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La transition énergétique mondiale : «Le soleil et le vent n’envoient pas de factures»

Rares sont les mots allemands qui réussissent à entrer dans le vocabulaire international. Il y a «Angst» (peur), «Waldsterben» (mort ou dépérissement des forêts) ou encore «Kindergarten» (jardin d’enfants), et aussi «Energiewende» (tournant ou transition énergétique) qui a été adopté ces dernières années. Il s’agit de notre projet de passer à une économie verte basée sur des énergies renouvelables et non nucléaires.

La transition énergétique mondiale : «Le soleil et le vent n’envoient pas de factures»

La transition énergétique allemande est le pendant du projet américain «Man to the Moon». Les paroles prononcées par l’astronaute américain Neil Armstrong lors de son atterrissage sur la Lune ont résonné dans le monde entier : «C’est un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité». En optant pour la transition énergétique, l’Allemagne a osé franchir un premier pas. Et il est encourageant de voir que d’autres pays comme le Royaume du Maroc sont aussi déterminés à promouvoir la transition énergétique et l’utilisation d’énergies non fossiles. Pour que ces premiers pas conduisent à l’accomplissement nécessaire de grands pas, nous avons besoin d’une coopération constante au sein de l’ensemble de la communauté internationale. La prochaine conférence sur le climat, la COP 22, qui se tiendra à Marrakech, peut aider à poser des jalons importants dans cette voie.

Là aussi, le Maroc et l’Allemagne, qui ont déjà ratifié l’Accord de Paris, avancent ensemble. Le Maroc mène une politique climatique engagée qui bénéficie de conditions mondiales exceptionnelles pour produire de l’énergie solaire et éolienne. Cet environnement naturel particulièrement favorable le prédestine à la production d’énergies durables et respectueuses du climat. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a identifié très tôt ce potentiel et donné au Maroc des orientations politiques qui placent aujourd’hui le pays au premier rang des pionniers de la protection du climat en Afrique du Nord et dans le monde arabe. Le Maroc présente ainsi toutes les qualités requises pour accueillir la COP 22. Il est engagé dans de nombreux projets phares qui peuvent être une source d’inspiration pour les participants internationaux de la conférence. Avec sa centrale solaire Noor 1 à Ouarzazate raccordée au réseau électrique et le développement rapide de la production d’énergie éolienne, le Maroc définit d’ores et déjà de nouvelles références, notamment pour l’Afrique, et sait que la nature est un trésor qu’il convient de protéger et de faire fructifier.

Les objectifs de la transition énergétique allemande sont ambitieux

Depuis l’an 2000, l’Allemagne renouvelle complètement son secteur énergétique. Elle renonce progressivement à l’énergie nucléaire et souhaite diviser par deux sa consommation énergétique d’ici 2050 et passer aux énergies renouvelables et aux réseaux intelligents. L’Allemagne aura fermé d’ici 2022 toutes ses centrales nucléaires, réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 95 pour cent d’ici 2050 au plus tard et augmenté drastiquement la proportion des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique en la portant à 80 pour cent d’ici 2050. L’efficacité de la consommation énergétique aura cependant toujours la priorité sur la création de nouvelles sources d’énergie. En d’autres termes, le kilowatt-heure le plus performant reste celui qui n’est pas consommé.

La transition énergétique mondiale règle plusieurs problèmes à la fois

C’est un plan ambitieux, mais nous sommes absolument sur la bonne voie. L’Allemagne plaide également au niveau international en faveur d’une transition énergétique mondiale et pour de bonnes raisons :
• Premièrement, les coûts internationaux d’un approvisionnement énergétique non durable sont énormes. L’importation de combustibles fossiles soumise à des impondérables et souvent à des incertitudes, les catastrophes nucléaires comme à Tchernobyl en 1986 et à Fukushima en 2011 ainsi que les tonnes de gaz à effet de serre générées par la production d’énergies conventionnelles, tout cela peut être évité ou réduit grâce aux énergies renouvelables.
• Deuxièmement, la transition énergétique apporte une contribution importante à la réalisation des objectifs de développement mondiaux, comme convenu avec les Nations unies dans les Objectifs de développement durable (ODD) : nous avons besoin d’un accès «à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable» d’ici 2030.
• Troisièmement, la transition énergétique permet d’améliorer la compétitivité des sites d’implantation industrielle. La rapidité du progrès technique a diminué le coût de l’énergie solaire et éolienne et nos industries font des économies grâce à des solutions énergétiques plus efficaces. Et durant ces vingt dernières années, le secteur énergétique allemand a considérablement investi dans la recherche et le développement. Nous pouvons être fiers de compter aujourd’hui parmi les leaders mondiaux un grand nombre de sociétés allemandes qui ont créé pas moins de 370.000 emplois en Allemagne.
On peut dire pour conclure que la transition énergétique mondiale est une grande chance. Elle crée une situation de gagnant-gagnant pour les entreprises et l’État en contribuant au développement technologique dans notre propre pays et chez nos partenaires à l’étranger.

La transition énergétique est rentable, y compris au Maroc

Comme j’ai pu encore le constater au printemps dernier lors de la conférence «Berlin Energy Transition Dialogue» à laquelle ont participé plus de 1.000 décideurs du monde entier, notamment des représentants de haut niveau du Royaume du Maroc, la coopération internationale en matière de transition énergétique suscite un grand intérêt. La transition énergétique mondiale a partout le vent en poupe, surtout depuis l’Accord fondateur signé à Paris.
La production d’énergies fossiles n’est plus rentable et les investisseurs du monde entier suivent plus que jamais les pays qui ont reconnu les signes du temps. Et les pays comme le Maroc qui donnent des signaux fiables de passage à une économie verte sont aussi récompensés financièrement. L’Allemagne mise également sur ce développement dans le cadre de son partenariat énergétique avec le Maroc. Les deux pays ont pour but commun d’exploiter activement le gigantesque potentiel d’énergie solaire et éolienne pour produire de l’énergie tout en poursuivant de façon complémentaire le développement de l’énergie hydraulique. Nous misons donc sur l’avenir de la production d’énergie, qui est en partie déjà une réalité au Maroc, avec des centrales solaires, des parcs éoliens et des centrales hydrauliques qui seront en mesure de couvrir très largement les besoins énergétiques.

Sous la conduite de Sa Majesté le Roi, le gouvernement marocain a tablé dès 2008 sur les énergies renouvelables. Il s’agit également de réaliser de plus en plus de progrès tangibles en ce qui concerne l’amélioration de l’efficacité énergétique. Nous sommes prêts à soutenir le Maroc dans cette voie.
Je souhaite donc que les efforts de nos deux pays soient couronnés de succès et qu’ils contribuent à ce que la transition énergétique soit un «grand pas» pour l’humanité, au sens où l’entendait Neil Armstrong. 

Par Frank-Walter Steinmeier, ministre fédéral allemand des Affaires étrangères

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