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La transmission d’entreprise ne s’improvise pas

Fruit de plusieurs années de dur labeur, l’entreprise familiale représente un bien jusqu’ici jalousement protégé dans un cercle limité. Mais cette tendance est en train de changer. Selon le dernier baromètre du cabinet BDO, 35% des chefs d’entreprises familiales ont réellement envisagé une transmission. Une opération qui doit être bien encadrée pour réussir.

La transmission d’entreprise ne s’improvise pas
Encore tabou il y a quelques années, l’idée de la relève dans les PME, surtout familiales, commence peu à peu à émerger et les fondateurs de ces entreprises semblent prendre plus conscience de cette étape cruciale afin d’assurer la pérennité de leurs

Une entreprise, notamment familiale, est souvent menacée de cesser son activité avec la disparition de son fondateur qui en constitue l’âme et la pierre angulaire, si la relève de ce dernier n'est pas assurée en amont. D’où l’importance de communiquer et de sensibiliser à la procédure de transmission de l’entreprise quel que soit son type, en particulier la petite et moyenne entreprise (PME) qui constitue l’essentiel du tissu économique marocain.
Encore tabou il y a quelques années, l’idée de la relève dans les PME, surtout familiales, commence peu à peu à émerger et les fondateurs de ces entreprises semblent prendre plus conscience de cette étape cruciale afin d’assurer la pérennité de leurs structures. Celle-ci étant un élément fondamental pour garantir l’équilibre de l’économie nationale, notamment grâce à la sauvegarde des emplois. Ce constat vient d’être confirmé par la dernière étude quanti-qualitative réalisée par le Cabinet d’audit, de conseil et d’expertise comptable «BDO», en partenariat avec Maroc PME, la Bourse de Casablanca et Maroclear. Ce troisième baromètre sur la relève entrepreneuriale (Cf. notre édition du 25 décembre 2016 www.lematin.ma) a concerné 100 entreprises, dont 18 repreneurs, 31 cédants et 51 cédants potentiels. Il en ressort que 35% des dirigeants ont déjà réfléchi à la question de transmission ou de cession de leurs entreprises ou sont en train de le faire et 25% ont repris ou racheté leur entreprise à un tiers ou à un membre de la famille. Certes, l’étude note que 40% des dirigeants n’ont jamais songé à céder ou transmettre leur entreprise, mais cette proportion a fortement reculé par rapport à 2011. Malgré cette note positive, l’entreprise familiale doit être bien préparée pour franchir cette étape et la réussir pour maintenir la cadence que ce soit au niveau managérial, au niveau de la productivité ou encore au niveau de la gestion des ressources humaines. Afin d’éviter des scénarios catastrophes, plusieurs acteurs de l’écosystème marocain ont mis en place des programmes pour intégrer cette culture de transmission et accompagner les cédants-repreneurs et leur faciliter la procédure.

Transmission Maroc

L’accompagnement par des experts et consultants externes est fortement préconisé pour promouvoir une communication pédagogique sur les points méthodologiques du processus de transmission d’entreprise ainsi que la mise en place de moyens d’encouragement. C’est dans ce cadre, et profitant de son expertise, que le cabinet BDO Maroc a mis en place un portail «Transmission Maroc», afin de sensibiliser les entreprises à la relève entrepreneuriale. Il s’agit d’une plateforme d’annonces de cession et acquisition d’entreprises qui s’articule autour de plusieurs volets : les parcours des cédants ou repreneurs, les processus d’évaluation des entreprises, la place de marché des opportunités d’affaires, ainsi que des vidéos traitant les différents aspects de la transmission. Le baromètre de la relève entrepreneuriale indique que seuls 4% des entreprises interrogées sont au courant de l’existence de ce portail, mais 90% des dirigeants seraient intéressés de l'utiliser à l’avenir s’ils se trouvaient dans la perspective d’acquérir ou de céder une entreprise.
La Bourse de Casablanca s’active également dans ce sens à travers plusieurs programmes dédiés à faciliter la transmission. «La Bourse est un des moyens d’assurer la pérennité de l’entreprise et donc de faciliter la transmission parce qu’elle permet à la société d’avoir des titres liquides avec une valeur transparente, ainsi, une bonne gouvernance est mise en place, ce qui assure la continuité de l’entreprise et qui permet au successeur et aux fournisseurs d’être rassurés quant à la pérennité de l’entreprise», a déclaré Karim Hajji, directeur de la Bourse de Casablanca, lors de la présentation du troisième baromètre sur la relève entrepreneuriale.
Aussi, pour mieux accompagner les entreprises marocaines dans le financement de leur croissance, la Bourse a adopté en 2014 une approche qui consiste à doter les entreprises marocaines des moyens qui leur permettent d’une part, d’accéder plus facilement au marché financier et d’autre part, d’accéder à l’ensemble des sources de financement qu’offre ce marché, notamment via le programme «Élite».

Programme «Élite»

Il s’agit d’un programme qui forme un écosystème, bâti autour de l’entreprise pour soutenir et favoriser l’innovation, l’entrepreneuriat et la croissance. Il amène les entreprises qui y adhèrent à identifier leurs problématiques et à mettre en place les mesures adéquates pour les résoudre et en fin de parcours, ces entreprises peuvent obtenir le label «Élite» qui leur garantit une visibilité auprès des investisseurs nationaux et internationaux et leur facilite le financement. Le programme se déroule selon trois phases : «GetReady», «Get Fit» et «Get Value» et c’est ce cheminement qui est censé simplifier la transmission des PME. Durant la première étape, les dirigeants et actionnaires des entreprises suivent un programme conçu et adapté aux besoins de l’entreprise marocaine et de ses dirigeants. Le but est de les aider à mieux intégrer les changements culturels et organisationnels dans leur entreprise afin d’accéder au moyen de financement le mieux adapté à leur stratégie de croissance. La seconde phase permet aux entreprises d’évaluer les lacunes de leur système organisationnel et financier en vue de prévoir les mesures de changement nécessaires pour améliorer leur attractivité vis-à-vis des investisseurs.
Enfin, durant la dernière étape, les entreprises accèdent en continu à la communauté «Élite» au niveau international, via la plateforme en ligne. Pour les entreprises, mais également les partenaires et les investisseurs, cela signifie accéder à de nouveaux marchés, à de nouvelles opportunités de networking et à des options diversifiées de financement.

Dématérialisation

«Durant les dix dernières années, le marché s’était surtout focalisé sur les grandes structures et la PME n’intéressait pas spécialement les institutions du marché, mais force est de constater aujourd’hui qu’elle constitue l’une des rares sources de croissance, ce qui change l’optique. Maroclear et la Bourse, deux institutions complémentaires, ont les moyens d’accompagner favorablement les PME afin de faire face à sur un certain nombre de problématiques notamment la transmission. D’ailleurs, la relève entrepreneuriale est un sujet qui nous intéresse beaucoup et sur lequel nous travaillons concrètement. Pour cela, nous avons mis en place des solutions simples qui nous permettent de mieux accompagner les entreprises dans leur processus de transmission», a souligné, de son côté, Mohamed Slaoui, directeur des Opérations chez Maroclear.
L’un des moyens proposés par le dépositaire central des titres au Maroc est la dématérialisation. C’est-à-dire la suppression de la représentation physique des titres ou du registre des actionnaires de l’entreprise (émetteur) et son remplacement par une inscription en compte sous format électronique via son dépositaire. Cette démarche permet de hisser les entreprises vers les meilleurs standards internationaux en matière de gouvernance et de gestion. «C’est aujourd’hui un attribut essentiel pour une entreprise moderne, compétitive et ambitieuse», assure Maroclear. La dématérialisation des titres permet plusieurs avantages, notamment la sécurité, la visibilité, le confort, l’environnement et la compétitivité.
Concrètement, la dématérialisation permet l’élimination des risques de perte, de vol, de destruction, de falsification et d’erreurs et offre une visibilité à l’entreprise sur les radars des investisseurs internationaux grâce à un code ISIN (International Securities Identification).
Ce processus a pour avantage aussi de gérer automatiquement des opérations sur titres et de réduire les coûts de gestion et d’administration des titres, tout en diminuant l’empreinte écologique de l’entreprise grâce au zéro papier.

Damane Transmission

La Caisse centrale de garantie (CCG) s’intéresse aussi de près à la transmission des entreprises, notamment les PME. Le dernier né de l’offre de produits de garantie de la CCG pour le financement de ces entreprises est un mécanisme dédié à la garantie des crédits à terme, consentis par le secteur bancaire pour financer la reprise d’affaires. Il s’agit du programme «Damane Transmission». «Les crédits accordés par les banques dans le cadre de ce programme sont destinés à des entrepreneurs ou des entreprises souhaitant reprendre ou obtenir une majorité dans une entreprise. Pour bénéficier des avantages qu’offre ce programme, les entreprises objet de la reprise doivent être de droit marocain quelle que soit leur forme juridique, ayant plus de trois ans d’existence, opérant dans la production de biens et/ou de services et ne faisant pas l’objet d’un redressement ou d’une liquidation judiciaire», précise la CCG.
«Damane Transmission», qui offre une garantie pouvant atteindre 60% du crédit bancaire avec un plafond d’engagement de 10 millions de DH par opération, ambitionne de renforcer davantage le financement par les banques des opérations de transmission de la très petite et moyenne entreprise (TPME), et ce, à travers un partage du risque.
Il a également pour objectif d’inciter le secteur bancaire à financer la transmission de TPME, «sachant que la majorité des entreprises marocaines sont des affaires familiales qui sont généralement confrontées à des problèmes de succession». Ainsi, grâce à cette intervention, la CCG veut pérenniser, par son appui financier, le cycle de vie des entreprises objet de la reprise en leur assurant une transition réussie. Un mécanisme qui commence à faire ses preuves puisque, selon la Caisse, le programme a permis la réalisation de 15 opérations de reprise d’affaires pour un investissement global de 356 millions de DH et des crédits bancaires garantis totalisant 200 millions.

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