Menu
Search
Mardi 16 Avril 2024
S'abonner
close
Mardi 16 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Cinéma

Se connaitre et connaitre les autres pour mieux manager

Management participatif, management avec le concept des «états du moi», management en mode… ces styles de gestion des organisations sont de plus en plus en vogue, car ils s’inspirent du coaching et des pratiques de l’analyse transactionnelle qui constitue aujourd’hui un véritable apport pour l’entreprise.

Se connaitre et connaitre les autres  pour mieux manager

Repérer et gérer les comportements des collaborateurs est l’un des éléments de base qui vont largement impacter le style de management à adopter en entreprise et garantir son efficacité au service de la performance. Le management, à l’instar de plusieurs autres secteurs, s’est emparé de la pratique du coaching pour optimiser les modes de gestion des équipes et des ressources humaines. En effet, l’aspect un peu «miraculeux» du coaching a pu séduire un certain nombre de managers qui privilégient l’usage des outils et surtout des modalités d’intervention particulière axées sur les valeurs, le sens, les comportements et la personnalité.
L’utilité du coaching en management n’est donc plus une théorie, c’est une pratique qui a trouvé sa place et qui a fait ses preuves dans la gestion des équipes. Parmi les basiques de la boîte à outils du coach, les professionnels, réunis mercredi dernier à Casablanca dans le cadre des conférences de l’International Coach Federation (ICF) Maroc, ont choisi de jeter la lumière sur le concept de l’analyse transactionnelle. Animée par Claire Chaudourne, psycho-praticienne, didacticienne et superviseur certifiée International Transactional Analysis Association (ITAA), cette conférence était placée sous le thème «Coaching, développement personnel, les apports de l’analyse transactionnelle (AT)».

«Dans nos rapports humains, nous reproduisons malgré nous des comportements qui nous gênent et que nous souhaitons remplacer. Avec la lecture ou une formation en Analyse transactionnelle, nous pourrons découvrir comment ces comportements se sont mis en place dans notre vie et comment les remplacer par ce que nous désirons de différent. Nous pourrons également prendre conscience de ce qui est facteur de bien-être, de réussite et comment le pérenniser», a précisé Mme Chaudourne qui préconise cette pratique pour aider à la connaissance de soi et des autres et adapter ainsi le mode de communication et de gestion en fonction de ces indicateurs.
Selon l'experte, l’impact du coaching par l'AT en entreprise n’est plus à démontrer. Elle explique que cet impact se manifeste dans les styles de direction, l’animation des équipes, la gestion des conflits, la conduite de réunions, la gestion du temps, l’amélioration du climat relationnel, la motivation, le sens de l’autonomie des managers, l’amélioration de la communication interne et la conduite de changement.

Avant de l’aider à comprendre le comportement de son équipe, le manager est également concerné par cette nécessité de comprendre sa propre personnalité, de développer son autonomie et d’optimiser son style de management. Aussi, précise Mme Chaudourne, «un manager qui est mal à l’aise dans une situation professionnelle et qui perd sa motivation, son énergie et le sens de sa mission a besoin d’un accompagnement. Étant un cadre de référence puissant dans le coaching, l'AT sera très utile pour décoder les origines du malaise et surtout aider le manager à retrouver ses ressources et son potentiel». Par ailleurs, le manager qui n’arrive pas à mobiliser l’intelligence collective de son équipe peut trouver dans la Théorie organisationnelle de Berne (TOB) la boite à
outils pour analyser systématiquement les dysfonctionnements de son équipe et retrouver les solutions à la cohésion de son équipe et à la performance de son entreprise.

Le manager est appelé, par la suite, à transposer ces changements acquis grâce à l'AT sur son équipe. En effet, étant lui-même aligné, le manager accède à un rang de leader qui est pris comme exemple par les membres de son équipe. «Les changements acquis par le manager auront une résonance positive sur ses collaborateurs. Par la suite, la manager va progressivement adopter une posture d’écoute active, de pédagogie et d’encadrement de ses collaborateurs pour les amener vers l’autonomie. La cohésion d’équipe va être renforcée par le partage exemplaire des valeurs et de la vision. Le modèle de communication interne va être orienté sur la mission, les objectifs et les résultats. En fait, l’évolution du style de leadership vers une démarche participative qui porte attention à la croissance des collaborateurs sera d’une grande influence sur le changement et l’évolution de l’équipe», note Claire Chaudourne. 


Les origines de l’analyse transactionnelle

L'AT est née aux États-Unis dans les années 1950, sous l’impulsion d’un médecin psychiatre américain, le Dr Eric Berne (1910-1970). Il souhaitait proposer et pratiquer une psychanalyse courte, peu onéreuse et compréhensible pour tous. D’où un vocabulaire simple et à la portée de tous. Un enfant de 7 ans comprend les termes de «scénario, de persécuteur, sauveur, victime, chaudoudoux», etc. À ce jour, l'AT s’inscrit dans la psychologie humaniste.


Entretien avec Claire Chaudourne, analyste transactionnelle didacticienne

«Comprendre les outils de l’AT nous permet de modifier des schémas répétitifs désagréables et/ou dommageables»

Éco-Emploi : Quels sont les différents champs d’application de l’AT ?
Claire Chaudourne : L’analyse transactionnelle (AT) créée au départ dans le champ de la thérapie, où le thérapeute accompagne son client dans des changements profonds (le scénario de vie) que sont les «redécisions», s’applique dans 3 autres champs : le «champ de l’éducation» pour les enseignants, les éducateurs, où l’accent sera mis sur le développement du bien-être pour enseignants et élèves, pour le bien-être des éducateurs et de ceux qu'ils accompagnent. Le «champ de la guidance» utile aux avocats, religieux, assistants sociaux et coachs en individuel. Dans ce champ, l'intervenant aide la personne à trouver et à mobiliser des ressources pour résoudre la crise présente, les conflits et les situations stressantes. Le «champ organisation», où le coach, l’intervenant s’emploiera à développer le bien-être de l'individu et de la société à laquelle il appartient, cela passe par de meilleures relations avec la hiérarchie et les collègues, ce qui permet un management plus efficace, un bien-être dans l’entreprise pour chacun et donc un développement de celle-ci. Le coaching s’inscrit à la fois dans le «champ guidance» et le «champ organisation».

Dans quelles situations fait-on appel à cette méthode ?
Chaque fois que nous voulons comprendre comment nous fonctionnons et comment fonctionnent les autres afin de communiquer d’une façon plus efficace, plus proche de l’autre, résoudre les dysfonctionnements qui altèrent les relations interpersonnelles. Également pour sortir de schémas répétitifs qui nous conduisent à dire : «zut, c’est encore la même chose», ou «je me suis encore fait avoir» ou encore «pourquoi cela n’arrive-t-il qu’à moi ?» L’AT est également très efficace pour dénouer de nombreux conflits dans un climat «gagnant-gagnant». Elle permet aussi d’améliorer les relations entre les managers et les collaborateurs.

Dans votre pratique du coaching, vous incitez les personnes à faire appel à l'analyse transactionnelle. Pourquoi cela est-il important ?
Dans la pratique du coaching, je recommande fortement cette technique, car elle permet un échange de connaissances des concepts de l’AT, ce qui permet au client d’être davantage acteur de ses changements, de savoir où il va avec le «contrat». Le client comprend comment il fonctionne, perçoit ses dysfonctionnements et peut mettre en place les changements souhaités pour résoudre les problèmes qui l’ont conduit à entreprendre la démarche de coaching.

En quoi la compréhension des apports de l'analyse transactionnelle peut-elle nous aider à évoluer ?
Comprendre et connaître les outils de l’AT nous permet donc de modifier des schémas répétitifs désagréables et/ou dommageables. Cela nous permet d’optimiser nos talents, de résoudre les conflits relationnels qui nous empoisonnent la vie, et ainsi parvenir de façon conscientisée à une harmonie dans notre vie personnelle, familiale, personnelle. C’est ce que l’on appelle le bonheur.

Quel profit peut-on en tirer  ?
En affaires, l'AT permet de meilleures négociations, car dénuées de «stratagèmes» ou «jeux psychologiques» dont l’issue est toujours négative. Elle permet d’être dans «l’ici et maintenant» et non dans la répétition de nos schémas négatifs. Elle permet des échanges directs, libérés des non-dits et des sous-entendus. En un mot, la possibilité d'une plus grande efficacité.

Quel est l’apport de l’analyse transactionnelle dans la conduite du changement ?
Dans la mesure où je me connais à travers les grilles de lecture de l’Analyse transactionnelle, je peux avec l’aide du coach et/ou du thérapeute modifier ce que je souhaite, prendre conscience de mes dysfonctionnements, comme arriver toujours en retard, toujours prêter à des personnes qui oublient de rendre, commettre toujours les mêmes erreurs. Et je peux mettre en œuvre, avec un accompagnement approprié et bienveillant, les stratégies et les comportements souhaités... Propos recueillis par Najat Mouhssine

Lisez nos e-Papers