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Un projet d'alliance africaine pour la formation professionnelle

Le Maroc suggère à ses partenaires africains la création d'une alliance pour le développement de la formation professionnelle. Cette proposition, formulée par l'OFPPT lors d'un atelier régional à Casablanca, a été bien accuillie par les 14 pays participants. Ces derniers sont d'autant plus chauds que le Maroc est la locomotive de la formation professionnelle dans la région.

L’engagement du Maroc pour le renforcement de la coopération Sud-Sud a permis à de nombreux opérateurs économiques nationaux, tous secteurs confondus, de s’inscrire dans la même logique, notamment le secteur de la formation professionnelle. C’est donc convaincu de l'impact économique de ce secteur que l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail a hissé la coopération en priorité stratégique en mettant son expertise et son savoir-faire au service du développement du continent. C’est dans ce cadre que s’est inscrite la dernière rencontre qui a réuni les responsables de la Banque islamique de développement (BID), ceux de l’OFPPT ainsi que des représentants de pays africains. «Nous répondons présents chaque fois que notre expertise est sollicitée», a souligné d’emblée Larbi Bencheikh, DG de l'Office dans son discours prononcé à cette occasion. Et d’ajouter, «notre institution œuvre pour le rehaussement des ressources humaines africaines, en appuyant le développement des dispositifs de formation professionnelle des pays désirant tirer profit de son expérience, aussi bien dans le cadre de la coopération bilatérale, qu'en s'associant aux initiatives menées par les organisations internationales, telles que la Banque islamique de développement, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) ou l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI)».

Le workshop, dont les travaux ont eu lieu à Casablanca du 24 au 25 mai 2016, a accueilli 14 pays africains en l’occurrence le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Djibouti, le Gabon, la Guinée, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Sénégal, le Togo et le Tchad. Ils sont venus pour débattre du thème «La coopération triangulaire au service du partenariat Sud-Sud». L’occasion pour les participants d’explorer de nouvelles pistes de coopération, de renforcer l’intégration et de permettre aux différents partenaires de prospecter de nouveaux modes de financement au service de la mise à niveau du secteur de la formation professionnelle. Mais, avant de se pencher sur la question épineuse de financement, il est important de rappeler les actions multiples de l’Office en faveur du développement des compétences de pays africains. «Depuis 2002, quelque 48 conventions-cadres et conventions spécifiques ont été conclues par l'OFPPT dans le cadre de la coopération bilatérale. L'organisation de missions d'identification ou de diagnostic des dispositifs de formation de ces pays partenaires a, en effet, abouti à la réalisation de diverses actions : l'accueil de jeunes stagiaires en formation initiale ; la formation au profit des personnels formateur et d'encadrement technico-pédagogique ; l'assistance technique et pédagogique ; la formation continue et l'appui à la création de TPE. Et, depuis 2015, la création d'établissements de formation, à l'image de ce qui est entrepris au Mali, en Côte d'Ivoire, au Gabon et en Guinée Conakry en partenariat avec la Fondation Mohammed VI pour le développement durable», a tenu à rappeler Bencheikh. Les résultats sur le terrain sont positifs. Selon le DG de l’Office «1.928 stagiaires ont été accueillis aux établissements de l’Office depuis 2005-2006, aussi bien dans le cadre du partenariat bilatéral qu'avec l'Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), dont 542 au titre de 2015-2016, et plus de 300 formateurs et 80 cadres technico-pédagogiques ont été formés», se réjouit-il. Pour relever les défis de demain, Bencheikh a fait observer que le plan de développement de l’OFPPT à l’horizon 2020 ambitionne, entre autres, d'insuffler une nouvelle dynamique aux liens de coopération avec ses partenaires africains à travers notamment l’augmentation du nombre de places réservées aux stagiaires africains, qui passera à plus de 1.000 à partir de la rentrée prochaine, pour un objectif global de 5.000 places à l'horizon 2020. Un objectif qui requiert un effort en masse non seulement de la part des pays partenaires, mais aussi des bailleurs de fonds.

Le vrai défi à relever

«L'atteinte de certains de ces objectifs reste tributaire de la disponibilité des ressources de financement qui constituent le handicap majeur aux projets de développement des dispositifs de formation des pays partenaires», a indiqué Bencheikh. C’est dire que le soutien des projets repose inéluctablement sur la prospection, auprès de bailleurs de fonds, des sources de financement nécessaires à leur réalisation dans le cadre de ce type de coopération. La qualité des offres de formation de l’OFPPT, la maitrise du montage et d’exécution des contrats à l’échelle africaine, la capacité d’accompagner les projets sectoriels, l'aptitude à satisfaire les demandes publiques ou provenant d’autres pays, le retour d’expérience... Autant de facteurs qui ont conduit les bailleurs de fonds, notamment la BID, à faire confiance à l’opérateur marocain, comme l’a affirmé Abderrahmane Beddi, responsable au sein de la BID. «De par son expertise, l’OFPPT est bien placé pour servir comme pôle de transfert de compétences». C’est dans ce cadre qu’un protocole d’accord entre cette institution et le gouvernement marocain a été signé le 14 janvier 2015 à Rabat visant l’échange des expériences et le transfert de l’expertise du Royaume aux pays de l’Afrique subsaharienne, membre de la Banque. Dans le même ordre d’idées, la BID a mis à la disposition de ses pays membres une approche globale dénommée Partenariat à flux inversés «Reverse Linkage». Cette approche vise la capitalisation sur l'expertise et le savoir-faire existants pour aborder des contraintes spécifiques de développement dans l'espace subsaharien, à travers un alignement stratégique, et s'appuyant sur des arrangements mutuellement avantageux pour tous les intervenants et une approche programme axée sur les résultats. Pour conclure, le responsable de la BID fait un appel à tous les pays participants à redoubler d’efforts pour répondre aux besoins de la population africaine en termes d’emploi.

La séance de clôture du workshop a permis aux participants de faire la synthèse des travaux et d’émettre un certain nombre de recommandations qui vont toutes dans le sens d’un renforcement du partenariat Sud-Sud dans le domaine de la formation professionnelle. En effet, tous les intervenants ont été d’accord pour dire que le modèle de partenariat équilibré, favorisant l’appropriation des stratégies de développement à tous les niveaux, est on ne peut plus optimiste. Ils n’ont pas hésité, également, à partager leur vécu professionnel en mettant l’accent sur les actions menées pour la mise en place d’un système de formation professionnelle performant.
De son côté, la BID n’a pas manqué, à travers ses représentants, de sensibiliser les pays africains au mode opératoire pour la présentation des requêtes pour le financement des projets dans le cadre du partenariat à flux inversé. Ils ont surtout, mis l’accent sur l’introduction de la composante de développement des capacités dans tout projet d’investissement.
Autre fait marquant : l’annonce de la création de l’Alliance africaine pour le développement de la formation professionnelle. Il s’agit d’un espace dédié à l’échange et au partage de bonnes pratiques, ou encore une plateforme pour l’accompagnement des pays partenaires pour la mise à niveau de leurs dispositifs de formation professionnelle et le renforcement de leurs capacités techniques et managériales. Les cadre et mode opératoire de cette alliance, constituée des 15 pays ayant participé au Workshop, seront définis dans les jours à venir.


Témoignages : 

Sékou Badji, directeur de la planification et des projets, Office national de formation professionnelle sénégalais.

«L’OFPPT, un modèle de réussite au regard des résultats atteints»

«La coopération triangulaire peut être un levier important et efficace sur lequel le Sénégal peut s’appuyer pour lever les diverses contraintes qui plombent son économie.
Il s’agit, entre autres, de la faible qualification de la population active et ses conséquences sur le chômage et la productivité du travail qui impactent négativement la compétitivité de l’économie sénégalaise.
En effet, malgré la volonté politique largement exprimée dans le Plan Sénégal émergent, qui fait de la formation professionnelle un des piliers de l’émergence du pays à l’horizon, les résultats obtenus en termes d’efficacité externe sont en dessous des attentes. Par ailleurs, le secteur de la formation professionnelle souffre d’un sous financement criard en dépit de son statut de secteur prioritaire.
Malgré le léger accroissement des ressources publiques allouées à la formation professionnelle depuis bientôt une décennie, la part relative des ressources publiques affectées au secteur de la formation professionnelle par rapport à l'ensemble du secteur de l’éducation représente, sur la période 2008-2011, seulement 3,9% des dépenses totales. En 2015, le gouvernement du Sénégal à travers l’Office national de formation professionnelle (ONFP) a signé une convention-cadre et une convention spécifique assortie d’un plan d’action avec l’OFPPT.
La mise en œuvre de cette convention a démarré avec l’accueil d’une première cohorte de 30 étudiants sénégalais dans les centres de l’OFPPT. Elle va s’intensifier grâce à cette nouvelle approche de “reverse linkage”. La coopération triangulaire permettra ainsi au Sénégal de tirer profit à la fois de la grande expertise de l’OFPPT, qui est un modèle de réussite, au regard des résultats atteints, et de l’appui financier du partenaire stratégique qu’est la BID, dans le cadre de la mise en œuvre de projets d’investissement mutuellement avantageux.» 

Konaré Ladji, chargé d'études au cabinet du président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire.

«Ce workshop permet à notre parlement de réussir ses missions avec le soutien inestimable de l'OFPPT et de la BID»

«La coopération triangulaire peut être un moyen très intéressant de développement de la formation professionnelle en favorisant notamment une approche de coopération Sud-Sud où des acteurs du Sud s'accompagnent mutuellement en vue de développer un transfert d'expertises et de savoir-faire, toutes les choses qui vont impacter la qualité de services à travers une main-d'œuvre qualifiée.
Pour ce qui concerne particulièrement l'accompagnement que le Royaume du Maroc apporte à l'Assemblée nationale de la Côte d'Ivoire à travers l'OFPPT, elle tourne autour du développement institutionnel en permettant au parlement ivoirien
de moderniser la gestion de ses ressources humaines conformément à la vision du Président Soro Guillaume qui veut que cette institution se développe en tenant compte des exigences du parlementarisme moderne.
Aussi, l'opportunité de ce workshop, dont nous ne cesserons jamais de remercier les initiateurs, permet à notre parlement de réussir ses missions avec le soutien inestimable de l'OFPPT et de la BID dans le cadre d'une coopération Sud-Sud permettant le croisement entre un pôle d'expertises (OFPPT), un pôle financier (BID) et le pôle de besoin en renforcement de capacités que représente l'Assemblée nationale.» 

Sophie Mbenoun, conseillère principale d’orientation au sein du ministère camerounais de l’Emploi et de la formation professionnelle.

«Nous accueillons avec allégresse la résolution de mettre en place une Alliance africaine de développement de la formation professionnelle»

«Ma perception est certainement partagée par l'ensemble des participants originaires de 14 pays d'Afrique, dont nous saluons la clairvoyance et l'esprit de rassemblement qui ont animé l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), à travers son directeur général, pour organiser ces historiques assises, en partenariat avec la Banque islamique de développement (BID). Cette initiative de l'OFPPT s'inscrit dans la quête permanente du Roi du Maroc d'un développement durable et d'une émergence socioéconomique des pays d'Afrique. L'OFPPT a développé un dispositif de formation professionnelle en parfait encrage avec le secteur productif, et pendant les deux jours de travaux, les exposés présentés ont été assez édifiants sur les résultats probants atteints par cette institution. À travers ce Workshop, espace de partage et d'échanges, la BID, l'OFPPT et l'Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) ouvrent une brèche, un filon, pour la conception et la maturation des projets de coopération triangulaire susceptibles d'être éligibles à leur financement.
L'impulsion que donne l'OFPPT aujourd'hui, bien comprise et savamment suivie, débouchera sur la construction dans nos pays respectifs, de dispositifs de formation professionnelle performants, capables d'accompagner le processus de développement économique, grâce à un capital humain de qualité. Enfin, nous accueillons avec allégresse la résolution prise par le DG de l'OFPPT de mettre en place une Alliance africaine de développement de la formation professionnelle, tout en espérant que l'ensemble des recommandations formulées soit exécuté. Je vous remercie».

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