Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Salon international de l'agriculture de Meknès

Tempête sur les réserves en devises

Les réserves en devises ont connu une inquiétante hémorragie ces dernières semaines, fondant de 44 milliards de DH entre mai et juin, au rythme de 1,2 milliard par jour ! Ce qui a alarmé le gouverneur de la Banque centrale qui soupçonne des opérations de spéculation sur les devises. Il a exprimé son mécontentent aux banques et prévoit de diligenter une mission de vérification pour y voir plus clair.

Tempête sur les réserves en devises
«Je le réitère, nous démarrons le passage au régime de change flexible sans dévaluation du dirham», martèle Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib. Ph. Kartouch

Le gouverneur de la Banque centrale est furieux et inquiet. Les réserves en devises qui lui sont si chères et dont il ne cessait de se féliciter de leur reconstitution, après des années de vaches maigres, lui filent entre les doigts. Elles ont, en effet, subi une inquiétante hémorragie ces dernières semaines, fondant de pas moins de 44 milliards de DH entre mai et juin, au rythme de 1,2 milliard par jour ! (Au 9 juin 2017, les réserves internationales nettes se sont élevées à 223,7 milliards de DH, en baisse de 8,4% en variation annuelle). Vu son ampleur, cette sortie de devises ne peut pas être expliquée par les seules opérations habituelles qui demandent l’achat des devises (rapatriement des bénéfices, opérations de commerce extérieur…), estime Abdellatif Jouahri. Le gouverneur de Bank Al-Maghrib soupçonne des opérations de spéculation sur les devises comme étant à l’origine de cet effritement des réserves de change. En fait, croyant savoir que le passage au régime de change flexible serait précédé par une dévaluation du dirham ou qu’il la provoquera, des opérateurs, notamment importateurs, auraient acheté massivement des devises pour se couvrir, selon l’appréciation du régulateur. Ces achats de devises ne seraient pas liés à des opérations réelles, a-t-il noté mardi dernier, lors du point de presse qui a suivi la deuxième réunion trimestrielle de l’année du conseil de Bank Al-Maghrib tenue le même jour au siège de la banque à Rabat. Et ce seraient les banques qui auraient conseillé à leurs clients, que sont ces opérateurs, cette «option», selon Abdellatif Jouahri. De ce fait, une fois alerté, il s’est hâté de contacter directement les présidents des banques pour leur faire part, sans équivoque, de son mécontentent.

Mais, le gouverneur de la banque centrale ne compte pas s’en arrêter là. Il veut élucider cette affaire, en diligentant une mission de vérification. Il a même évoqué d'éventuelles sanctions, sans expliciter toutefois le fondement juridique de telles sanctions, se référant plutôt à l’éthique.
Le régulateur du secteur bancaire se dit d’autant surpris et «froissé» que la Banque centrale a consenti un important effort de communication auprès des différents opérateurs et intervenants pour expliquer les tenants et les aboutissants du passage au régime de change flexible. Une communication qui visait, entre autres, à prévenir toute confusion avec les expériences d’autres pays qui ont fait ce passage et expliquer la particularité du cas marocain, rappelle-t-il. Si le passage au régime de change flexible s’est accompagné d’une dévaluation de la monnaie dans bon nombre de pays, c’est parce que ce passage est opéré sous la contrainte et même dans la précipitation, relève-t-il. Or, dans le cas marocain, ce passage n’est pas une réaction à une crise, mais il est volontaire et sa préparation s’est étalée sur de nombreuses années, relève-t-il, ajoutant que son opérationnalisation n’est décidée que quand tous les pré-requis sont réunis. «Je le réitère, nous démarrons le passage au régime de change flexible sans dévaluation», martèle-t-il, non sans une certaine amertume née de la méfiance de certains opérateurs qui n’ont pas pris au sérieux ses assurances exprimées à plusieurs reprises.

Abdellatif Jouahri dit espérer que les choses vont reprendre leur cours normal, après cette sortie médiatique où il s’est empressé, d’ailleurs, d’annoncer que le lancement du passage au régime de change flexible interviendra avant la fin de ce mois de juin. Il fera l’objet d’une conférence qu’il tiendra après Aid Al Fitr avec le ministre des Finances, annonce-t-il. 

Lisez nos e-Papers