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Le burkini soulève à nouveau la polémique

Chaque été, la question du burkini fait débat. L'interdiction de la tenue, conforme d’un point de vue religieux ou supposée comme tel, dans les établissements privés divise la population.

Le burkini soulève à nouveau la polémique
Les femmes voilées ne sont pas toujours les bienvenues, surtout dans le privé.

Le Maroc connaît à nouveau une canicule spectaculaire. Chaleur oblige, nombreux sont les estivants qui choisissent de se rafraîchir en se rendant à la plage ou la piscine. Cependant, une partie de la population ne peut pleinement en profiter : les femmes voilées, qui ne sont pas toujours les bienvenues, surtout dans le privé. En effet, depuis plusieurs années, le burkini est la hantise de certains hôtels privés et piscines. L’interdiction du burkini est radicale, quand bien même la tenue serait faite avec un tissu spécial. La justification de cette interdiction s’apparenterait à des «raisons d’hygiène». «Je peux comprendre cette interdiction quand il s’agit de femmes qui nagent avec leur “tenue de tous les jours”, mais il existe aujourd’hui des burkinis faits en lycra, la même matière que les bikinis traditionnels. Je ne vois donc pas où est le problème», s’interroge Loubna, elle-même voilée. De plus, force est de constater qu’en termes d’hygiène, la logique n’est pas appliquée à tous. «Que dire des hommes qui portent leur caleçon du jour sous leur short de bain ? Ce n’est pas sale peut-être ? Et des femmes qui nagent avec leur serviette hygiénique ou tampon. Sans parler de ceux qui urinent dans les bassins», fustige la jeune femme.

Par ailleurs, l’interdiction va même plus loin en prohibant non seulement la baignade à ces femmes, mais également l’accès à ces sites. «Je voulais emmener mon fils dans une piscine privée de la Corniche casablancaise. Je n’avais pas prévu de me baigner ayant connaissance du règlement, mais je ne savais pas qu’on me refuserait même l’entrée !» s’indigne une mère de famille. La maman du petit Noah, 5 ans, en a elle aussi fait la triste expérience. «À l’entrée d’un célèbre parc aquatique, on m’a fait savoir qu’on me laisserait rentrer seulement si je retirais mon voile. J’ai dû abdiquer, car mon mari et moi avions programmé cette journée depuis longtemps pour faire plaisir à notre fils et nous avons parcouru beaucoup de kilomètres». Pour la plupart des interrogées, ces interdictions sonnent comme une entrave à la liberté de culte. «Nous sommes un pays musulman… et touristique. Et il semblerait que les propriétaires de ces établissements souhaitent davantage satisfaire leurs clients étrangers», se désole une citoyenne.

À noter que cette situation n’est pas nouvelle puisqu’elle a été à l'origine l’année dernière une importante mobilisation sur Facebook. En effet, de nombreuses Tangéroises avaient revendiqué le droit de nager dans des plages dédiées exclusivement aux femmes. Une mobilisation qui avait suscité une importante polémique, avec d’un côté celles qui estiment que les femmes ont le droit de profiter des activités estivales en toute liberté comme les hommes, sans se faire épier ou harceler. Et, de l’autre, celles pour qui ces mesures renforceraient le fossé qui sépare les hommes et les femmes au Maroc. «Ce sont encore les hommes qui gagnent dans cette histoire. Au lieu de changer les mentalités, on se soumet à leurs dictats. Ça commence par les plages et bientôt on parlera de rues pour femmes, restaurants pour femmes, transports pour femmes. Où est l’égalité ?» se demande une jeune étudiante.

Rappelons enfin que les plages réservées aux femmes existent, notamment aux Émirats arabes unis, en Turquie et en République du Daghestan. Par ailleurs, les pays non-musulmans sautent aussi le pas. C’est le cas de la France, où un parc aquatique situé dans les Bouches-du-Rhône a prévu de réserver une journée en septembre prochain, après sa fermeture officielle, aux membres d'une association – uniquement des femmes et des enfants – qui pourront venir nager en burkini en toute liberté. 

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