L'Institut royal des études stratégiques (IRES) tient à contribuer au débat international sur les problématiques majeures auxquelles sont confrontés les espaces maritimes et à mettre en avant la place et les spécificités du Maroc. Dans ce sens, l’Institut vient de rendre publics (dans un document de plus de 200 pages) les actes de la rencontre internationale qu’il avait organisée, en décembre dernier, sur les enjeux géostratégiques des espaces maritimes et qui avait connu la contribution d’experts nationaux et étrangers et des départements ministériels concernés.
Ce nouveau document de l’IRES met en avant la vocation maritime du Maroc qui le place au centre des enjeux vécus par les pays maritimes. En effet, doté d’une façade maritime de 3.500 km, donnant accès à la fois à la mer Méditerranée qu’à l’océan Atlantique, le Maroc, qui a toujours accordé une importance particulière au développement des infrastructures portuaires, se trouve en face de défis multidimensionnels pour la mise en valeur de son espace maritime. Justement, la littoralisation accrue des activités humaines et économiques confère aux façades maritimes une importance indéniable, appelée à s’intensifier à l’avenir, puisque ce phénomène devrait concerner plus de 70% de la population mondiale lors des prochaines décennies, relève le document. Cette littoralisation s'accompagne par le développement de mégapoles portuaires intégrées dont l'objectif est d'attirer le maximum de trafic maritime et d'activités connexes. Ainsi, le document évoque la question des tensions sécuritaires qui pèsent sur les espaces maritimes, notamment la piraterie et l’immigration clandestine, les nouveaux défis économiques que suscite la mise en valeur de ces espaces ainsi que les enjeux environnementaux liés à l’exploitation non durable des ressources marines. Il relève, outre les risques induits par l'accroissement de la menace terroriste et de la piraterie, le fait que les espaces maritimes ont connu une augmentation importante de la migration clandestine, comme en témoignent les flux migratoires recensés dans le bassin méditerranéen.
Afin de faire face à ce défi, plusieurs dispositifs doivent être mis en place pour enrichir l'arsenal juridique en matière de droit maritime. Dans ce sens, l’une des recommandations émises appelle à «la nécessité pour le Maroc de transformer les atouts que lui confère sa position géographique privilégiée, au plan maritime, en véritables leviers compétitifs de sa puissance attractive, tout en s'appropriant les instruments juridiques internationaux qui régissent les espaces maritimes à des fins de défense des intérêts prioritaires du Royaume».
Les actes de la rencontre abritée par l’IRES en décembre soulignent aussi les effets négatifs liés au transport maritime, à l’exploitation effrénée des ressources halieutiques et à la pollution des océans et des mers. Ce qui soulève d’importants défis dont les impacts sur la biodiversité marine et sur les équilibres environnementaux, dans leur ensemble, ne sont pas des moindres.