Les camps des deux candidats au deuxième tour de la présidentielle au Sénégal, le président sortant Abdoulaye Wade et l'ancien premier ministre Macky Sall, se sont lancés, au lendemain de la proclamation des résultats du 1er tour, dans la course aux alliances auprès des 12 candidats engagés et la mobilisation des 48% d'abstentionnistes qui ont boudé les urnes dimanche dernier.
Si pour le camp du président sortant, la coalition «FAL 2012» conduite par le Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir), la tâche semble ardue auprès des 12 candidats du premier tour, les responsables de la campagne de Wade déclarent, toutefois, que l'enjeu réel pour le deuxième tour consiste dans la moitié des électeurs qui ne se sont pas rendus aux urnes le 26 février.
«Nous allons puiser dans la grande masse de l'électorat encore disponible (Ndlr : près de 48% des inscrits sur les listes) en faisant appel à la mobilisation de la totalité des forces que nous regroupons en notre sein et qui sont aujourd'hui largement inépuisées», a déclaré jeudi Iba Der Thiam, coordonnateur de CAP 21 (mouvance présidentielle).
Du côté de la coalition «Macky 2012», les ralliements ont commencé à s'annoncer au lendemain de la proclamation des résultats du premier tour. Auprès des 12 candidats du premier tour, engagés pour la quasi-totalité contre la candidature de Wade à un troisième mandat, se dégage une nette préférence pour Macky Sall.
Les candidats Idrissa Seck (Parti Rewmi), arrivé en 5e position avec 7,6 pc des voix et l'ex-ministre des affaires étrangères Tidiane Gadio (8e position), ont déjà annoncé leur ralliement au camp de Macky Sall pour le deuxième tour.
Jeudi, le Mouvement «M23», groupement de partis de l'opposition et d'organisations de la société civile et fer de lance de la contestation contre la candidature de Wade, n'a pas tardé à appeler à la mobilisation en faveur de Macky Sall.
«Nous demandons aux partis du M23 de faire preuve de patriotisme politique, de taire leurs divergences personnelles en soutenant Macky Sall», a lancé le coordonnateur du mouvement Alioune Tine dans une conférence de presse, jeudi à Dakar.
Le challenger de Wade au 2e tour a, aussi, reçu le soutien du célèbre chanteur et opposant Youssou Ndour, dont la candidature à la présidentielle avait été rejetée par le Conseil constitutionnel. Il a promis, dans une déclaration à la presse, de battre campagne pour Macky Sall au deuxième tour.
Abdoulaye Wade, dont la candidature est jugée «anticonstitutionnelle» par l'opposition, est arrivé en tête du premier tour avec 34,82% des suffrages, contre 26,57% pour Macky Sall, son ancien Premier ministre qui avait démissionné du PDS en 2008 pour fonder son propre parti l'Alliance pour la république (APR).
La plupart des 12 candidats à l'élection étaient, comme Macky Sall, membres du mouvement «M23». Dans le cadre de la coalition «Benno Siggil Sénégal» (Ensemble pour un Sénégal debout), la coalition des partis de l'opposition n'avait pas réussi à s'entendre sur un candidat unique, avant que plusieurs ténors ne fassent cavaliers seuls et présenter leur propre candidature.
L'enjeu majeur pour le camp du candidat Maky Sall est de remettre à l'ordre du jour la mobilisation des partis de l'opposition avec la difficile mission de passer outre les sensibilités divergentes et les rivalités entre ses leaders.
Le deuxième tour de la présidentielle sénégalaise, la dixième depuis l'indépendance du pays, est prévu le 18 ou 25 mars prochain.
Les observateurs internationaux ont été unanimes sur la transparence du premier tour de cette élection malgré les tensions préélectorales qui ont fait dix morts et plusieurs blessés.