La prévention et la prise en charge de patients souffrant de diabète ont été au centre d'une rencontre organisée, samedi dernier à Rabat, avec la participation de plus de 250 spécialistes, en provenance de pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient et de pays subsahariens. Ce conclave, qui en est à sa troisième édition, sert de plateforme aux scientifiques du domaine afin d’échanger, de partager les expériences et les connaissances et de s'informer sur les dernières innovations thérapeutiques en matière de traitement et de prise en charge du diabète. «Premix Summit se veut une réponse concrète au besoin constant d’amélioration de la prise en charge du patient diabétique. Cet évènement majeur qui mobilise les meilleurs spécialistes du domaine à l’écoute de l’Afrique représente surtout une occasion d’identifier et de partager les bonnes pratiques telles que l’insulinisation précoce et l’intensification thérapeutique adéquate.
La lutte contre le diabète dans les pays en développement est aujourd’hui insuffisante face aux conséquences désastreuses de la maladie pour les populations, les systèmes de santé, les États et leur développement», indiquent les organisateurs. Et de poursuivre «L’urgence d’une mobilisation internationale efficace pour la lutte contre le diabète semble d’autant plus importante que la question est complexe et qu’elle soulève de nombreux défis cruciaux tant pour les politiques internationales de développement que pour les systèmes de santé directement impactés». Cette rencontre, organisée par une entreprise mondiale de santé, sous le thème «Initiation et intensification de l’insulinothérapie pour une prise en charge optimale du patient diabétique», permet également de dresser un état des lieux de l’importance du contrôle glycémique pour la prévention des complications du diabète et des nouvelles recommandations internationales afin d’améliorer la prise en charge des patients diabétiques. «En 2015, on estime qu’environ 20 millions d'adultes de la région d’Afrique sont atteints de diabète, avec une prévalence régionale de 6%. En 2015, plus de 321.100 décès dans la région d’Afrique pourraient être attribués au diabète. De plus, 79% de ces décès sont survenus chez des personnes de moins de 60 ans, soit la proportion la plus élevée de toutes les régions. Cela souligne que les investissements, la recherche et les systèmes de santé sont lents à répondre à ce fardeau dans la région d’Afrique et restent axés principalement sur les maladies infectieuses», indiquent les participants à cette rencontre, ajoutant que le Maroc fait partie des pays africains les plus touchés avec un taux de prévalence estimé de 7,7% correspondant à une population de près de 1.671.400 de personnes atteintes recensées et âgées de 20 à 79 ans.
La Fédération internationale du diabète précise qu’au Maroc, 41,2% des patients diabétiques ne sont pas diagnostiqués, soit environ 688.200 personnes âgées de 20 à 79 ans. Les participants à cette rencontre ont également déploré l’aspect du manque d’implication du patient diabétique lui-même, alors qu’il est le premier concerné et doit être le premier à s’investir dans sa propre prise en charge. «Il est urgent de mettre en place un nouveau modèle de suivi des patients diabétiques, surtout ceux de type 2. Il s’agit de rompre avec le fait que le patient reste souvent passif face aux différents aspects de la stratégie thérapeutique proposée par son médecin sans pour autant faire l’effort d’adopter un comportement participatif et responsable pour réussir la prise en charge de son diabète. Il faut que le patient comprenne que l’aspect le plus important de sa prise en charge peut être à son niveau», précise Abdelmajid Chraïbi, professeur d’endocrinologie et des maladies métaboliques et doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie d’Agadir.