Le secrétaire général du Parti authenticité et modernité, Ilyas El Omari, a vertement critiqué la gestion par le gouvernement sortant de la question amazighe. S’exprimant lors d’une journée d’étude organisée mardi dernier par les deux groupes parlementaires du PAM au Parlement, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la langue maternelle, M. El Omari a mis en garde contre l’adoption de ce texte dans sa version actuelle sous peine de «vider le projet sociétal portant sur l’officialisation de la langue amazighe de son contenu et d’annihiler les acquis réalisés dans le domaine de la promotion de la langue et de la culture amazighe». «Le projet de loi organique, si on peut le qualifier de la sorte, représente un retour en arrière sur les acquis non seulement de la Constitution de 2011, mais même ceux prévus dans la Constitution de 1907», a affirmé Ilyas El Omari sur un ton ironique.
Revenant sur le processus ayant précédé l’adoption du texte par le Conseil des ministres, le secrétaire général du PAM a pointé clairement l’intransigeance du gouvernement, critiquant son attitude négative face à toutes les initiatives entreprises par les représentants de la nation en vue d’élaborer et promulguer une loi qui répond aux aspirations des Amazighs. «J’ai lu la mouture actuelle du texte de loi six fois et à chaque fois je réalise que ce texte, dans sa formule actuelle, ne se hisse pas aux attentes des Amazighs. Au contraire, il témoigne de la faiblesse du rendement gouvernemental.
Lors de l’élaboration de ce texte, le professionnalisme et le dialogue ont fait défaut, surtout concernant les sujets cruciaux sur lesquels porte ce projet de loi. L’équipe gouvernementale a attendu le temps mort de son mandat pour adopter ce texte après la clôture de la session parlementaire précédente», renchérit le même responsable. Abondant dans le même sens, le chef de groupe parlementaire du PAM au sein de la Chambre des conseillers, Aziz Benazzouz, a enfoncé le clou davantage. Dénonçant la célérité avec laquelle le texte a été élaboré, M. Benaazouz n’a pas manqué également de décocher ses flèches envers l’exécutif.
Pour lui, l’attitude gouvernementale montre à quel point ce dernier traite avec légèreté un dossier aussi important que stratégique. Ainsi, estime le même parlementaire, le retard qui a été accusé dans l’élaboration de ce texte a eu des conséquences directes non seulement sur le processus de mise en œuvre de la Constitution, notamment l’article 5, mais aussi la promulgation de bon nombre de lois relatives à la préservation des droits linguistiques et culturels, l’enseignement, la fonction publique et les collectivités territoriales. Rappelons que le projet de loi organique fixant les étapes de l’officialisation de la langue amazighe avait été adopté en Conseil des ministres en septembre dernier. Cette adoption intervient après quatre années de tractations. En effet, c’est en 2013 que le débat national sur l’officialisation de la langue amazighe a été lancé.