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Contrairement aux idées reçues, l’innovation est loin d’être un processus compliqué. Le tout est de l’aborder sans complexes pour en faire un avantage concurrentiel pour l’entreprise. Même que plus le concept paraît irréalisable, plus il est possible d’innover, l’idée étant de faire en sorte que les freins se transforment en vecteurs de l’innovation et partant, en avantages compétitifs. «C’est parce qu’une barrière paraît insurmontable qu’on peut innover», a assuré Youssef Barradi, directeur marketing et développement stratégique de Lesieur Cristal Maroc. Intervenant lors de la conférence organisée jeudi dernier à Casablanca par ESCA École de management sur le thème «L’innovation comme avantage concurrentiel : leviers et perspectives», Youssef Barradi a expliqué que dans le cas d’une économie en émergence aussi bien que développée, l’innovation se trouve face aux mêmes défis : un contexte volatile, ambigu, incertain et complexe et «charge à l’entreprise d’avoir une avance de quelques années avec un package d’innovations pour prévenir les risques». Nabil El Hilali, enseignant-chercheur à ESCA École de Management, pense, quant à lui, que l’innovation dans une économie émergente a des spécificités qui lui sont propres, ajoutant que la quatrième révolution industrielle a élargi le champ du possible grâce notamment à la réduction des distances et au savoir transdisciplinaire. Il a également présenté les trois théories actionnables dans le champ de l’innovation : l’«Innovation disruptive», l’«Innovation frugale» et le «Design Innovation». La première désigne un processus par lequel une petite entreprise, avec peu de ressources, réussit à concurrencer les leaders du marché. «Il s’agit en fait de produire des biens et services pour des consommateurs non desservis et ensuite migrer vers le marché grand public», a précisé Nabil El Hilali.
Dans le cas de l’«Innovation frugale», il est question pour l’entreprise de développer des produits innovants avec les moyens dont elle dispose. Quant au «Design Innovation», l’innovation se fait à travers le design en tant science de la conception. «Au lieu de recourir aux études de marché classiques, on utilise des paradigmes issus des sciences du design», a-t-il expliqué.L’évènement a été également l’occasion de présenter les retours d’expérience de deux porteurs de projets qui ont réussi par l’innovation. Bastien Moreau, DG de Jumia qui opère dans le e-commerce, a expliqué comment le manque d’infrastructures logistiques organisées et la défiance des consommateurs face au paiement en ligne ont été non pas des freins, mais des moteurs d’innovation et les clés de succès de leur business au Maroc et en Afrique. «Nous avons été contraints d’innover pour la création d’un business model adapté à des pays à économie émergente et de convertir les barrières en avantages compétitifs de façon à devenir indétrônables», a souligné Bastien Moreau.
De son côté, Mehdi Alaoui, PDG de Screendy qui est une startup marocaine spécialisée dans le développement d'applications pour mobile, a raconté comment une idée simple, mais innovante a été à la base du succès de son projet : le déficit en nombre de développeurs d’applications mobiles. Partant de là, Mehdi Alaoui a créé un outil permettant à tout développeur d’applications de devenir développeur mobile en moins
d’une heure !
Design et innovation
«Le design est stratégique pour repenser les modèles économiques et l’engagement sociétal». Cette phrase émane du fondateur de Design-Lab France, Mahdi Naim. Pour lui, le design est au cœur du développement de la stratégie et du changement organisationnel. Et si le design ne peut être réduit à l’esthétique, l’innovation ne peut non plus se limiter à la simple créativité ou aux ruptures technologiques. Il s’agit d’un processus collectif impliquant les principales fonctions de l’entreprise et qui n’est pas forcément lié à la R&D sa réussite.
