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«Le cinéma marocain se distingue dans le monde arabe par sa modernité»

Karen Shakhnazarov est réalisateur, producteur et scénariste de cinéma soviétique, puis russo-arménien. Il est directeur des studios Mosfilm depuis 1998. Venu à Marrakech à la tête d'une forte délégation de cinéastes, d'acteurs et de professionnels du cinéma, Karen Shakhnazarov nous dévoile les secrets de la notoriété du cinéma russe. Il revient aussi sur l'époque soviétique et donne son avis sur la cinématographie marocaine.

«Le cinéma marocain se distingue dans le monde arabe par sa modernité»
Le cinéaste Karen Shakhnazarov préside la délégation du cinéma russe. Ph. Saouri

Le Matin : Le Festival international du film de Marrakech rend cette année hommage au cinéma russe. Ce dernier a aussi été célébré en France et dans plusieurs festivals internationaux. Pourquoi à votre avis cet intérêt ?
Karen Shakhnazarov : Je suis très reconnaissant envers le public et les organisateurs du Festival de Marrakech pour cet hommage. C'est une question de respect des autres pays. La Russie a une grande culture, on est entré dans la culture européenne et humaine. C'est une culture forte qui remonte à plusieurs générations et les gens s'y intéressent. Même si c'est un cinéma jeune qui n'a pas plus de 25 ans, il s'est développé pendant plusieurs années dans un pays qui a une grande richesse.

Qu'est-ce qui caractérise le cinéma russe par rapport à celui de la période soviétique ?
Le cinéma soviétique était très humain et s'intéressait aux gens. On ne peut pas dire que le cinéma russe contemporain ait une seule caractéristique qui le distingue. C'est un cinéma qui se cherche. Il essaie de suivre les traditions soviétiques, mais aussi le cinéma étranger. Aujourd'hui, on est passé à autre chose. J'ai grandi avec le cinéma soviétique et j'y ai participé, mais j'ai tourné aussi des films dans la Russie contemporaine.

Pensez-vous que le cinéma russe essaie de changer aujourd'hui l'image stéréotypée d'un cinéma triste et sérieux, qui était véhiculée auparavant ?
À l'époque soviétique, on avait beaucoup de comédie, mais culturellement, il est vrai qu'il y a beaucoup de tristesse dans le cinéma soviétique. On s'intéresse plus aux histoires humaines. En revanche, nos autorités à l'époque sélectionnaient les films tristes pour être projetés à l'étranger, considérant que les comédies n'étaient pas à la hauteur. C'est pour cette raison qu'au Maroc et dans d'autres pays on ne voyait que ce côté sérieux du
cinéma soviétique.

Est-ce qu’il y a plus d'équité artistique aujourd'hui dans la Russie ?
La situation a catégoriquement changé. C'était très strict à l'époque soviétique. Certains films étaient interdits chez nous, d'autres ne passaient pas à l'étranger. Mais malgré cela, on a accompli de très belles choses au niveau cinématographique. Aujourd’hui tout a changé et on n'a plus cette censure. Personnellement, je travaille librement et je fais ce que je veux.

Que pensez-vous du cinéma marocain ?
On n'en projette pas en Russie, mais j'ai eu l'occasion de voir certains films marocains en participant à des jurys de festivals arabes au Caire, à Damas, à Alger... J'avais aussi attribué un grand prix à un film marocain dans un Festival de cinéma arabe. Malheureusement, je ne me souviens pas des noms. Je suis très intéressé par le monde arabe et j'y suis très attaché. J'ai une bonne connaissance de ce monde. J'ai constaté que le cinéma marocain était fait d'une façon plus contemporaine. Sans vouloir vexer mes amis des autres pays arabes, je dirais que le cinéma marocain se distingue des autres, notamment par sa modernité. Il a une touche européenne, tout en gardant l'esprit et la culture marocaine.

Zoom sur le cinéma russe

Le cinéma soviétique a pendant longtemps fait partie des plus importants cinémas européens. Depuis le milieu des années 2000, le cinéma russe est parmi les plus prolifiques en Europe. Environ 80 longs métrages sont produits chaque année en Russie. La production des séries est plus privilégiée, avec environ 600 épisodes. Les producteurs et surtout les grandes chaînes de télévision investissent beaucoup dans ce secteur. Certains cinéastes comme Karen Shakhnazarov choisissent de faire des films-séries pour toucher un grand public.

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