Ibn Rochd. Averroès. Les deux noms dans cet ordre-là. Deux noms superposés. Ils indiquaient deux directions. Deux rives. Deux langues. Deux temps. Et un même homme. Mais est-ce vraiment le même ? C’est par cette question fondamentale que l’écrivain et dramaturge Driss Ksikes entame son roman «Au Détroit d’Averroès», consacré à l’héritage de ce philosophe andalou. Face à une salle comble, Driss Ksikes a présenté son roman dans un échange fructueux avec Driss Jaydane, enseignant en philosophie et écrivain. Cette présentation s’inscrit dans le cadre du cycle de conférences «Échanger pour mieux comprendre», organisé par la Fondation Attijariwafa bank.
«“Au Détroit d’Averroès”, va contribuer à sensibiliser le grand public, en particulier notre jeunesse, aux principaux ressorts de la pensée d’Ibn Rochd, comme la rationalité qui instaure un rapport harmonieux entre la raison et la religion. Ou encore, l’importance du rôle de la femme dans la société», a souligné Mohamed El Kettani, président-directeur général du groupe Attijariwafa bank, dans son mot de bienvenue. Cette rencontre a réuni plusieurs personnalités du monde universitaire, de la littérature, de la culture et de la société civile.
Dans «Au détroit d’Averroès», l’auteur Driss Ksikes expose la pensée d’Averroès à travers la passion que lui voue Adib, personnage principal du roman, lui-même enseignant en philosophie dans un lycée à Casablanca et chroniqueur radio. Dans sa quête, Adib tente désespérément de faire entendre la voix et la pensée d’Ibn Rochd, ce philosophe humaniste musulman du 12e siècle, père de la raison, à la fois connu de tous, mais si longtemps banni et tardivement réhabilité. En somme, «Au détroit d’Averroès» est le journal recomposé de cet enseignant qui a cru à la réinvention du dessein d’un ancien sage, alors qu’il vit lui-même dans un monde de plus en plus en proie à la violence des mots et des images.
Dans un style simple, mais pas simpliste, Driss Ksikes propose à travers ce roman une immersion dans le monde d’Ibn Rochd. Et ce roman se termine sur une note d’espoir : «Tu sais Adib, sur scène, les mots redeviennent énergie. Et les vieux rêves, des désirs en mouvement. Il va bien falloir passer par là pour que tes contes ne soient pas réduits à de la nostalgie. Et qu’Ibn Rochd continue d’être un horizon».