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Liens familiaux et affaires font-ils bon ménage ?

Travailler avec un membre de sa famille dans la même entreprise n’est pas toujours évident. La situation peut être source de tensions si on n’arrive pas maintenir une frontière entre le personnel et le professionnel. Comment ? La réponse avec Jihane Benslimane, directrice Pôle conseil et formation, HERA Consulting.

Liens familiaux et affaires font-ils bon ménage ?
La rédaction d'une «charte familiale ou amicale» permettrait d’anticiper les cas de désaccord et de fixer des règles de bonne conduite.

Éco-Conseil : Travailler avec un proche n’est pas toujours une partie de plaisir. Comment réussir à concilier entre le personnel et le professionnel ?
Jihane Benslimane : De nombreuses études ont démontré que la conciliation vie privée et vie professionnelle permettait un meilleur équilibre et une performance individuelle optimale. Cet équilibre est indéniablement un facteur clé de la satisfaction au travail. Or lorsqu’un proche est aussi employé dans la même entreprise ou le même service, il est encore plus difficile de concilier entre le personnel et le professionnel.
Cette complexité vient de l’engagement affectif des deux proches. Cependant, dans une entreprise familiale, ce lien affectif est un moteur pour les membres de la famille pour fortifier leur patrimoine et leur entreprise. Ils s’investissent alors plus que d’autres salariés, ce qui permet une performance positive individuelle et collective, si certains principes sont respectés.
Il devient alors essentiel de respecter un certain mode de fonctionnement, à savoir de fixer des règles du jeu. Parmi ces conditions, nous retrouvons l’importance de tracer une séparation claire entre la vie professionnelle et la vie personnelle ou familiale. Les experts en ressources humaines sont unanimes à dire que cette démarcation est primordiale et qu’il est souvent difficile de la mettre en pratique.
Ceci peut se traduire concrètement de plusieurs manières : ne pas aborder les sujets professionnels dans les moments personnels ou familiaux et vice versa, établir un emploi du temps professionnel clair et limité, introduire une personne externe dans l’équipe, rester neutre sur les décisions professionnelles, fréquenter un cercle d’amis autre que les collègues, ou encore effectuer les réunions sur le lieu du travail et n’aborder les sujets familiaux que dans un contexte externe.

En cas de conflit, que faire pour que le travail ne soit pas affecté ?
Le travail avec un proche ou en famille requiert une grande maturité. Il est important d’envisager tous les cas de désaccord ou de conflit personnels ou professionnels dès le départ. Nous conseillons à nos clients de formaliser ces situations en rédigeant une sorte de «charte familiale» signée par tous. Lorsqu’il y a conflit, il est primordial de fixer un rendez-vous pour une réunion sur le lieu de travail pour le traiter si le sujet est professionnel. Lorsque celui-ci est d’ordre personnel, il semble essentiel de rester neutre sur le lieu de travail et de traiter le sujet dans un environnement autre que l’entreprise, tout en gardant en mémoire la «charte familiale» signée.

Comment l’entreprise doit-elle gérer cette situation ?
Lors du recrutement, on évalue d’abord les compétences que peut apporter cette nouvelle recrue à l’entreprise. Il est important pour l’entreprise de rester intransigeante quant à l’attente de ces compétences avant toute chose, quitte à séparer certains salariés ou à ne pas les embaucher. Lorsque le manager apprend qu’il est existe un lien autre que professionnel entre deux subordonnés, il doit fixer certaines règles (démarcation, neutralité, objectif de performance professionnelle, etc.). Il semble important également dans cette situation d’intégrer d’autres salariés pour un meilleur équilibre dans l’équipe. Dans le cas où l’entreprise ou le manager n’aurait pas connaissance de ce lien, les indicateurs RH permettent de suivre l’ambiance régnant au sein de l’équipe pour mettre le doigt sur d’éventuels dysfonctionnements ou conflits, déterminer leurs causes et décrypter des rancœurs familiales ou amicales.

Quelle attitude privilégier vis-à-vis des autres collaborateurs ?
Il est important de privilégier la performance individuelle et collective au travail, le suivi des indicateurs établis par l’entreprise, la mise en valeur de la neutralité dans la prise de décision (congés, évolution au sein de l’entreprise, organisation, mode de management, etc.).
La transparence dans le suivi d’un projet, l’information permanente auprès de ses collaborateurs et surtout la veille continue au respect de l’équité sont des points indispensables à mettre en pratique et à partager
dans l’équipe.

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