Intitulée «L’entre-monde ou la symbolique de l’arbre dans le travail de Farid Belkahia», cette exposition, dont le vernissage a eu lieu le 13 mai dernier, donne à voir une quinzaine de tableaux qui illustrent de la belle manière la place de choix qu’occupait la nature et, plus particulièrement, l’arbre dans l’univers du défunt. Cette exposition a donné lieu à une table ronde durant laquelle l’arbre a été abordé sous différents angles : «Le symbolisme de l’arbre» (Mohammad Vâslan), «Le parti-pris de l’arbre et autres lieux» (Mustapha Nissabouri), «L’arbre et le paysage dans l’histoire de la peinture contemporaine dans le monde arabo-islamique» (Alexandre Kazérouni) et «L’arbre dans l’œuvre de Farid Belkahia» (Rajae Benchemsi). Le constat qui s’en est dégagé était que la nature, et en particulier l’arbre, a beaucoup influencé l'œuvre de Farid Belkahia puisqu'il a commencé à peindre des paysages depuis les années soixante.
Le défunt avait toujours cette pensée artistique de dialoguer avec l’arbre et aussi ce besoin de le magnifier parce qu’il aime le côtoyer. Feu Farid Belkahia a, de tout temps, rendu hommage à l’arbre qui est constamment présent dans l’œuvre grandiose de ce doyen de l’art moderne marocain. Cette exposition, la deuxième du genre après celle intitulée «L’arbre à palabres» et montée en novembre dernier à l’occasion de la COP 22, jette davantage la lumière sur cette thématique chère qui a marqué à jamais l’univers du défunt, a confié à la presse Rajae Benchemsi, présidente de la Fondation Farid Belkahia. Elle a également tenu à mettre en évidence le soutien apporté à cet événement culturel d’envergure aussi bien par le ministère de la Culture que par le Groupe OCP. Décédé le 25 septembre 2014, l’artiste, écologiste de la première heure, avait abandonné, dès le début des années soixante-dix, la peinture à l’huile au profit de matériaux naturels fortement utilisés dans les arts traditionnels, dont le cuivre et la peau, qu’il traitera, de manière exclusive, avec des pigments naturels. Fasciné par la nature, ce pionnier de l’art contemporain et moderne marocain ne pouvait faire l’économie d’une thématique aussi fondamentale qu’est l’arbre. Toujours stylisé, l’arbre avait souvent épousé, dans l’œuvre du défunt, la forme d’un carré, d’un triangle, d’une croix ou plus fréquemment d’un cercle. Farid Belkahia, qui avait peint pour la première fois une forêt en 1963, n’a cessé depuis lors de revenir sur la thématique de l’arbre qui fera l’objet d’études tant poétiques que philosophiques et spirituelles. Sa rêverie de l’arbre l’entraînera par la suite dans une dynamique d’exploration où, d’étape en étape, il interrogera l’arbre dans toutes ses dimensions, réelles, mais essentiellement symboliques. En effet, tout au long de son parcours fascinant, le défunt avait su marier tradition et modernité et faire de ces deux concepts son axe de pensée. Il avait non seulement révolutionné l’art contemporain arabe et islamique, mais s’était également imposé comme artiste international reconnu par de nombreux collectionneurs et musées dans les quatre coins du globe.