Le Maroc a fait appel à la Banque mondiale pour l’assister dans la réforme de son système de retraite. Selon nos informations, l’institution de Bretton Woods s’apprête à accompagner financièrement et techniquement le futur gouvernement dans ce chantier afin, essentiellement, de restaurer les équilibres financiers de la Caisse marocaine des retraites (CMR) et de renforcer l'efficacité de ses modes de gestion. Ceci dans le but de garantir la continuité de l’allocation des pensions au profit des retraités actuels et futurs du secteur public, d’étendre la couverture, tout en améliorant le niveau des pensions pour les catégories sociales à faible revenu.
D’après nos sources, l'amélioration de la pérennité financière de la CMR est l’un des principaux volets d’un prêt imminent de la Banque mondiale au profit du Maroc, pour un montant de 450 millions de dollars. Ce prêt est destiné, globalement, à soutenir le secteur financier et le marché des capitaux marocains. Le conseil des administrateurs du groupe de la Banque mondiale doit se réunir fin janvier à Washington pour l’examen et l’approbation du dossier de ce financement. Ce dernier a été préparé par le bureau de la Banque mondiale au Maroc, en collaboration avec le gouvernement. Selon ce dossier, la réforme des pensions est, également, nécessaire pour garantir l’amélioration continue des marchés financiers locaux. Le total des actifs de pensions de retraite pèse environ 26% du PIB, ce qui menace la pérennité du système des pensions, déjà pénalisé par le dispositif adopté avant la réforme.
Rappelons que depuis 2014, les revenus de la Caisse de retraite ne couvrent plus ses dépenses. Celle-ci doit puiser dans ses réserves face à un déficit qui a atteint 936 millions de DH en 2014 et entre 2,5 et 3 milliards en 2015. Le gouvernement sortant avait ainsi proposé une réforme qui a subi plusieurs modifications entre 2015 et 2016. L’objectif, entre autres, est de permettre d’améliorer la situation financière du système, à court et moyen termes, et de reporter la date du déficit de la CMR de 2014 à 2022 et la date d’épuisement des réserves de 2022 à 2031. À défaut d'une réforme, le déficit du régime des pensions civiles s’aggraverait d’une manière plus accélérée pour atteindre 23 milliards de DH en 2022, année de l’épuisement total des réserves, en attendant une réforme plus globale. Trois axes ont été adoptés pour la réforme. La hausse graduelle de l’âge de départ à la retraite pour atteindre les 65 ans, l’augmentation des cotisations des employés et la baisse du montant des pensions de retraite.
Après de longues négociations avec les centrales syndicales, d'avril à juillet 2015, la réforme adoptée suggère l’allongement de l’âge de départ à la retraite de 60 à 63 ans sur les trois prochaines années pour le porter à 65 ans sur quatre ans, l’augmentation progressive de la contribution des fonctionnaires et de l’État pour atteindre 28% sur quatre ans. La nouvelle offre évoque, également, l’adoption de la moyenne des salaires sur les huit dernières années pour le calcul du montant de la pension de retraite à la fin des années de service, en plus de l’introduction d’un régime de retraite complémentaire pour le secteur public. Le prêt de la Banque mondiale a pour objectif notamment d’appuyer financièrement et techniquement toutes les réformes actuelles et futures susceptibles de sauver la CMR.