La Mission permanente du Maroc a organisé, lundi dernier au siège des Nations unies à New York, un séminaire international de recherche sur le thème «Régionalisation et autonomie territoriale : différences, singularités, complémentarités». Le séminaire a été animé par d’éminents experts, chercheurs et universitaires, venant du Canada, du Royaume-Uni, de la Suisse et du Vietnam. Il a connu la participation d’une cinquantaine de diplomates, dont plusieurs ambassadeurs à New York, en plus de représentants des médias accrédités à l’ONU. Cette rencontre a offert l’opportunité de comparer les dispositions proposées par le Maroc pour l’autonomie de la région du Sahara avec l’expérience de nombreuses autres régions du monde en matière d’autonomie régionale ou territoriale.
Le séminaire a été présidé par Marc Finaud, conseiller principal au Centre de politique de sécurité de Genève. Dans son intervention d’ouverture, M. Finaud a précisé que les populations du Sahara «disposeront des ressources financières nécessaires au développement de la région dans tous les domaines et participeront, de manière active, à la vie économique, sociale et culturelle du Royaume du Maroc». M. Finaud a conclu que «l’autonomie accordée aux populations du Sahara est très large, souvent considérablement plus large que celle prévue par la plupart des statuts d’autonomie dans le monde, comme cela a été relevé au cours de plusieurs séminaires passés».
Dans sa présentation, le professeur Stephen Tomblin, de l’Université du Newfoundland au Canada, a fait une analyse comparative des pratiques de régionalisation et d'autonomie territoriale au Canada, en particulier à Terre-Neuve-et-Labrador, et des processus de réformes menés au Maroc, notamment en matière de régionalisation avancée. M. Tomblin a regretté que «les échecs passés et les tentatives de résoudre ce conflit territorial ont compromis l'ONU et sa réputation», soulignant que «la région du Sahara doit trouver un moyen de construire des idées, des intérêts et des institutions communes, mais d'une manière qui unifie et ne divise pas». L’universitaire a souligné, dans ce cadre, «l’importance d’engager une réflexion internationale qui rassemble des chercheurs et des académiciens pour échanger sur tout processus d’autonomie». Pour sa part, le professeur Wilfried Swenden, de l’Université d’Édimbourg, a indiqué que «le Maroc a opté pour 12 régions, dont trois couvrant totalement ou partiellement la région du Sahara, et que le statut d'autonomie leur confère une identité distinctive par rapport à d'autres régions». De son côté, le professeur Nguyen Manh Hung, de l’Institut des études de l’Afrique et du Moyen-Orient de Hanoï au Vietnam, a fait une analyse comparative entre «les tensions et les conflits ethniques qui ont été une caractéristique dominante de la politique de l'Asie du Sud-Est» et «le processus de règlement du différend sur le Sahara». Il a indiqué que «les gouvernements successifs des pays de l’Asie du Sud-Est ont fait d'énormes tentatives de négociation avec les mouvements séparatistes, mais peu d'entre eux ont réussi à obtenir un résultat durable».
M. Nguyen a souligné que «les négociations dans la région d’Asie du Sud-Est ont porté sur de nouveaux arrangements autonomes qui ont émergé comme une pratique courante pour la résolution des conflits». Il a relevé que «des arrangements semblables ont été forgés par un certain nombre de pays pour briser l'impasse des négociations de paix et mettre fin aux conflits durables», mettant en lumière l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc en 2007.