L’Institut français de recherche pour le développement (IRD) a organisé, les 11 et 12 février à Marrakech, un workshop sur l’évolution conjointe des ressources et des usages de l’eau dans la rive Sud de la Méditerranée. Cette rencontre, initiée en collaboration avec l’Université Cadi Ayyad de Marrakech (UCAM), a réuni chercheurs, experts et universitaires du Maroc, de France, de Tunisie et d’Algérie. Elle s’inscrit dans le cadre du Projet «Amethyst» qui a pour objectif principal d’analyser les effets combinés des changements climatiques et anthropiques sur les ressources en eau dans les bassins versants de Tensift au Maroc et de Merguellil en Tunisie.
Financé par l’Agence nationale française de la recherche, ledit projet tend également à proposer des scénarii d’évolution des ressources en eau pour les 20 prochaines années en combinant des changements anthropiques et climatiques. Le choix de ces deux bassins typiques, selon les organisateurs, a été dicté par la forte représentativité des deux sites en rapport à la problématique de raréfaction de l’eau et à leur riche complémentarité en termes de contexte environnemental, d’usage et de gestion des ressources hydriques.
Aux yeux des panellistes, la gestion de l’eau est un enjeu stratégique majeur dans la région méditerranéenne, compte tenu de la raréfaction de cette ressource, tant en quantité qu’en qualité, consécutive notamment à une croissance de plus en plus forte de la demande. Les vulnérabilités liées à l’eau sont très fortes en Afrique semi-aride où les risques environnementaux et le changement climatique anthropique accroissent sans cesse la probabilité de crises, ont-ils ajouté.
Dans ce cadre, l’accent a été mis sur la nécessité d’adopter une approche pluridisciplinaire en vue de caractériser l’évolution des ressources en eau en Méditerranée à travers l’identification des mécanismes anthropiques et naturels les plus pertinents, et de l’intégration dans ladite approche de facteurs majeurs tels le climat, les usagers et les dynamiques sociales, économiques et politiques, pour une analyse de cette évolution dans le futur. À l’ouverture de ce workshop, le doyen de la Faculté des sciences Semlalia de l’UCAM, Hassan Hbid, a souligné l’importance de cette rencontre scientifique dans le renforcement de la recherche et de la coopération sur la question des ressources hydrauliques et la thématique des effets du changement climatique et de l’impact anthropique sur l’évolution de la ressource en eau dans la région méditerranéenne.
Après avoir relevé que cet événement s’inscrit dans la droite ligne de la Conférence sur les changements climatiques (COP 22), prévue en novembre prochain à Marrakech, il a fait observer que la question de la ressource en eau occupe désormais une place fondamentale de la recherche au sein de l’UCAM. En effet, l’Université est associée à de nombreux projets liés à la ressource en eau, dont un programme de recherche avec l’IRD et d’autres partenaires portant sur l’utilisation de données spatiales pour la gestion de l’irrigation en conditions hétérogènes, l’accréditation en 2014 du Master spécialisé «Sciences de l’eau» chapeauté par le Laboratoire mixte international et une convention de partenariat avec l’Agence du bassin hydraulique de Tensift concernant les activités de recherches appliquées au développement durable de la région.
Pour sa part, le représentant de l’IRD au Maroc, Abdelghani Chehbouni, a indiqué que ce workshop constituait une occasion idoine pour évaluer l’impact des changements climatiques sur les ressources en eau en recourant à de récentes données scientifiques, estimant que le recours à ces techniques récentes se justifie par le souci de mieux appréhender les facteurs qui influencent l’évolution du climat et, par conséquent, l’évolution des ressources en eau.