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Éco-Conseil : Qu'est-ce que l'authenticité des salariés en entreprise ?
Hafssa El Bakkali : Parler d’authenticité nous renvoie tout d’abord à sa définition au sens large. Ainsi, on trouvera que l’authentique fait référence à ce qui est véridique, solennel, vrai et pur. En philosophie, «c’est une vertu par laquelle un individu exprime avec sincérité ce qu’il est profondément». L’idéal d’authenticité d’un individu, pour Charles Taylor, suppose que «s’exprime, au-delà de tout conformisme social, sa “vérité intérieure”, à laquelle il doit être fidèle». Développer des relations fondées sur la communication authentique serait donc un challenge des entreprises humanistes et des managers convivialistes, selon les expressions de Jacques Lecomte, un des principaux experts de psychologie positive, dans son ouvrage paru récemment «Les Entreprises humanistes. Comment elles vont changer le monde». Des relations pareilles sont, à mon sens, nourrissantes, sécurisantes, profondes et, de ce fait, elles sont source de bonheur personnel et d’efficience des équipes au travail, dans un cadre intégralement «win-win». Être authentique dans sa relation, je le résume en disant : s’écouter vrai, parler vrai, écouter vrai.
La notion d'authenticité est souvent liée au besoin d'appartenance des salariés. Qu'en pensez-vous ?
Nous avons l’habitude dans nos relations, en entreprise ou ailleurs, de nous lancer dans une série de jugements.
Nous étiquetons l’autre, l’évaluons sur la base de notre propre carte du monde. Nos préjugés et stéréotypes biaisent nos relations, sans qu'on ait le courage d’exprimer nos sentiments et nos propres besoins. Nous nous mettons des masques pour pouvoir vivre en groupe et satisfaire ainsi notre besoin vital d’appartenance.
Nous nous coupons de ce que nous sommes pour pouvoir exister. Nos relations peuvent même être marquées par de la violence qui, extériorisée, peut déclencher des conflits. Intériorisée, celle-ci pourrait être source de dépression, de stress et de burn-out. L’authenticité s’avère être un pari face à la violence, car quand on n’a pas de mots pour dire ce qu’on ressent, on critique, on insulte... ou bien on déprime. Dans tous les cas, c’est une forme de violence, tournée vers l’autre, ou bien vers soi-même. Développer sa propre authenticité consiste donc à retrouver les «mots justes», fruits d’un alignement interne «tête-cœur», pour éviter que cela ne dérive vers de vrais «maux».
Quelles mesures RH pour assurer l'authenticité des salariés et les aider
à exprimer leur identité ?
Je crois qu’il est fondamental, pour les entreprises qui ont donné la priorité à la relation, de proposer des espaces d’échange entre leurs équipes, à travers des team buildings et des ateliers dédiés. Cependant, le cadre devra être sécurisant, où la personne pourra s’exprimer authentiquement, sans avoir peur d’être rejetée ou jugée, ni par ses collègues, ni par sa hiérarchie. Ces espaces sont en occasion d’or pour consolider les équipes, clarifier les malentendus et partager ses joies et ses valeurs. Cela pourrait paraître utopique aux yeux de quelques-uns, mais la réalité prouve qu’il y a des entreprises marocaines qui ont fait le pari de l’authenticité dans la relation. Dans ce cadre, j’aimerais saluer le projet leader de l’école de management de Renault, dans lequel l’équipe a participé à la conception d'un espace majeur de développement de l’authenticité et de l’épanouissement entre les managers de Renault Maroc.
