et des compétences de chacun. Même face à un changement avantageux et désiré, le processus du deuil aura lieu à des niveaux variables chez les uns et les autres.
L’enjeu pour le manager sera de mettre en place une structure d’écoute et d’accompagnement qui veillera à fluidifier le passage dans l’accueil et la bienveillance, cas par cas, loin des jugements, des notations et des interprétations. Accueillir, y compris pour le manager lui-même, les différentes manifestations du processus de deuil lors la phase descendante permet d’en tirer le meilleur bénéfice, que ce soit pour l'évolution de la personne ou pour celle de l'entreprise. Pour conclure, je dirai que prendre conscience que le passage par la phase descendante, même vécu intensément, peut engendrer des évolutions exemplaires et impressionnantes, et faire le choix d’aller vers l’accompagnement et les structures d’écoute en considérant ce choix comme un investissement profitable, autant pour l’entreprise que pour la personne elle-même. 

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