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Accueil next Salon international de l'agriculture de Meknès

L'État veut se couvrir contre la sécheresse pour soigner ses finances

L’aléa pluviométrique est la bête noire de l’agriculture au Maroc. Il est tellement handicapant pour les finances publiques que le gouvernement cherche à s'offrir un mécanisme d’assurance paramétrique climatique. Le dispositif doit permettre d’indemniser l’État en cas de sécheresse de manière à lui faciliter l'ouverture de crédits.

Une couverture contre l'aléa pluviométrique. C'est l'ambition du département de l’Agriculture qui compte doter le pays d'un dispositif d’assurance macro paramétrique climatique. Son principe : indemniser l’État en cas de sécheresse de manière à lui faciliter la mise en place de crédits destinés à amortir les effets du manque de pluie.
Les services de Aziz Akhannouch doivent ainsi commanditer pour un million de dirhams, le 31 août, l’étude de conception et de mise en œuvre de ce projet. «Le gouvernement souhaite lancer ce mécanisme d’assurance dont il serait le bénéficiaire et qui repose sur un déclencheur indiciel. Il lui permettrait de faire prendre en charge, en contrepartie d’une prime régulière, une partie du coût des programmes d’assistance aux agriculteurs en cas de sécheresse, ciblés notamment sur les filières élevage et végétales, mais aussi tout autre besoin que l’État déciderait souverainement d’inclure. Ce mécanisme sera lancé dans le cadre d’un appel d’offres public international auprès des assureurs et réassureurs», détaille le ministère.

L’étude sera réalisée en quatre phases : formulation du projet, préparation des termes de référence et lancement de l’appel d’offres international, suggestion à propos des offres présentées au sein de la commission d’appel d’offres concernant les assureurs et suivi de la mise en œuvre du mécanisme.

Dans la première phase, le consultant aura à préparer une note technique qui sera le socle de toute la suite du projet. Sa préparation sera l’occasion d’identifier et de résoudre d’éventuelles difficultés, par exemple dans le domaine réglementaire de l’assurance, ayant trait aux contraintes d’accès à la réassurance internationale ou à la mise en place d’une police paramétrique. Il s’agira, en outre, de déterminer les éléments clés tels que le principe de la collaboration avec le futur assureur, le séquencement éventuel et les formes possibles d’assurance pour couvrir le programme Sècheresse tel que voulu par le ministère. Dans la deuxième phase, le prestataire retenu doit élaborer un dossier d’appel d’offres définissant la consistance du projet telle qu’elle découle des résultats de la première phase et les exigences du gouvernement. Il élaborera, également, les critères d’admission et d’attribution de l’assureur.
Pour la troisième phase, le consultant devra participer aux travaux de la commission d’appel d’offres à voix consultative. Il aura la charge d’éclairer cette dernière sur les points forts et les points faibles de chaque assureur sur la base des dossiers présentés. Enfin, la quatrième phase portera sur l’étude afférente à l’évaluation des résultats du projet après la première année de mise en œuvre afin de contrôler la bonne exécution du contrat par l’assureur-réassureur.

«Compte tenu de son positionnement géographique, le Maroc a toujours été assez fortement soumis aux aléas climatiques, et notamment à l’aléa pluviométrique ou sécheresse. Cette situation de vulnérabilité risque encore de s’aggraver en raison des changements climatiques attendus aux horizons 2030 et 2050 et qui se traduiront par un renforcement des conditions d’aridité et de stress hydrique», relève le département de l’Agriculture.

1,5 milliard de DH en année de sécheresse sévère

Les premières études disponibles au Maroc indiquent qu’en l’absence de mesures d’adaptation, les changements climatiques auront des impacts négatifs sur le développement de l’agriculture et se traduiront par des baisses de productivité, de revenus, mais aussi par l’augmentation du risque agricole, voire d’équilibre des territoires.
Le gouvernement affirme déployer traditionnellement d’«importants» moyens, lorsque le risque se réalise, pour pallier ces effets sur les acteurs du secteur agricole et sur la population rurale en général, par des dépenses de soutien. Ainsi, le montant des crédits ouverts par le ministère de l’Agriculture pour faire face aux conséquences de la sécheresse peut dépasser 1,5 milliard de DH en année de sécheresse sévère.

«Ne pouvant anticiper un risque climatique lors de l’élaboration des lois de Finances, la mobilisation de ces crédits, non prévus initialement par les PLF, constitue un enjeu considérable en termes de redéploiement budgétaire et de programmation budgétaire en cours d’année et qui peut parfois conduire à déprogrammer certaines actions prévues par le département. Cet enjeu est d’autant plus important que les montants des crédits à ouvrir sont importants», constate l’Agriculture.

Le département ministériel rappelle le déploiement dernièrement d’importants efforts pour remplacer ces mesures a posteriori par des dispositifs d’assurance a priori afin de réduire la volatilité de ces phénomènes pour le gouvernement et pour les populations. Ces efforts ont donné des résultats «très probants» qui ont notamment pu être observés en 2016. Cependant, nuance le ministère, ces efforts ne sont pas suffisants pour répondre à l’ensemble des conséquences liées au risque sécheresse. 

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