Menu
Search
Jeudi 18 Décembre 2025
S'abonner
close
Jeudi 18 Décembre 2025
Menu
Search

L'écosystème d'intégration en marche

Ils sont des milliers à avoir été régularisés, mais très peu accèdent aujourd'hui au marché de l'emploi. C'est que les dispositifs mis en place par le gouvernement et les institutions publiques sont encore pour la plupart dans leur phase pilote. Avant leur intégration dans le marché du travail, les migrants doivent être évalués et formés, d'où toute une machine qui nécessite des réglages au fur et à mesure de l'avancement des projets.

L'écosystème d'intégration en marche

Insérer les migrants régularisés dans le marché de l’emploi, tel est l’objectif que se sont fixés les ministères des Marocains résidant à l'étranger (MRE) et des affaires de la migration, ainsi que celui de l’Emploi et des affaires sociales, en partenariat avec l’Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (Anapec) et autres partenaires, comme l'Union européenne (UE).

Grâce à ces collaborations est né un nombre important de projets et programmes dont le but est d'étudier les caractéristiques du marché du travail, évaluer les capacités et connaissances des migrants régularisés, mettre le doigt sur les difficultés qui bloquent l'insertion professionnelle de ces migrants et résoudre les problèmes pour offrir aux migrants de meilleures chances d'intégration.

«Nous nous sommes engagés à déployer les mesures et actions nécessaires visant l’accompagnement des migrants régularisés pour assurer leur insertion sur le marché du travail», a déclaré Abdeslam Seddiki, ministre de l’Emploi et des affaires sociales, lors d'un atelier tenu récemment à Rabat, sur l’insertion socioprofessionnelle des migrants au Maroc. Le ministre a ainsi mis en avant les diverses actions prises pour faciliter l'insertion professionnelle des migrants. «Des dispositifs incitatifs à l’emploi leur sont désormais accessibles, en outre, lors de la délivrance du visa de travail par le service compétent, l’opposabilité au marché de l’emploi ne leur ait pas exigé», précise-t-il. Le département, affirme le ministre, a entrepris en concertation avec ses partenaires une «profonde» réflexion sur la procédure d’octroi de visa des contrats de travail aux étrangers dans le but de l’actualiser et d’opérer des changements de fond visant à simplifier et en réviser le cadre réglementaire dans le but de le rendre plus explicite et favorable au respect des droits des migrants réguliers. En outre, «le ministère va ouvrir incessamment quatre bureaux dans différentes villes du Maroc, à savoir Tanger, Casablanca, Marrakech et Agadir afin de pouvoir accélérer la procédure d'octroi de visa de contrats de travail».

Les actions de l’Anapec

De son côté, l’Anapec a mis en œuvre une offre de services dédiée aux migrants en situation régulière. L’architecture de cette offre est composée d’un mix entre des prestations existantes de l’Anapec et de nouvelles prestations spécifiques à développer. À ce titre, il a été procédé à l’ouverture de l’inscription des immigrés sur le portail de l’Agence via leur numéro de carte de séjour, l’exonération de l’attestation d’activité délivrée par l’Anapec aux salariés étrangers et l’ouverture des programmes d’appui à l’insertion aux chercheurs d’emploi migrants régularisés. Aussi, l’Agence pour la promotion de l'emploi a mis en place un projet pilote au niveau de cinq agences, dans le cadre du projet «Sharaka». Il s'agit d’un plan d'intervention de l'Anapec et de l'expertise européenne mobilisée dans le cadre de la Stratégie nationale d'immigration et d'asile et la Stratégie de l'emploi. Il a été déployé depuis 2014 afin d’assister et accompagner l’Agence à insérer des migrants régularisés dans le marché du travail.

Le lancement de la phase pilote a eu lieu le 20 octobre 2015 dans les agences de Casablanca Hay Hassani, Rabat Agdal, Fès, Oujda, Tanger et Assilah. À ce titre, les migrants intéressés ont bénéficié de formations et des services offerts par l’Agence nationale, notamment des ateliers de recherche de travail, de rédaction de CV et de lettres de motivation, de préparation à l'entretien...
La Division Services aux chercheurs d’emploi au sein de l’Anapec affirme, qu’à fin décembre 2016, quelque 344 migrants régularisés se sont inscrits dans les cinq agences pilotes sur 638 au niveau national, 182 ont bénéficié d’un entretien de positionnement, 449 ont participé aux ateliers de recherche d’emploi, 84 ont bénéficié d'entretien de sélection avec un employeur et 17 migrants ont été insérés.
En outre, l’Agence travaille sur le développement d’une application mobile pour renforcer l’information et la sensibilisation des migrants régularisés sur l’offre de services de l’Anapec. Cette dernière ambitionne aussi l'extension du projet «Sharaka» à d'autres agences comme Marrakech-Menara ou Agadir.

Promotion de l'auto-emploi

La Division souligne également qu’elle étudie la possibilité de la reconnaissance des diplômes et la validation des acquis de l’expérience, mais aussi, l'élaboration d’une stratégie de communication au profit des entreprises, l'approfondissement de la connaissance des profils des migrants et des niches d’emploi et la promotion de l’auto-emploi.
S'agissant des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du projet, l’Anapec met en avant des problèmes liés à la mobilité géographique des migrants, le manque de disponibilité pour ceux qui exercent des activités dans l’informel, le manque également de formation sur l’interculturalité et la communication, ainsi que les justificatifs des diplômes et leur authenticité.

«Nous considérons que le volet de l’insertion professionnelle est le plus important pour réussir l’intégration. Quelqu’un qui ne participe pas à la vie de la société et ne se sent pas concerné et utile à cette société ne peut pas parler d’intégration», déclare à «Éco-Emploi» Anis Birou. Le ministre des MRE et des affaires de la migration est revenu sur les différents programmes élaborés pour la mise en œuvre de la nouvelle Politique migratoire du pays et la Stratégie nationale d'immigration et d'asile. En effet, le gouvernement a mis en place un large programme, financé par l’UE à hauteur de 3 millions d'euros, et dans le cadre duquel le ministère travaille avec l’OFPPT (Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail) et la société civile.
Le département des Affaires de la migration travaille aussi en collaboration avec l’Organisation internationale de la migration (OIM), dans le cadre d'un projet de 200.000 dollars, consacré à la formation professionnelle des femmes migrantes.

«Nous avons travaillé avec deux associations, ce qui nous a permis d’avoir une idée claire sur le profil de ces femmes, leur niveau d’instruction. C'était aussi une occasion de tester la cohabitation entre les différentes nationalités, et avoir une idée sur la possibilité d’insertion. Ces formations nous ont également permis de mettre le doigt sur les difficultés rencontrées pour essayer d’apporter les bonnes réponses», indique le ministre. Quelque 135 femmes migrantes ont bénéficié de ces formations. 41 ont été intégrées dans le marché du travail, soit en tant que salariée ou par le développement d’une activité génératrice de revenu.

Lisez nos e-Papers