Comme dans la vie, à chacun son paradis. Jalila El Aouki a, semble-t-il, déjà trouvé le sien : la poésie. Pour cette poétesse marocaine d’expression arabe, ce genre n’est pas un simple exercice. Contrairement au roman, dans la poésie, le texte doit être ciselé de bout en bout et doit vraiment tenir le lecteur en haleine.
Ces deux éléments se conjuguent dans l’œuvre de Jalila El Aouki, «Awraqou Âchiqa», qui s’inscrit dans la même démarche intellectuelle qu'auparavant : questionner l’amour. Elle revient sur ce thème rebattu, visité et revisité par les plus grandes plumes de la planète à travers les siècles. D’où la double complexité de cet exercice. Ce double pari, la poète l’a bien réussi. Dans ce recueil décliné en 50 poèmes, il s’agit de questionner l’essence de l’amour dans une relation entre le réel et l’imaginaire.
Le tout avec beaucoup de romantisme. Entre le rêve, les fantasmes, le désir… toutes les facettes et les paradoxes de l’amour sont là. Il s’agit aussi et surtout d’une quête de l’amour, un lancinant cri du cœur. Les cinquante poèmes de ce nouvel opus nous font traverser tous les états d’âme. Ils nous rappellent surtout que l’amour existe, même si on court le risque d'être blessé à vie. Cette soif d’amour, Jalila El Aouki essaie de la combler. Il y a aussi cette pénible sensation de ne pas pouvoir penser l’amour, librement, sereinement. «Awraq Âchiqa» nous rappelle aussi qu’à l’instar d’un peuple en quête de lui-même, il nous faut parfois expérimenter des épreuves difficiles de remises en cause, de séparation, de transformation, de certitudes, pour enfin trouver un espace de jeu et de liberté. Avec des mots justes, simples et touchants, la poétesse a réussi à bien nous parler d’amour.