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Une personne sur trois touchée par la malnutrition

Aujourd’hui, les défis nutritionnels sont bien souvent conflictuels. C’est pourquoi il a été constaté dans de nombreux pays, dont le Maroc, que des personnes issues d’une même communauté peuvent tout aussi bien souffrir de faim ou de carences comme d'obésité ou de surpoids.

Une personne sur trois touchée par la malnutrition

La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont organisé, les 1er et 2 décembre, un Colloque international visant à lutter contre le problème de la malnutrition, qui empoisonne la vie de milliards de personnes et risque de piéger les générations à venir dans un cercle vicieux de pauvreté et de malnutrition.
Déplorant le fait qu'une personne sur trois dans le monde souffre d'au moins une forme de malnutrition, le directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, a déclaré lors de l'événement qu'«aucun pays n'était immunisé» contre ce problème dont «les coûts humains, sociaux, environnementaux et économiques sont énormes».

Au Maroc, des efforts ont été déployés depuis quelques années à travers la surveillance de la croissance, la promotion de l’allaitement maternel, la supplémentation en vitamines et en sels minéraux des enfants et des femmes durant et après la grossesse ainsi que la promotion de la consommation d’aliments fortifiés en micronutriments. De même, le ministère de la Santé a mis en place une stratégie nationale de la nutrition 2011-2019. Malheureusement, 5,9% des enfants nés à terme ont encore un faible poids à la naissance (moins de 2.500 g), révèle un document du ministère. De même, l'allaitement au sein pendant les 6 premiers mois de la vie est passé de 62% en 1992 à 27,8% en 2016. Aussi, 9% des enfants souffrent d’une malnutrition aiguë, conséquence d’une alimentation insuffisante, 18% sont atteints de malnutrition chronique, 10,2% présentent une insuffisance pondérale. Par ailleurs, les enquêtes réalisées par le département ont montré que 31,6% des enfants âgés de 6 mois à 5 ans présentent une anémie par carence en fer, 40,9% des enfants de 6 à 72 mois souffrent d’une carence en vitamine A, 63% des enfants âgés de 6 à 12 ans ont une carence en iode dont 22% présentent un goitre. Enfin, 2,5% des enfants de moins de 2 ans présentent un rachitisme radiologique. Pourtant, les instances internationales sont unanimes : la correction des problèmes nutritionnels permet d’améliorer le quotient intellectuel de la population.

Paradoxalement, le rapport sur la nutrition en 2016 note que 10,7% des enfants de moins de 5 ans ont un surpoids (56,5% chez l’adulte) et 5,4% sont obèses (22,3% chez l’adulte), en rapport avec le changement du mode de vie. En effet, l'apport énergétique est passé de 2.202 kilocalories (kcal) en 1970 à 3.270 kcal en 2016. De même, la pratique de l’activité physique connaît une régression : seuls 50% des jeunes en pratiquent une, selon le ministère. Dans ce sens, ce colloque a aussi été l’occasion de trouver les moyens d’améliorer les systèmes alimentaires au service d’une alimentation plus saine. «Il faut autonomiser les consommateurs afin qu'ils soient en mesure de choisir des régimes alimentaires sains et une alimentation saine, et ce, par le biais d'une protection sociale orientée vers l'alimentation, d'une éducation à l'alimentation, d'un étiquetage précis et en optimisant la publicité», a expliqué le directeur général de la FAO.

De son côté, Francesco Branca, directeur du Département de la nutrition pour la santé et le développement de l'OMS, a rappelé qu’avec «les Objectifs de développement durable, nous nous sommes engagés à mettre un terme à toutes les formes de malnutrition d'ici l'année 2030».
Un objectif pour lequel le Maroc serait sur la mauvaise voie. En effet, selon l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, qui a récemment publié les résultats de son rapport mondial sur la nutrition en 2016, «tous les pays d'Afrique de l'Ouest sont hors course pour atteindre les objectifs de réduction de l'anémie causée en partie par un faible apport en fer chez les femmes en âge de procréer». Comme le précise ce rapport, ce taux est encore trop important chez les femmes marocaines (33,1%).

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