Le document, qui se base sur les témoignages de plus de 220 Rohingyas, dont des victimes et des témoins, met l'accent sur des violations graves qui s'apparentent à des «crimes contre l'humanité». Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme fait en effet état de villages entiers incendiés, de «viols et violences sexuelles massifs et systématiques», de même que le meurtre d'enfants de tous âges, y compris de bébés, de femmes et de personnes âgées. Depuis le lancement par l'armée birmane d'une opération de sécurité en réponse à des attaques contre des postes-frontières de la police le 9 octobre, quelque 66.000 Rohingyas ont fui le nord de l'État d'Arakan où ils vivent en majorité. Le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, a ainsi appelé la communauté internationale à réagir face à cette «cruauté insupportable» et demande à la Birmanie de faire face à ses responsabilités. Pour sa part, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) s’est dit vendredi très préoccupé par les «graves violations» des droits des enfants dans l’État de Rakhine dans l’ouest de la Birmanie.
«Les violations des droits des enfants sont complètement inadmissibles», a martelé l’Unicef dans un communiqué, soulignant que tout enfant a droit à la protection «sans tenir compte de son sexe, sa race, sa religion ou sa nationalité». Un rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, publié vendredi dernier, s’alarme que la campagne militaire en Birmanie, lancée en octobre contre la minorité musulmane des Rohingyas, aurait fait «plusieurs centaines de morts». Le rapport onusien a été fait sur la base d’interviews de centaines de victimes qui ont fait état notamment de viols et d’autres formes de violences contre des femmes, des jeunes filles et des enfants. Ces allégations doivent faire l’objet d’une «enquête approfondie, leurs auteurs doivent être poursuivis en justice et les enfants victimes doivent recevoir le soutien dont ils ont besoin», a souligné l’Unicef. Les autorités birmanes, qui interdisent à la presse indépendante et aux observateurs l'accès à la zone de conflit, démentent commettre de telles exactions, tout en accusant les rebelles rohingyas d'avoir des liens avec des groupes extrémistes à l'étranger. Le gouvernement bangladais a annoncé mercredi dernier qu'il comptait déplacer les Rohingyas qui fuient la violence en Birmanie dans une île du golfe du Bengale, en vue de les aider à retourner dans leur pays.