Éco-Conseil : Qu'est-ce que la gamification et quelle est son utilisation en entreprise ?
Sara Naït Slimane : On sait tous que jouer apporte du fun, de la relaxation, du plaisir, du bien-être et de l’excitation pour relever les challenges et les défis en progressant d’une étape à une autre. Et si le jeu était au service de vos objectifs les plus difficiles à atteindre tout en vous permettant d’accroître vos revenus et gagner en performance ? C’est d’ailleurs le principe de la gamification appliquée en entreprise. Une pratique qui parait bizarre, à laquelle la majorité des entreprises n’accordent pas assez d’importance, et pourtant elle existe depuis longtemps et a fait ses preuves. Il s’agit de transformer les actions les plus contraignantes et qui sont considérées comme des corvées en jeux amusants et en activités sympa, comme le fait de remplir des formulaires, saisir des informations, poursuivre la progression des ventes. Tout cela à travers des applications attrayantes installées sur les mobiles ou les PC. Cela permet de résoudre les problèmes, de mieux faire circuler l’information et de mieux attirer et fidéliser les clients dans un cadre amusant sans pour autant leur mettre de la pression.
Concrètement, quelles sont les techniques de gamification qui permettent aux employés de se motiver et de se lancer des défis ?
Prenons l’exemple d’une équipe commerciale chargée de vendre un type de bien ou de service et d’attirer le maximum de clients. Cette équipe doit donc être motivée, dynamique et déterminée à la réalisation des objectifs de l’entreprise. Appliquée pour ce service, la gamification propose des types d’applications de jeux sur mobiles permettant d’accroître les résultats commerciaux, stimuler le goût du challenge et faire un suivi permanent de la progression des ventes. Cela est aussi important dans la mesure où le superviseur peut coacher son équipe en traduisant ses objectifs et en lançant des challenges tout en s’amusant. Rappelons-nous que les objectifs stratégiques de la gamification en entreprise sont, entre autres, le plaisir, la pédagogie et la performance. Le plaisir se procure chez les collaborateurs en réalisant leurs tâches et en relevant des challenges dans un cadre amusant, ce qui permet au cerveau de sécréter l’hormone de la dopamine. Pour la pédagogie, le jeu est un vecteur de transmission de messages et d’informations, ce qui favorise l’apprentissage sans pour autant fatiguer le cerveau. En ce qui concerne la performance, cela est évident, vu que la gamification permet d’être en challenge de manière permanente, ce qui encourage les salariés à aller plus loin et au-delà de leurs objectifs.
La réussite de la gamification est tributaire du changement de culture en entreprise. Quels moyens se donner pour assurer ce volet et réduire la réticence aux changements des collaborateurs ?
Certes, les objectifs de la gamification sont ambitieux, mais il n’est pas toujours évident de mettre en place cette pratique. Cela requiert avant tout un changement de culture en entreprise en favorisant la créativité et l’innovation. Il est important aussi de veiller à réduire le phénomène du stress. D’ailleurs, un environnement où le stress règne, les managers sont toxiques et les conflits existent souvent affecte négativement la performance des collaborateurs et ralentit leur productivité.
La gamification permet la réalisation des tâches dans le cadre du fun et de donner aux collaborateurs le goût du challenge en produisant de l’excitation dans le passage d’une étape à une autre. De ce fait, la réussite de cette démarche est tributaire de plusieurs facteurs, notamment l’apaisement des conflits et des tensions, l’instauration d’un climat de bonne humeur, la réduction de stress ainsi que l’attraction des clients sans leur mettre de la pression. Néanmoins, la mise en place de n’importe quel nouvel outil de travail nécessite un accompagnement pour réduire les réticences au changement.
Je recommande dans ce sens de faire un brainstorming et d’organiser souvent des réunions afin de permettre aux collaborateurs de libérer leurs idées et d’apprendre à s’impliquer davantage dans le travail. Cela permettra ainsi de gérer les émotions de peur et de réticence liées à ce changement.