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Les filles deux fois moins nombreuses que les garçons sur les bancs de l’école

L’Unesco a dernièrement présenté ses chiffres concernant la non-scolarisation des petites filles. Les États arabes, l’Afrique subsaharienne et l’Asie (Sud et Ouest) restent les régions pour lesquelles les disparités entre les sexes sont les plus élevées. Le Maroc n’est pas en reste, le milieu rural concentrant le plus d’abandons et de déscolarisation des petites filles.

Les filles deux fois moins nombreuses  que les garçons sur les bancs de l’école
Nombre de jeunes filles sont encore analphabètes en raison de la pauvreté, de l'éloignement des établissements scolaires, ou encore des traditions désuètes.

Malgré tous les efforts et les progrès réalisés ces 20 dernières années, les filles restent plus susceptibles d'être privées de leur droit à l'éducation. «Dans le monde, près de 16 millions de filles âgées de 6 à 11 ans ne fréquenteront jamais l'école primaire, contre environ 8 millions de garçons si la tendance actuelle se poursuit», a indiqué, mercredi, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).
Certaines régions sont particulièrement pointées du doigt, à savoir les États arabes, l’Afrique subsaharienne et l’Asie (Sud et Ouest), pour lesquelles les disparités entre les sexes sont les plus élevées au niveau mondial.
«Nous n'atteindrons jamais les Objectifs de développement durable, si nous ne luttons pas contre la discrimination et la pauvreté qui affectent la vie des filles et des femmes d'une génération à l'autre.

Nous devons travailler à tous les niveaux, des populations jusqu'aux dirigeants, pour inscrire l'égalité et l'inclusion au cœur de chaque politique, afin que toutes les filles, quelle que soit leur situation, aillent à l'école, restent à l'école et deviennent des citoyennes autonomes», a déclaré la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova.
En ce qui concerne le Maroc, l’Unicef indiquait qu’en 2012 le taux d’alphabétisation des jeunes (15-24 ans) dans le Royaume atteignait 88,8% pour les hommes et 74% pour les femmes. S’agissant de la scolarisation préprimaire, elle était de 73,3% pour les garçons contre 52,9% pour les filles, ce qui laisse déjà entrevoir une certaine disparité. Le taux de scolarisation en primaire restait cependant assez bien équilibré entre les deux sexes, puisqu’il atteignait 96,8% pour les garçons et 95,6% pour les filles. Le ministère de l’Éducation nationale indiquait pour sa part que le taux de scolarisation au Maroc avait augmenté de 2,3% lors de la rentrée scolaire 2014-2015. Le nombre total des élèves inscrits au titre de cette année se chiffrait alors à 6,8 millions (avec 39% dans le milieu rural, dont 48% de filles).

Cependant, bien que le Maroc ait déployé depuis plusieurs années des moyens importants pour généraliser l’enseignement de base aux populations enclavées, le Royaume n’a pas pour autant réussi à éradiquer la déscolarisation des petites filles en milieu rural. Les provinces de Zagora et Tinghir, dans lesquelles la Fondation Ytto s’était récemment rendue pour dresser un état des lieux, viennent appuyer ce triste constat. Dans son rapport, Ytto indique que 75% des femmes de la province de Zagora sont analphabètes, 13% atteignent le cycle primaire et seules 3% atteignent le niveau secondaire. Par ailleurs, 30% des femmes ne suivent pas de cours d’alphabétisation à cause notamment de la distance (16%), des travaux ménagers (29%) ou encore de leurs époux (20%). Pour 69% des femmes actives de la région, le travail est non reconnu et non rémunéré.

Le constat est quasiment identique pour la région Tinghir qui ne compte pas moins de 67% de femmes mariées analphabètes. «Il y a urgence. Privées d’école, ces filles ont plus de risques d’être mariées très jeunes, de subir des relations sexuelles non consenties et des maternités précoces pouvant leur être fatales.
Il faut agir vite, le Maroc est en train de créer une génération d’analphabètes qui peut être manipulée à mauvais escient», déclarait alors Saïda Bajjou, assistante sociale à la Fondation Ytto. Les raisons invoquées sont diverses : pauvreté, éloignement des établissements scolaires, mentalités conservatrices ou traditions désuètes. Par ailleurs, dans certaines communes les conditions d’apprentissage sont très précaires. «Certaines écoles n’ont ni clôture, ni cours de récréation, ni toilettes, ni eau courante. Rares sont les élèves qui parviennent à poursuivre leurs études au collège ou au lycée. Et comme ailleurs au Maroc, les premières victimes de la déscolarisation sont les filles. Toutes, à quelques exceptions près, sont déscolarisées aux alentours de 12 ans pour s’occuper du ménage, du bétail, de la cuisine, de la lessive ou du travail dans les champs. La plupart des garçons quittent le village pour aller chercher du travail ailleurs», a pu constater la Fondation. 

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