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La Société d’investissements énergétiques épinglée pour son business model

La Société d’investissements énergétiques (SIE) aura certainement à réajuster sa boussole. Le rapport 2015 de la Cour des comptes a révélé tout un lot d’incohérences dans la gestion de cet établissement public. Ce à quoi ce dernier répond que «la situation n’était pas claire pour tous, lors de la création de la SIE».

La Société d’investissements énergétiques épinglée pour son business model
Le positionnement de la SIE est resté mitigé et sa capacité à créer de la valeur dans chacun des domaines de la chaîne de valeur globale du secteur des énergies renouvelables n’est pas clarifiée.

Carton rouge de la Cour des comptes à la Société d’investissements énergétiques (SIE). Cette dernière est épinglée pour les incohérences observées dans son processus de gestion. Le rapport de la Cour révèle un «déphasage» entre les axes de la stratégie de la SIE avec les exigences du contexte national. Concrètement, selon les magistrats, le développement des filières renouvelables, solaire et éolien notamment, tel que présenté par la stratégie de la société, n’obéit pas à une logique de développement intégré, et ce, même si les objectifs, les choix technologiques et les partenaires institutionnels et privés sont souvent les mêmes. «La rentabilité commerciale qui constitue l’un des éléments importants dans le choix des filières énergétiques n'a pas été retenue parmi les critères d'analyse des principales sources d'énergie», dénonce la juridiction financière. En plus, les projections effectuées n’étaient pas suffisamment étayées à cet égard.

De même, les conclusions du document stratégique sont basées sur des informations à caractère général et ne prennent pas en considération les réalités du marché national. Un exemple : pour l’exploitation de la filière éolienne, la stratégie conclut que la situation du Maroc ne présente pas de difficultés majeures à gérer de façon acceptable les impacts environnementaux du développement de cette source d’énergie. Or, précise la Cour, le développement de l’éolien souffre, actuellement, d’entraves liées essentiellement au foncier. Par ailleurs, l’estimation du potentiel réalisable dans l’éolien a été jugée exagérée par la SIE elle-même, mais cette conclusion n’a pas été prise en considération dans l’évaluation de la demande. Cela dit, souligne le rapport, l’énergie éolienne demeure certainement la plus rentable. Aussi, une fois les principaux sites éoliens exploités, les perspectives d’expansion deviennent limitées en termes d’occupations de sol, ainsi qu’en termes de disponibilité de l’énergie (énergie moins intermittente). Côté impact économique de l’exploitation, maintenance et construction des parcs éoliens, la stratégie de la SIE n’offre pas de propositions concrètes. «À la différence des énergies fossiles, la sécurité énergétique ne réside pas dans le contrôle de la matière première, mais dans le développement d’une expertise et d’un tissu industriel en mesure de répondre à une grande partie de la demande d’équipements et de personnel spécialisé pour le développement des filières d’énergies renouvelables», détaille la Cour. Concernant le niveau de maturité technologique, la juridiction soulève l’absence d’informations précises sur les technologies et leurs perspectives de développement en termes de coûts, d’infrastructure de base, d’exigences techniques, de compétitivité et de risques y afférents, ainsi que toutes les informations qui ont une relation avec le raccordement au réseau existant. Résultat, cette insuffisance ne concourt pas à la sélection et à l’expansion des filières technologiques les plus appropriées au contexte national.

Pas de critères de rentabilité !

L’analyse du business model et business plan de la SIE a permis de relever que la stratégie de la société n’a pas précisé si celle-ci doit agir via un investissement direct ou via des véhicules financiers, sachant que l’objectif initial est de pérenniser les fonds et les rentabiliser afin de les réinvestir. «La définition des rôles de la SIE n’a pas pris en considération l’intervention des autres parties prenantes dans le secteur», déplore la Cour des comptes. Ainsi, le positionnement de la société est resté mitigé et sa capacité à créer de la valeur dans chacun des domaines de la chaîne de valeur globale du secteur n’est pas clarifiée. «Pour la revue des prévisions, le business plan se présente comme un document statique qui ne tient pas compte des exigences et ne suit pas l’évolution du secteur énergétique au niveau national. Ainsi, son intérêt se limite à la vérification de la cohérence générale des données statistiques sans intégrer les éléments de positionnement stratégique de la société et sans pour autant procéder à l’analyse des profils de risque à différents stades du projet», décryptent les magistrats de Driss Jettou. Et ce n’est pas tout. Le rapport indique que les critères de rentabilité n’ont pas été établis. En effet, le business plan définit uniquement les dépenses de fonctionnement et d’investissement et fait fi du coût de revient du kW et du taux de rentabilité interne. 

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