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L'économie résiste sur fond de bonne année agricole

Le retard pris dans la formation du gouvernement commence à peser sur des pans de l’économie. Le BTP qui tourne essentiellement avec la commande publique affirme être l’un des plus touchés. Mais ce climat de sinistrose est relativisé au regard de la bonne campagne agricole qui se profile à l’horizon et des signaux positifs que renvoie l'activité depuis le début de l’année.

L'économie résiste sur fond de bonne  année agricole
La FNBTP a interpellé l’ensemble de ses membres pour évaluer l’impact du retard de la constitution du gouvernement sur leur business.

Heureusement qu'il a bien plu ! La bonne campagne agricole qui se profile à l'horizon atténue en quelque sorte les craintes du monde économique générées par le retard pris dans la constitution du gouvernement, même si des activités se disent ébranlées. C’est le cas notamment du bâtiment et travaux publics (BTP) qui déplore une situation d’attentisme. «Nous sommes le secteur le plus touché par ce retard puisque nous tournons essentiellement avec la commande publique», déclare au Matin Eco, El Miloudi Benhamane, président de la Fédération nationale du BTP (FNBTP). La situation est jugée tellement compliquée que le bureau exécutif de la Fédération a interpellé par lettre l’ensemble de ses membres afin que chacun quantifie l’impact sur son business. «Une fois que nous aurons un retour de l’ensemble des membres, nous pourrons ainsi évaluer l’impact», précise Benhamane. À l’en croire, les marchés publics sont lancés au compte-gouttes et les paiements sont pratiquement bloqués. «À cela s’ajoutent les délais de paiement qui se rallongent et nos investissements qui sont en stand-by du fait d’un manque de visibilité», affirme le patron de la FNBTP. Conséquence : la profession pronostique une année 2017 «catastrophique». «Nous attendons avec impatience la constitution du gouvernement puisque nous n’avons pas d’interlocuteurs avec qui discuter des dossiers en rapport avec le secteur», ajoute-t-il.

Du côté du secteur des matériaux de construction, une activité connexe au BTP, même son de cloche. «En l’absence du gouvernement, nous n’avons pas d’interlocuteurs. Dans le secteur des matériaux de construction et indépendamment des problèmes conjoncturels liés à la vie quotidienne des entreprises, nous avons des problèmes structurels à résoudre, des lois dont les décrets d’application doivent être pris et mis en application. Sinon, les lois que nous avons mis des années à faire voter n’auront aucun sens et ne pourront pas être mises en œuvre», développe David Toledano, président de la Fédération des matériaux de construction (FMC). Si la corporation s’impatiente, c’est qu’elle a signé avec l’État des contrats de performance pour la mise en place d’écosystèmes sectoriels. «Nous avons besoin que les ministres reprennent leur mission pour poursuivre les programmes stratégiques déjà installés. Nous sommes signataires d’écosystèmes importants pour notre secteur qu’il va falloir mettre en place. Tout ce processus est aujourd’hui au ralenti pour ne pas dire gelé. Et chaque jour qui passe est perdu. Ce qui aura un impact négatif sur la vie économique du pays», détaille Toledano.

Pour Mohamed Chiguer, économiste, le blocage n’aura pas d’impact outre mesure sur le plan macroéconomique. Au contraire, assure-t-il, le pays devra engranger cette année de bons points de croissance, la campagne agricole s’annonçant sous de bons auspices. «Je pense que tous les indicateurs seront au vert d’ici décembre prochain, et ce, du fait du report des investissements et de l’endettement. Je crois que cela constitue plutôt une aubaine pour le gouvernement à venir», souligne-t-il. Et les entreprises dans tout cela ? «Ce sont essentiellement les entreprises qui travaillent avec l’État qui sont impactées. Sinon, pour le reste, l’impact ne se ressentira pas de manière très prononcée, car, de toutes les façons, les entrepreneurs marocains sont connus pour la diversification de leurs activités. Ce qui constitue un facteur compensateur en cas de crises sectorielles», explique Chiguer. Un avis que partage Jamal Belahrach, chef d’entreprise. Pour lui, il n’y a pas d’impact direct sur le business des entreprises au quotidien. En revanche, précise-t-il, c’est important d’accélérer le processus de constitution du gouvernement afin de poursuivre les chantiers de la politique économique globale du pays.

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