La composition du nouveau gouvernement, dirigé par le Parti de la justice et du développement (PJD), arrivé premier aux élections du 7 octobre, est enfin connue. Sa nomination est intervenue une vingtaine de jours seulement après la désignation, par S.M. le Roi, de Saad Eddine El Othmani en tant que Chef de l’Exécutif, à la place de Abdelilah Benkirane. La nouvelle structure gouvernementale, dévoilée mercredi dernier au Palais Royal de Rabat, appelle plusieurs réflexions liées tant au nombre des ministres, leur couleur politique, qu’à la présence féminine et des nouveaux visages.
Ainsi, une première remarque s’impose quant au nombre de portefeuilles attribués. En effet, la présence de six partis au sein de l’équipe a rendu difficile, ainsi que l’avait prédit le Chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani (voir : www.lematin.ma), la formation d’un cabinet ramassé. En effet, l’équipe de M. El Othmani est formée de 39 membres. Soit presque autant que le gouvernement II de Abdelilah Benkirane, qui comptait de 40 ministres. Mais comparée au gouvernement de Benkirane I (30 ministres), l’équipe d’El Othmani est plutôt pléthorique.
Une autre remarque concerne les ministères de souveraineté qui ont été maintenus et attribués à sept technocrates. On peut citer Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des affaires islamiques, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur ou le secrétariat général du gouvernement, confié à Mohamed Hajoui, qui occupait le poste secrétaire général de la primature, et Abdellatif Loudiyi, chargé de l’Administration de la défense nationale.
Sur un autre registre, le gouvernement d’El Othmani s’est ouvert à de nouveaux partis qui étaient sur les bancs de l’opposition. C’est le cas de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et de l’Union constitutionnelle (UC). Ainsi, dans cette nouvelle configuration, le PJD occupe 11 portefeuilles ministériels, en plus du Chef du gouvernement. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), dont le président, Aziz Akhannouch, avait pesé de tout son poids lors des tractations avec l’ancien Chef du gouvernement désigné Abdelilah Benkirane, a pu négocier et avoir sept portefeuilles et non des moindres. Il s’agit de départements de taille, notamment l’Économie et les finances, l’Agriculture et la pêche, la Justice, l’Industrie et l’investissement. Le Mouvement populaire a eu droit à trois ministères (on parle également du département de l’Éducation nationale à la tête duquel se trouve Mohamed Hassad, qui officiera désormais sous la bannière MP, ainsi que Larbi Bencheikh, qui est chargé de la Formation professionnelle). Le PPS a eu trois portefeuilles, l’USFP trois et l’UC deux.
Par ailleurs, il y a lieu de noter la forte présence de la gent féminine au sein de l’équipe gouvernementale.
Avec la présence de neuf femmes, le taux de féminisation s’élève à 23,08%. Cela constitue une progression significative, sachant le premier gouvernement Benkirane ne comptait qu’une seule femme (3,23%) et le deuxième 6 (15%). Mais pour autant, les féministes ne sont pas satisfaites. Elles rappellent que seule une femme a eu le titre de ministre et les huit autres sont de «simples secrétaires d’État». Elles contestent aussi le fait que le nombre de femmes désignées ne répond pas au principe de la parité recommandé par la Constitution.
Par ailleurs, à la lecture des profils composant le nouveau gouvernement, on relève, ainsi que le souligne l’analyste Khalid Semmouni, que plus de 50% des ministres pjdistes faisaient partie de l’ancien gouvernement. Au total, treize nouveaux visages, dont une majorité de femmes et de jeunes, ont fait leur entrée au nouveau gouvernement (Rkia Eddarham, Lamia Boutaleb, Nezha Louafi, Othman El Ferdaous...).
