Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next L'humain au centre de l'action future

Une réflexion sur la réalité du théâtre marocain

L’écrivain et metteur en scène Abdelouahed Ouzri vient de publier un nouveau livre intitulé «Proche des planches, loin d’elles». Comme les ouvrages antérieurs de l'auteur, le livre traite de la thématique qui habite l’auteur et l'homme passionné : le théâtre.

Une réflexion sur la réalité du théâtre marocain

En parcourant ce nouveau-né d’Ouzri, on peut en sortir avec quatre grandes lignes, dont l’une aborde quelques questions qui touchent le théâtre actuel au Maroc. On y trouve aussi une réflexion sur quelques livres qui parlent du théâtre et sur certaines pièces de théâtre qui ont touché l’auteur. Une autre partie évoque le parcours du Théâtre d’aujourd’hui. Comme il y a des témoignages à propos d’intellectuels et d’artistes comme Tayeb Seddiki, Nass El Ghiwane et de militants comme Latifa Jbabdi, dont certains nous ont quittés. «Une manière de parler à moi-même en faisant un assemblage de ce que j’avais écrit à l’époque, en parlant de tous ceux qui y ont participé».

Une quatrième partie a été réalisée avec le dramaturge Mohammed Bahjaji, où on trouve une synthèse de la carrière d’Ouzri. En réponse à une question en relation avec le titre de l’ouvrage, posée par le dramaturge Mohammed Bahjaji, Abdelouahed Ouzri a spécifié que sa vie privée ou publique a toujours été remplie de représentations théâtrales, de débats sur le théâtre, de lecture et d’écriture sur cet art. «Je n’ai jamais quitté l’univers du théâtre, ni ses gens ni ses planches. Je suis resté fidèle à mes premiers choix, mais à travers différents angles. Et puis je reste toujours proche de tout ce qui se passe au Maroc et des efforts qui se font en matière de théâtre. Et je peux même faire cela à l’extérieur du Maroc. Quant à mon éloignement des planches, comme metteur en scène, je n’ai pas de réponse, parce que je n’ai pas pris de décision à ce propos.

C’est venu avec le temps et l'accumulation de plusieurs facteurs, notamment l’absence de conditions de travail théâtral, comme je me les imaginais dans le cadre du Théâtre d’aujourd’hui», indique Ouzri, dont le livre peut être qualifié de réflexion d’un grand homme de théâtre sur cet art, en général, ses problèmes au Maroc et les contraintes que rencontrent les jeunes. «Ce livre est pour moi une valeur ajoutée à tous les efforts accomplis par des chercheurs et écrivains marocains pour le développement de la recherche dans le domaine théâtral», souligne l’artiste et ancien ministre de la Culture, Touria Jebrane.

Dans cet écrit, Ouzri relate, également, les défaillances rencontrées dans le monde du théâtre. Par exemple, s’agissant des salles, il spécifie qu’en dehors du Théâtre Mohammed V, ces lieux, conçus soi-disant pour des représentations théâtrales, manquent, dans leur majorité, d’équipement et de ressources humaines. Par ailleurs, Ouzri ne nie pas que le projet de soutien au théâtre a été d’un grand appui pour beaucoup de pièces théâtrales qui ont vu le jour grâce à ce fonds d’aide. Mais, selon lui, cette même initiative doit être réorientée autrement, «car les décisions ne doivent pas rester éternelles. Il faut, à chaque fois, qu’il est opportun, un changement de stratégie pour mieux faire».


Questions à Abdelouahed Ouzri Fécrivain et metteur en scène

«Nous avons un public de théâtre, mais nous n’avons pas de politique de théâtre»

Que représente ce livre comparé aux ouvrages qui l'ont précédé ?
C’est d’abord la suite de tous les écrits que j’ai déjà publiés. Des écrits de quelqu’un qui a beaucoup pratiqué la scène, le théâtre, la mise en scène, l’écriture théâtrale et qui, au bout d’un certain moment, essaye de faire des synthèses de ce qu’il a vu, vécu et de ce qu’il pense.

Vous avez vécu avec différentes générations du théâtre, que pouvez-vous nous dire sur le théâtre actuel au Maroc.
Notre théâtre a commencé avec des petits moyens, à travers des stages de la Jeunesse et des sports, animés par des Français. Certains passionnés sont allés ailleurs pour perfectionner leur formation. C’est ce qui a donné les pionniers du théâtre marocain. En 1986, il y a eu la création d’un établissement spécialisé qui est l’Isadac. On assiste là à une autre génération qui, après le baccalauréat, choisit le théâtre au lieu d’une autre profession.

Qu’elle est la différence entre un homme de théâtre d’aujourd’hui et celui de l’autre génération ?
On ne peut pas faire une comparaison entre un jeune metteur en scène qui débute et qui n’a pas de moyens et un Tayeb Seddiki qui a commencé avec un grand théâtre municipal et un grand budget et le soutien du ministère. Le discours lui-même a changé. Le théâtre d’avant était presque un théâtre de l’État. Celui d’aujourd’hui est presque un théâtre de l’opposition qui exprime une colère, des doléances, des insatisfactions… Nos enfants parlent autrement.

Comment peut-on expliquer l’absence du public des salles de théâtre ?
Nous avons un public de théâtre, mais nous n’avons pas de politique de théâtre. Il faut informer ce public par tous les moyens, c’est-à-dire faire une bonne promotion pour chaque pièce théâtrale. Puis il faut croire au théâtre marocain. Il y a des responsables qui n’y croient pas. Mais je reste optimiste. Il faut seulement mobiliser tous nos réseaux pour redonner confiance et remplir nos salles.

Lisez nos e-Papers