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Si les courants traditionalistes en islam sont aujourd’hui encore dominants, les réformistes se cherchent toujours une place sur la scène. Porteur d’un projet de société, ces derniers n’ont pas commencé leurs travaux à la fin du 19e siècle, comme le laissent entendre certains chercheurs. Selon Asmae Lamrabet, médecin de formation et directrice du Centre d’études et de recherches sur la question des femmes dans l’Islam au sein de la Rabita Mohammadia des oulémas du Maroc (CERFI) à Rabat, le combat est aussi ancien que l’islam lui-même.
Invitée jeudi de la Fondation Attijariwafa bank pour animer une conférence débat sur le thème «Où en est-on de la pensée réformiste de l’Islam ?» la chercheuse a affirmé que la réforme était inhérente à toutes les civilisations humaines, dont la civilisation musulmane. «L’histoire de l’Islam est une histoire de réforme et de pluralité de lecture», a-t-elle souligné. Dans ce sens, Mme Lamrabet a expliqué que l’islam s’inscrit dans la continuité des messages divins qui l’ont précédé tout en les réformant.
Interpellée sur la question du repli identitaire, la chercheuse a mis en avant l’importance de l’islam réformiste de nos jours. «Aujourd’hui, et devant l’impasse de sens à laquelle nous faisons face, de plus en plus de gens se sentent perdus», a-t-elle affirmé. L’islam réformiste peut être une réponse à cette situation devant laquelle l’islam rigoriste ne donne aucun choix, toujours selon Mme Lamrabet qui a mis en avant l’importance de la réforme de la société. «Réformer l’islam c’est un peu réformer la société», a-t-elle déclaré. Toujours en rapport avec cette question de réforme, Asmae Lamrabet s’est montrée catégorique en indiquant qu’il était illusoire de dire qu’on va réformer le religieux sans avoir les outils nécessaires à cette opération. Et l’un de ces outils, c’est l’espace démocratique. En effet, selon la chercheuse, «plus il y aura de liberté, mieux se portera l’islam».
Il est à rappeler qu’Asmae Lamrabet est une figure emblématique de la pensée réformiste en Islam. Nommée, en 2008, présidente du GIERFI (Groupe international d'études et de réflexion sur les femmes et Islam, basé à Barcelone et dont elle est actuellement membre du conseil d'administration), elle est particulièrement engagée dans la réflexion sur la question des femmes dans l’islam. Elle est également l’auteure de plusieurs articles sur le thème de l’islam et des femmes, ainsi que de plusieurs livres, dont «Musulmane tout simplement», publié aux éditions Tawhid en France.
