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«Le Clair-obscur» de Khaoula Assebab Benomar explore l’univers des non-voyants

Parmi les dix films ayant participé à la compétition officielle de la 13e édition du Festival international du film transsaharien de Zagora, le Maroc a été représenté par la nouvelle production «Le Clair-obscur» de Khaoula Assebab Benomar.

«Le Clair-obscur» de Khaoula Assebab Benomar explore  l’univers des non-voyants

C’est le premier long métrage de cette jeune réalisatrice où elle a abordé une histoire qui tenait beaucoup à cœur à son mari et scénariste du film Raouf Sebbahi, fils de l’homme des médias et animateur de radio. Le scénario est une sorte d’hommage à son père, feu Rachid Sebbahi, à travers lequel on entend tout au long du film un dialogue très cru entre le père et le fils autour de la vie du non-voyant. Dans le film de Khaoula, ce non-voyant du nom de Mounir, qui avait une histoire d’amour avec Nour, rêvait de devenir un jour présentateur de journal télévisé. Il faut dire que ce n’était pas évident, vu son handicap. Mais sa bien-aimée est arrivée à le convaincre de passer le concours après plusieurs séances de préparation avec le professeur d’expression corporelle de Nour. «L’histoire de ce film ne date pas d’aujourd’hui. Je me rappelle le jour où je me suis mariée avec Raouf, il était en train de l’écrire. Mais le film ne ressemble pas vraiment à la réalité.

C’est le fait de côtoyer quotidiennement un non-voyant que tenait à montrer Raouf et comment se présentait la vie de cette personne, son univers et surtout l’entourage et la famille qui vit avec elle. Entre temps, je n’avais jamais eu la prétention de faire un film de cinéma. Car je suis réalisatrice à la télévision et cela me passionne énormément. Alors que Raouf voulait que je passe au cinéma. Donc, pour nos dix ans de mariage, il m’a offert ce cadeau et m’a imposé le fait de réaliser mon premier long métrage», raconte Khaoula, qui a été épatée par ce franc-parler entre père et fils. «J’ai compris après que c’était ça l’univers du non-voyant où on rigole de tout et on parle de tout. C’est tout l’intérêt de ce film de montrer que c’est vraiment exceptionnel quand une femme décide de vivre et de faire des enfants avec un non-voyant.

Je pense qu’on ne parle pas assez de ces femmes-là. On parle des non-voyants, mais on oublie souvent les femmes qui vivent avec eux. Mon petit éclairage dans ce Clair-obscur est de sortir ces femmes de cette obscurité et leur donner le droit d'exprimer leurs souffrances». Toutefois, à travers ces deux univers, de chacun de ces deux personnages, la réalisatrice a essayé de montrer qu’il y a une certaine complémentarité. Ainsi, en 81 minutes de projection en noir et blanc, les deux couleurs qui sont évoquées dans le dialogue original, les personnages du film, notamment Latefa Ahrar, Saleh Bensaleh, Oumayma Chebbak et Lhoucine Aghbalou ont tenu à faire passer ce message aussi bien en paroles qu’en émotions. «Le casting s’est fait instinctivement et intuitivement. Latefa Ahrar m’a apporté un grand appui en acceptant de travailler avec moi. Je ne la remercierais jamais assez, parce que c’est ma toute première expérience. Elle s’est comportée avec moi en grande dame sans jamais me faire sentir que j’étais débutante.

D’ailleurs, pour les autres personnages, c’est elle qui m’avait présenté ses étudiants, parmi lesquels j'ai choisi Mounir et Nour qui n’avaient jamais été sur un plateau de tournage. C’est leur toute première expérience», renchérit Khaoula Benomar, dont le film est déjà choisi pour participer au festival du film à Aswane. Un bon départ pour ce long métrage que le réalisateur Ahmed Boulane trouve correct et bien inspiré. «Dans ce film, il y a de la sensibilité, les acteurs sont bien dirigés. Celui qui a joué le rôle de l’aveugle a beaucoup de talent, il a bien campé le personnage. C’est un film sincère qui rend un vibrant hommage à feu Sebbahi», souligne-t-il.


Entretien avec le réalisateur sénégalais Moussa Touré

«Le Maroc est un pays que j’admire et où j’ai beaucoup d’amis cinéastes»

Membre du jury de la compétition officielle du 13e Festival international du film transsaharien de Zagora, le réalisateur sénégalais Moussa Touré a, également, présenté, dans le panorama du cinéma du monde, son documentaire «Bois d’ébène» où il aborde le sujet de l’esclavage des Africains dans la première moitié du 19e siècle.

Le Matin : Quelle est votre relation avec le Maroc ?
Moussa Touré : Depuis que j’étais tout enfant, j’entendais dans ma famille le mot Maroc et Roi du Maroc. C’est comme si nous avions un Roi au Sénégal. On nous a toujours dit qu’on a un pays frère qui est le Maroc. Puis, il ne faut pas oublier que nous avons des liens ancestraux à travers les Tijaniyine. Moi-même je suis un Tijani. Ma grand-mère avait les habits du grand marabout tijani. Ma première venue au Maroc était à Khouribga au festival africain où j’ai eu un grand prix dans les années 80. Ensuite, je suis retourné, en 2012, à Agadir où j’ai eu encore un premier prix, ainsi que d’autres prix à Khouribga. J’ai, aussi, donné des cours aux étudiants de l'École supérieure des arts visuels de Marrakech. Pendant ces visites, je me suis fait beaucoup d’amis cinéastes marocains, comme Hassan Benjelloun et Noureddine Sail, et bien d’autres.

Et votre invitation à ce festival, comment a-t-elle eu lieu ?
J’étais à Carthage pour présenter «Bois d’ébène» quand le festival de Zagora m’a envoyé une invitation. C’est la Fédération des critiques africaine qui a parlé aux organisateurs au sujet de mon nouveau film. Et je dois dire que mon ami Mohamed Ismail m’a vraiment encouragé à venir à Zagora.

N’avez-vous jamais pensé à faire un film au Maroc ?
Déjà quand j’ai reçu l’invitation de ce festival, j’ai pensé à deux choses : la première est de venir assister au festival et la seconde, faire le repérage pour mon futur film, parce que j’ai été séduit, en cherchant sur internet, par la proximité du désert. C’est une idée qui trotte dans ma tête depuis six ans et j’ai envie de la réaliser dans ce désert. Je crois que j’ai trouvé, aussi, les co-producteurs, qui sont Aziz Khouadir et Khalid Chahid.

Que peut-on retenir de votre carrière ?
Je suis rentré dans le cinéma à l’âge de 14 ans par la lumière. À cet âge, mon père est mort et ma mère est allée me chercher du travail chez des cinéastes qu’elle connaissait. C’est comme ça que je suis rentré dans le cinéma. Mon rôle était directeur de photo, mais les gens autour de moi trouvaient que j’avais certaines connaissances qui me prédisposaient à faire du cinéma. Je m’intéressais à la réalisation, jusqu’au moment où je me suis produit moi-même. En 87, j’ai fait mon premier court métrage. Ensuite, les choses ont vite progressé. J’ai réalisé un long métrage ; et ça a marché. À un moment donné, je me suis arrêté pour faire des documentaires d’un haut niveau qui racontaient des histoires. Puis, je suis revenu au cinéma avec «La pirogue», dont la justesse lui a permis d’avoir beaucoup de succès. «Bois d’ébène» est, par ailleurs, un mélange de documentaire et de fiction.

Donnez-nous un petit aperçu sur ce dernier ?
C’est une histoire vraie qui raconte l’esclavage au début du 19e où deux Africains amoureux furent enlevés aux Antilles, juste au moment où Napoléon a aboli l’esclavage, qui a été remis par la suite. C’est une histoire dure. Par contre celui que je veux faire au Maroc s’appelle «Appartenance» et parle de l’esclavage arabo-musulman. Car beaucoup de gens ne savent pas d’où ils viennent. C’est la conséquence de l’esclavage.

Un mot sur le cinéma marocain...
Actuellement, il est un peu flou alors qu’il était bien lancé. Il était merveilleux, puissant, je ne sais pas ce qui s’est passé. Il faut peut-être une remise en question.

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