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Objectif zéro «mika» atteint… ou presque !

Cela fait exactement un an que la loi n° 77-15 portant sur l'interdiction de la fabrication, l'importation, l'exportation, la commercialisation et l'utilisation des sacs plastiques est entrée en vigueur. Cependant, les consommateurs marocains, très habitués à ces fameux sacs, ont toujours du mal à couper le cordon.

Objectif zéro «mika» atteint…  ou presque !
Les consommateurs marocains, très habitués à ces fameux sacs, ont toujours du mal à couper le cordon.

Les pays du monde entier célèbrent, ce 3 juillet, la journée mondiale sans sacs plastiques. Cette journée est l’occasion de rappeler l’impact négatif de ces sacs sur l’environnement marin, sur la santé humaine, mais aussi sur l’économie maritime et littorale. En effet, on estime à plusieurs milliards de dollars l’impact financier de ces déchets sur les écosystèmes, le tourisme et la pêche. Cette journée est également l’occasion d’organiser des événements et des manifestations un peu partout dans le monde pour dénoncer l’utilisation de ces sacs polluants et sensibiliser les citoyens à leurs dangers. D’ailleurs, de nombreux pays ont fait preuve ces dernières années d’une forte mobilisation, traduite par l’élaboration de lois et règlements interdisant ces sacs. Et c’est justement le cas du Maroc qui avait adopté le 1er juillet 2016 la loi n° 77-15 portant sur l'interdiction de la fabrication, l'importation, l'exportation, la commercialisation et l'utilisation des sacs plastiques.

Il faut dire qu’il était temps puisque le Royaume faisait partie des plus gros consommateurs de sacs plastiques au monde avec 26 milliards d’unités par an, soit 900 sacs par habitant. Malheureusement, en l’absence d’une vraie campagne de sensibilisation permettant aux consommateurs de prendre conscience du danger de ces sacs et comprendre le but de cette interdiction, le «sevrage» a été plutôt difficile surtout durant les premiers mois. «Dans les premiers mois suivant l’entrée en vigueur de la loi interdisant les sacs en plastique, les clients étaient souvent surpris et très en colère lorsqu’on leur disait qu’il n’y avait plus de sacs plastiques. On nous critiquait souvent comme si on avait été à l’origine de cette décision, alors que nous-mêmes avions du mal à trouver un moyen pour remplacer ces sacs surtout quand il s’agit des aliments qui ne peuvent être mis que dans des sacs en plastique. S’il y a quelqu’un qui devrait se plaindre, c’est bien nous», confie Mohamed, épicier. «Je me souviens que durant de nombreuses semaines, les clients piquaient des crises tout le temps quand on leur disait qu’il n’y a plus de sacs et qu’il faudrait désormais apporter un couffin ou un caddy ou bien acheter des sacs en tissu à la caisse. Certains pensaient qu’il s’agissait d’une simple décision du supermarché. Ils commençaient à crier que cela n’était pas normal, qu'ils étaient des clients fidèles et que le fait de leur remettre des sacs en plastique pour emballer leurs achats était la moindre des choses», raconte Othmane, caissier dans un supermarché.

Aujourd’hui encore, un an après l’entrée en vigueur de la loi n° 77-15, de nombreux consommateurs ont toujours du mal à accepter cette décision. «Nous ne comprenons vraiment pas en quoi un malheureux petit sac peut faire du mal ? Nous souhaitons vraiment que cette décision soit annulée. Nous sommes maintenant obligés d’apporter des couffins avec nous pour faire les courses et si on oublie, nous sommes contraints d'emporter nos achats dans nos mains au risque de les faire tomber. Les épiciers ont remplacé les sacs en plastique par des sacs en papier qui ne sont pas solides et surtout non réutilisables», déplore Fatima, 53 ans, femme au foyer. «Heureusement que plusieurs commerçants n’appliquent pas cette loi et offrent à leurs clients des sacs plastiques. Nous avons passé toute notre vie à utiliser ces sacs, ce n’est pas maintenant qu’on va apprendre à s’en passer. C’est vraiment un objet vital qui a de nombreuses utilisations. Cela fait un an que nous galérons, ne serait-ce que pour trouver où mettre nos déchets ménagers», poursuit Fatima, ignorant totalement les dangers de ces sacs. Si certains commerçants se sont pliés à la loi et ont banni les sacs plastiques de leur commerce, d’autres ne l’ont toujours pas fait ou du moins pas vraiment. «Les sacs en papier, les barquettes, les sacs en tissu… coûtent plus cher que les bons vieux sacs plastiques. Je les achète en petite quantité et je les utilise rarement. Comme de nombreux autres commerçants, j’ai mes propres moyens pour acheter des sacs plastiques que j’utilise souvent. Je garde les sacs «légaux» au cas où il y a un contrôle des autorités même si ce n’est plus très fréquent comme c’était le cas il y a un an». 

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